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Direction de la séance

Projet de loi

projet de loi de finances pour 2003

(1ère lecture)

PREMIÈRE PARTIE

(n° 67 , 68 )

N° I-77

21 novembre 2002


 

AMENDEMENT

présenté par

C
G  
Non soutenu

MM. JOLY, PELLETIER et MOULY


ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 4


Après l'article 4, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I – Dans la première phrase du I de l'article 2 de l'ordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982, portant création des chèques-vacances, les sommes : « 15 250 € » et « 3 550 € » sont remplacées respectivement par les sommes : « 16 320 € » et « 3 785 € »

II – La perte de recettes résultant du I est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du Code général des impôts.

Objet

L'ordonnance du 26 mars 1982 a porté création de l'Agence Nationale pour les chèques-vacances (ANCV). Depuis 20 ans maintenant, l'ANCV assure une mission d'intérêt général : développer le droit aux vacances et aux loisirs pour tous. Aujourd' hui, son action au service des salariés peut se lire simplement à travers quelques chiffres : plus de 5,6 millions de personnes bénéficient des services offerts par le Chèque-Vacances, plus de 35% de ces bénéficiaires déclarent qu'ils ne seraient pas partis sans cette aide, l'ANCV compte plus de 16 000 clients (entreprises et comités d'entreprises) auprès desquels sont émis 65 millions d'euros et acceptés par 135 000 prestataires.

La loi du 12 juillet 1999 modifiant l'ordonnance du 26 mars 1982 a ouvet l'accès du Chèque-Vacances aux salariés des PME/PMI de moins de 50 salariés qui ne disposent pas de comités d'entreprises ou de délégués du personnel. Elle a permis de créer une dynamique auprès des acteurs de la négociation dans ces entreprises. En effet, pour permettre la signature d'accords de mise en place du Chèque-Vacances, il a fallu remobiliser les partenaires sociaux autour d'un projet : favoriser le départ en vacances du plus grand nombre de salariés.

Cette loi s'est accompagnée d'une modification du critère d'attribution des chèques-vacances en prenant en compte le revenu fiscal de référence (RFR), critère de référence plus équitable socialement que le montant de l'impôt payé (IRPP) et reflétant mieux la situation réelle des personnes et des familles.

Après deux années d'expérimentation, il s'est avéré que le niveau de revenu fiscal retenu en 1999 a constitué une régression  sociale puisqu'il a conduit un écart de -20% par rapport au précédent critère social de l'impôt payé (IRPP). Pour corriger ces effets négatifs, le conseil d'administration de l'ANCV présenta le 9 septembre 2001, un rapport sollicitant une réévaluation à due concurrence du RFR afin de rétablir la neutralité fiscale de ce nouveau critère.

Le Parlement, pour permettre de corriger le déséquilibre observé à la suite de l'adoption de la loi du 12 juillet 1999, a voté les premières mesures suivantes dans le cadre de la loi de finances pour 2002, dans son article 114 :


- revalorisation du RFR à hauteur de 12% pour la première part du quotient familial,
- revalorisation de 14% pour les demi-parts supplémentaires.

Considérant :
- qu'il s'agissait d'une première étape vers la neutralisation,
- l'importance de créer une discrimination positive en faveur des foyers avec enfants

Ces premières mesures significatives restent néanmoins insuffisantes pour répondre aux principes de neutralité et encourager significativement l'accès au Chèques-Vacances. L'impact a été faible et tardif pour les agents de la fonction publique d'Etat et encore insuffisant sur le secteur des employeurs et des collectivités territoriales.

A titre d'exemple, l'application du RFR entre 1999 et 2001 a conduit une perte de près de 20% des anciens ayant droit au Chèque-Vacances. Dans la fonction publique d'Etat, un même effet d'éviction a été constaté, notamment pour plus de 50 000 fonctionnaires,  principalement des catégories B et C.

La réévaluation en 2002 du RFR a permis tout au plus de stabiliser l'évolution défavorable et le tableau ci-dessous, concernant la fonction publique d'Etat, démontre que la neutralité du nouveau critère n'a pas produit tous les effets escomptés.

Années

Nombre de bénéficiaires

Chiffres d'affaires CV

1999

184.600

191 M€

2000

158.300(-14%)

176 M€

2001

135.000 (-14%)

149 M€

2002 (Prévisions)

135.000 (=)

150 M€

Quant au secteur des PME , les résultats 2002 montrent les freins à la mise en place du Chèque-Vacances.

L'objet du présent amendement est donc de parachever la neutralité fiscale telle que l'a souhaité le législateur en 1999 et 2001. Il est proposé d'aligner le niveau du revenu fiscal sur celui du critère prévalant avant 1999 pour retrouver, en euros constants, l'ancien seuil social.