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Direction de la séance

Projet de loi

Projet de loi de finances pour 2023

(1ère lecture)

PREMIÈRE PARTIE

(n° 114 , 115 , 118, 119)

N° I-1272 rect. bis

19 novembre 2022


 

AMENDEMENT

présenté par

C Défavorable
G Défavorable
Rejeté

M. MOGA, Mme DEVÉSA, MM. LEVI, BOUCHET, DUFFOURG, FAVREAU et HINGRAY, Mmes FÉRAT, VERMEILLET, SAINT-PÉ, MORIN-DESAILLY et MULLER-BRONN, MM. KERN, HENNO et KLINGER, Mme RACT-MADOUX, M. CHATILLON, Mme SOLLOGOUB, MM. DÉTRAIGNE, BILHAC et CHAUVET, Mmes JACQUEMET, Nathalie DELATTRE, LÉTARD et HERZOG et M. BURGOA


ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 4 TER


Après l’article 4 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – L’article 244 quater B du code général des impôts est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa du I est ainsi modifié :

a) Après le taux : « 30 % », la fin de la deuxième phrase est supprimée ;

b) Le début de la troisième phrase est ainsi rédigé : « Ce taux … (le reste sans changement) » ;

2° Le III bis est ainsi modifié :

a) Le premier alinéa est supprimé ;

b) Au troisième alinéa, les mots : « dans les états mentionnés aux deux premiers alinéas » sont remplacés par les mots : « dans l’état mentionné au premier alinéa ».

II. – Le taux de 30 % mentionné à la deuxième phrase du I de l’article 244 quater B du code général des impôts est augmenté à due concurrence de l’économie réalisée au I du présent article.

III. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

Objet

Le crédit d’impôt recherche (CIR) représente une dépense annuelle de 6,6 milliards d’euros, soit les deux tiers des dépenses publiques de soutien à l’innovation, avec une efficacité inversement proportionnelle à la taille des entreprises : selon une étude de la commission nationale d’évaluation des politiques de l’innovation (CNEPI), 1 euro de CIR versé aux PME entraîne un accroissement de 1,4 euro de dépenses en R&D contre 40 centimes pour les grandes entreprises.

Pourtant, le CIR bénéficie principalement aux grandes entreprises : les 100 plus gros bénéficiaires perçoivent 33 % du montant du CIR, alors que les PME (qui représentent 91% des bénéficiaires) ne représentent que 32% de la créance fiscale.

Par ailleurs, si le CIR a longtemps servi à compenser le taux nominal élevé de l’IS (le CIR procure aux entreprises qui y recourt une baisse comprise entre 5 et 15 points de taux d’imposition implicite selon le niveau d’imposition de l’entreprise), les réformes intervenues depuis quelques années ne justifient plus cet objectif. Au niveau national, la loi de finances pour 2018 a introduit une baisse de l’impôt nominal sur les sociétés de 33,3% en 2018 à 25% en 2022. En outre,  la loi de finances pour 2021 a entrainé une baisse des impôts de production de 10 milliards d’euros. Selon la CNEPI, les grandes entreprises devraient économiser 4,4 milliards grâce au passage du taux de l’IS de 33,3 % en 2018 à 25% en 2022 et  2,6 milliards d’euros au titre de la baisse des impôts de production, soit un gain de 7 milliards d’euros au total sur la période 2018-2022.

Le présent amendement propose donc de recentrer le CIR sur son objectif d’incitation à la dépense de R&D et d’amélioration de la performance et de l’innovation des entreprises. Il tire les conséquences de l’absence d’impact de la réforme de 2008 du CIR sur l’innovation des ETI et des grands groupes. C’est la raison pour laquelle il est proposé de limiter le crédit d’impôt à la fraction des dépenses de recherche inférieure à 100 millions d’euros et, par conséquent, de supprimer le taux de 5% pour la fraction des dépenses de recherche supérieure à 100 millions d’euros. 

Il convient de rappeler que les évaluations de l’OCDE sur les crédits d’impôt en faveur de la R&D montrent que ces crédits d’impôt sont plus efficaces sur les entreprises qui font peu de R&D et recommandent en conséquence d’instaurer un plafond relativement bas. Avec un plafond de 100 millions d’euros, la France restera une exception au niveau des pays de l’OCDE.

Le présent amendement propose d’augmenter à due concurrence le taux de crédit d’impôt de recherche en deçà du plafond de 100 millions d’euros.



NB :La présente rectification porte sur la liste des signataires.