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Direction de la séance

Projet de loi

Projet de loi de finances pour 2018

(1ère lecture)

PREMIÈRE PARTIE

(n° 107 , 108 , 109, 110, 111, 112, 113, 114)

N° I-453

23 novembre 2017


 

AMENDEMENT

présenté par

C Défavorable
G Défavorable
Retiré

M. TISSOT, Mmes PRÉVILLE, TAILLÉ-POLIAN, LIENEMANN, BONNEFOY, Gisèle JOURDA et MEUNIER, M. DEVINAZ, Mme ESPAGNAC, MM. TOURENNE, IACOVELLI, CABANEL et DAGBERT, Mmes GHALI, HARRIBEY, LUBIN et MONIER et M. COURTEAU


ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 9


Après l’article 9

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Une fraction du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques prévue à l’article 265 du code des douanes revenant à l’État est attribuée aux collectivités territoriales ou leurs groupements ayant adopté un plan climat-air-énergie territorial conformément au I de l’article L. 229-26 du code de l’environnement.

Cette fraction est calculée de manière à ce que le montant versé à chaque collectivité concernée s’élève à 10 € par habitant.

II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Objet

La loi de transition énergétique a fixé des objectifs précis et ambitieux : réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre, réduction de 50% de la consommation d’énergie finale, augmentation à 32% de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie, rénovation énergétique de 500 000 logements par an à partir de 2017.

Ces objectifs nationaux risquent cependant de ne pas être atteints à la fois en raison des prix extrêmement bas de l’énergie et en raison du manque de moyens financiers des acteurs potentiels de la transition énergétique.

L’atteinte de ces objectifs passe inéluctablement par une mise en mouvement généralisée, rapide et efficace des territoires et des acteurs locaux. Elle passe, en particulier, par l’élaboration puis par la mise en œuvre des Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux (PCAET) à l’échelle des intercommunalités.

Mais cette planification est assez peu prescriptive et les EPCI se sont vues transférer de nouvelles compétences sans aucun transfert de moyens. 

Si l’élaboration d’un plan ou schéma coûte environ 1 euro/habitant, sa mise en œuvre à l’échelle du territoire coûte environ de 100 à 200 euros/habitant. L’atteinte des objectifs de ces documents de planification suppose en effet des actions importantes et coûteuses pour les collectivités : rénovation énergétique de leur propre patrimoine, accompagnement de la rénovation des particuliers, développement de projets d’énergies renouvelables électriques et thermiques…

Dans le même temps, le projet de loi de finances pour 2018 fixe une trajectoire d’augmentation de la Contribution Climat Énergie (CCE), qui passera de 30€/t de CO2 à 44,6€/t CO2 dès l’année prochaine, et augmentera progressivement pour atteindre 86€/t CO2 en 2022. L’augmentation prévue pour 2018 génèrera environ 2,5 milliards d’euros de recettes supplémentaires, portant le total des recettes de la fiscalité sur le carbone à environ 8 milliards.

Cet amendement vise donc à doter les EPCI, en charge respectivement de l’élaboration et de la mise en œuvre des PCAET, d'une fraction de la Contribution Climat Énergie d’un montant de 10 euros/habitant.

Si un tiers des collectivités ayant l’obligation de mettre en œuvre un PCAET bénéficie en 2018 de cette fraction de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) en 2018, cela représentera une enveloppe globale de 200 millions d’euros.

Affecter, via la TICPE, une partie de la Contribution Climat Énergie aux EPCI en charge d’élaborer des PCAET, permettrait de donner un sens à la fiscalité sur le carbone en  la redistribuant de manière incitative aux acteurs locaux via les territoires sous la forme d’un accompagnement à cette transition énergétique, génératrice d'emplois et de développement économique.