Mercredi 8 décembre 2021

- Présidence de Mme Annick Billon, présidente -

Changement de thématique de travail pour 2021-2022 et désignation de rapporteurs

Mme Annick Billon, présidente. - Mes chers collègues, avant de rencontrer Mme Valérie Perez-Ennouchi, auteure du livre Destins de femmes, que nous avons invitée à venir nous présenter son ouvrage à partir de 17h30, nous devons procéder à des ajustements concernant notre programme de travail annuel.

Nous avions en effet décidé, le 7 octobre dernier, de retenir, parmi les thématiques de travail de délégation pour la présente session, la question de la prostitution des mineurs. Pour poursuivre ce travail, nous avions nommé le 14 octobre une équipe de quatre rapporteures sur ce sujet : Alexandra Borchio Fontimp, Laurence Cohen, Laurence Rossignol et Annick Jacquemet.

Dans la prolongation d'une table ronde organisée en avril dernier sur le bilan de l'application de la loi du 13 avril 2016 sur la lutte contre le système prostitutionnel, nous avons entamé dès le mois de novembre nos travaux sur la prostitution des mineurs.

Nous avons ainsi procédé, le 18 novembre, à l'audition de la présidente du groupe de travail sur la prostitution des mineurs, Mme Catherine Champrenault pour la présentation de son rapport final. Nous avons également entendu le ministre Adrien Taquet, le 2 décembre, pour la présentation du plan gouvernemental de lutte contre la prostitution des mineurs.

Ces travaux et la documentation que nous avons pu recueillir ont convaincu les quatre rapporteures que la thématique que nous avions choisie avait été déjà très largement traitée par le groupe de travail et que nos travaux sur la prostitution des mineurs ne pourraient rien apporter de nouveau ou de signifiant à ce stade.

C'est pourquoi, je vous propose aujourd'hui, en accord avec les rapporteures que j'ai préalablement consultées, de réorienter nos travaux vers une autre thématique : celle de la pornographie, en l'abordant comme une industrie dans sa globalité. S'agissant de la relation entre la pornographie et les droits des femmes, il nous semble que deux angles pourraient notamment être abordés : celui des conditions dans lesquelles les actrices de films pornographiques font l'objet d'une exploitation à des fins sexuelles et celui de la représentation de la sexualité dans ces films et de son influence sur les jeunes qui y ont un accès de plus en plus précoce et généralisé. À beaucoup d'égards, la pornographie apparaît aujourd'hui comme une violence à l'encontre des femmes, qui ne dit pas son nom.

Pour mener ce travail, nous pourrions reconduire trois des quatre précédentes rapporteures : Alexandre Borchio Fontimp, Laurence Cohen et Laurence Rossignol. Notre collègue Annick Jacquemet ne souhaite pas s'engager sur cette thématique ; c'est pourquoi je propose de la remplacer et donc d'intégrer ce quatuor de rapporteures.

Chers collègues, je vous laisse réagir à cette proposition : qui souhaite intervenir ?

Mme Martine Filleul. - Je trouve la décision de la présidente et des rapporteures pertinente.

[Accord sur la nouvelle thématique et sur le choix des rapporteures.]

Mme Annick Billon, présidente. - Je vous remercie pour vos interventions.

J'aimerais évoquer rapidement un second sujet : le rapport Femmes et ruralités. Nous sommes allés le remettre aux ministres ce midi. Il faut que nous fassions vivre ce rapport. Avec les huit rapporteurs, nous avons décidé, compte tenu de l'ampleur de ce rapport et de son intérêt pour nos territoires, de rédiger une proposition de résolution qui en reprend les principaux constats et recommandations. Cette proposition de résolution devrait être examinée en séance publique la première semaine de février. Je souhaite bien entendu la proposer à la co-signature de tous les membres de la délégation qui le souhaitent, ainsi qu'à tout autre collègue intéressé. Mes collaborateurs vous contacteront pour cela dans les prochains jours.

Il y a un marqueur fort qui pourrait influencer la décision : l'obligation paritaire pour toutes les listes aux élections municipales, sans seuil de 1 000 habitants. Cette proposition a fait l'unanimité parmi les huit rapporteurs mais tous les sénateurs ne seront sans doute pas en phase avec cette proposition.

M. Bruno Belin. - Je soutiens totalement cette démarche. Il faut que nous assumions notre position et nous irons la plaider auprès de nos groupes respectifs.

