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commission des affaires étrangères

Projet de loi

programmation militaire 2024-2030

(1ère lecture)

(n° 712 )

N° COM-45

12 juin 2023


 

AMENDEMENT

présenté par

Adopté

MM. CAMBON, PERRIN et TEMAL, rapporteurs


Article 2

(RAPPORT ANNEXÉ)


Alinéa 10

Remplacer cet alinéa par deux alinéas ainsi rédigés:

Les DROM-COM sont des espaces stratégiques ; l’État accordera une attention particulière à leurs problématiques et les armées y prendront leur part. Le Maintien en Condition (MEc) des bases des forces situées dans les DROM-COM fait partie des priorités et l'implantation de nouvelles bases doit faire l'objet d'une étude particulière.

Il convient d'acclimater la stratégie indopacifique nationale en renforçant sa cogestion avec les territoires ultra-marins français à laquelle les armées doivent participer. Un dialogue doit intervenir en amont de toute annonce politique concernant la stratégie indopacifique et l’intégration des DROM-COM à son application. Les positions des autorités des territoires français de l’Indopacifique doivent ainsi pouvoir être entendues, et le pouvoir exécutif français doit pouvoir être associé au bon niveau aux instances indopacifiques spécifiques. Le principe de création de délégation commune dans les négociations doit être mis en œuvre.

Objet

La mise en avant des terres australes et antarctiques françaises (TAAF) dans le rapport annexé est intéressante mais insuffisante. Les DROM-COM, Mayotte, la Réunion, les TAAF, la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, la Polynésie française et Clipperton, placent la France dans la situation rare d’exercer sa souveraineté sur des territoires insulaires distants de plusieurs milliers de kilomètres de ses littoraux continentaux. Seuls les États-Unis partagent cette situation, mais sans être considérés par les États océaniens comme appartenant à la « famille pacifique ».

les DROM-COM suscitent des projets d’investissement de compétiteurs stratégiques. Ainsi, en 2014, un investissement chinois sur l’atoll de Hao a été repoussé sur décision de l'hexagone car susceptible de donner à la Chine une influence et un poids conséquents. Les autorités de Polynésie française revendiquaient en la matière leur autonomie de décision. Il faut donc mettre en œuvre un partenariat confiant entre les DROM-COM et la métropole dans le cadre d’une stratégie indopacifique repensée.

Les élus des DROM-COM n’ont pas été consultés par le pouvoir exécutif métropolitain en amont de l’adoption de la stratégie, ou, plus récemment, des déploiements des forces militaires sur leurs territoires dans le cadre de la stratégie indopacifique française. La stratégie française pour l’Indopacifique n’a donc pas été co-élaborée avec les autorités des DCOM-ROM. Elles manifestent pourtant leur volonté légitime d’être entendues, avec la création par l’Assemblée de la Polynésie française, en juin 2022, d’une mission d’information portant sur l’impact des stratégies de la France dans l’espace Indopacifique sur les collectivités françaises de l’Océanie. De plus, les compétences élargies en matières économiques, environnementales, voire dans le domaine des relations extérieures pour la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française rendent indispensable un changement d'approche. Il apparaît souhaitable et nécessaire de bâtir la stratégie indopacifique sur nos atouts ultramarins et de mettre en place une délégation commune pour participer ensemble à des fora ou agora de l’Indopacifique, y compris au groupe mélanésien Fer de Lance.

Les armées doivent participer à ce renouvellement de la relation avec les DROM-COM. La LPM 2019-2025 ne prévoyait la livraison de matériels aux forces prépositionnées qu’après la mise à niveau
des régiments en métropole et en OPEX. Il convient de rattraper ce retard et de réinvestir le Maintien en Condition (MEc) des bases des forces situées dans les DROM-COM. Les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre pour rénover les bases terrestres, navales et aériennes, telles que la BA 186 en Nouvelle Calédonie et la BA 181 à la Réunion. Mettre les moyens à la hauteur des ambitions implique aussi d'étudier l'implantation de nouvelles bases ou le renforcement de celles qui existent, notamment pour permettre l'atterrissage de l'A400M, ou l'accostage de bâtiments de premier rang, à Nouméa par exemple.