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Direction de la séance

Proposition de loi

Protéger les logements contre l'occupation illicite

(1ère lecture)

(n° 279 , 278 , 269)

N° 1

25 janvier 2023


 

Exception d'irrecevabilité

Motion présentée par

C Défavorable
G Défavorable
Rejeté

MM. BENARROCHE, GONTARD, BREUILLER et DANTEC, Mme de MARCO, MM. DOSSUS, FERNIQUE, LABBÉ et PARIGI, Mme PONCET MONGE, M. SALMON et Mme Mélanie VOGEL


TENDANT À OPPOSER L'EXCEPTION D'IRRECEVABILITÉ


En application de l’article 44, alinéa 2, du Règlement, le Sénat déclare irrecevable la proposition de loi visant à protéger les logements contre l’occupation illicite (n° 279, 2022-2023).

Objet

La présente motion propose de déclarer irrecevable la proposition de loi visant à protéger les logements contre l’occupation illicite en raison des graves atteintes aux libertés publiques qu’elle porte, et notamment aux droits et libertés que la Constitution garantit.

Cette présente proposition de loi ouvre un nouveau paradigme porteur d’une grande violence sociale : celui de la primauté absolue du droit de propriété sur tout autre droit social, et notamment le droit de disposer d’un logement pour vivre. Pourtant, le Conseil constitutionnel, dans une décision du 19 janvier 1995, a érigé la possibilité pour toute personne de disposer d’un logement décent au rang d’objectif de valeur constitutionnelle.

Ce texte, dans la quasi-intégralité de ses mesures, porte une forte atteinte à l’objectif à valeur constitutionnelle relatif au logement décent, en ce qu’il contrarie fortement les équilibres contractuels entre les propriétaires d’une part, et les locataires d’autre part.

En créant de nouvelles infractions pour tout occupant d’un logement sans droit ni titre, fut-ce une résidence secondaire, un appartement dépourvu de meuble ou un local commercial désaffecté, en dissociant le domicile de la notion de lieu de vie, cette loi va surtout protéger les intérêts des propriétaires et générer plus de 30 000 expulsions, dans un contexte de crise économique.

Elle pénalisera les locataires en difficulté, mais également les petits artisans, commerçants et entreprises qui occupent des locaux sans droit ni titre.

Par ailleurs, la réduction du délai d’expulsion de 48h à 24h porte également une forte atteinte au principe constitutionnel de droit à un recours juridictionnel effectif, en ce qu’il empêche de fait d’avoir accès à un avocat pour contester la décision d’expulsion.

L’augmentation des prix de l’énergie et l’inflation générale des prix vont générer de fait un contexte économique défavorable aux ménages et locataires précaires, ce qui conduira malheureusement à une hausse du nombre de ménages rencontrant des difficultés financières et engendrant notamment des impayés de loyer et de charges.

En privilégiant les solutions d’expulsions plutôt que de médiation, d’apuration éventuelle de la dette, l’intérêt de cette mesure est-elle d’augmenter le nombre de personnes sans-abris en France ?

Les auteurs considèrent que ces atteintes graves aux libertés individuelles et au principe constitutionnel de dignité de la personne humaine placent ce projet de loi en contradiction avec la Constitution.



NB :En application de l'article 44, alinéa 2, du Règlement, cette motion est soumise au Sénat avant les orateurs des groupes.