Mme Annick Billon, présidente. - Cette proposition n'est pas nouvelle, nous l'avions déjà envisagée en 2018 au sein de notre groupe de travail sur la réforme des institutions. L'Association des Maires de France (AMF) l'avait soutenue par le passé, avant de se rétracter.

M. Bruno Belin. - Lorsque nous avions entendu l'AMF dans le cadre de nos travaux et notamment lors de la table ronde du 4 mars 2021 sur l'accès des femmes aux responsabilités dans les collectivités des territoires ruraux, sa représentante, une maire d'Auvergne, avait indiqué être favorable à un abaissement du seuil à 500 habitants. Je ne connais pas la position du nouveau président de l'AMF mais cela fait longtemps que nous parlons de ce sujet. Il faut a minima en finir avec le panachage, qui est stigmatisant.

Mme Annick Billon, présidente. - C'est un sujet important pour les grands électeurs. Je pense qu'il ne faut pas associer le scrutin de liste paritaire à une diminution du nombre d'élus, qui se ferait au détriment des petites communes rurales.

Ce sujet doit être porté par la délégation. Dans les communes, il y a autant, voire plus, de femmes investies dans la vie associative, il n'y a pas de raison que ces statistiques ne se retrouvent pas dans l'engagement politique.

M. Bruno Belin. - Nous avions aussi évoqué la parité dans les exécutifs locaux et les bureaux des Établissement public de coopération intercommunale (EPCI). C'est d'autant plus important que les EPCI ont des pouvoirs très importants aujourd'hui.

Mme Laurence Rossignol. - Notre collègue Bruno Belin met le doigt sur le sujet crucial, celui des EPCI.

Mme Annick Billon, présidente. - Merci chers collègues. Nous allons maintenant procéder à l'audition de Mme Valérie Perez-Ennouchi.

Rencontre avec Mme Valérie Perez-Ennouchi, auteure de Destins de Femmes

Mme Annick Billon, présidente. - Chers collègues, nous recevons aujourd'hui Valérie Perez-Ennouchi, auteure de l'ouvrage Destins de Femmes, lauréate du prix de littérature politique Edgar Faure en 2021.

Cette rencontre fait l'objet d'un enregistrement audiovisuel et est diffusée en direct sur le site Internet du Sénat.

Madame Perez-Ennouchi, vous êtes journaliste et auteure de cet essai qui retrace la place des femmes à travers le monde et le poids encore prégnant des sociétés patriarcales. Il se présente sous la forme d'une mise en perspective historique, mais aussi d'une succession de dix-sept portraits de femmes issues de pays aussi divers que le Liban, le Japon, la Chine, la Thaïlande, l'Ukraine, l'Inde, le Mali, le Maroc ou encore les États-Unis.

Ces récits de tranches de vie de femmes à travers le monde sont le fruit de vingt ans de voyages vous ayant amenée à rencontrer des femmes dont les voix dans leur propre pays ne comptent pas.

Vous interrogez à la fois la place de ces femmes dans les sociétés modernes, le poids des traditions patriarcales, la place des femmes dans les religions, leur poids économique et l'évolution de leurs droits et de leur statut. Vous abordez les mariages forcés, les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, la transidentité et la situation des personnes transgenres, la migration des femmes et les trafics à des fins d'exploitation sexuelle dont elles sont victimes, ou encore le droit au travail.

Dans le cadre de son travail sur l'égalité femmes-hommes comme enjeu fondamental de solidarité internationale, notre délégation a affirmé sa conviction que l'égalité des sexes et l'autonomisation économique et sociale des femmes constituent le socle essentiel d'un développement durable.

Nos travaux ont également mis en évidence un creusement sans précédent des inégalités entre les femmes et les hommes en raison de la crise sanitaire et économique causée par la pandémie de Covid. Selon des études, celle-ci pourrait avoir effacé, en une année seulement, les vingt-cinq ans de progrès réalisés en matière d'égalité femmes-hommes depuis la Conférence mondiale de Pékin. Elle a en effet exacerbé les inégalités et les violences de genre existantes et soulevé de nouveaux défis pour les droits des femmes dans le monde. Les femmes et les filles sont aujourd'hui les premières touchées par la pauvreté, les conflits et le changement climatique.

Votre livre a été publié dans ce contexte et nous aimerions connaître aussi votre point de vue sur les effets de cette crise sur les droits des femmes à travers le monde.

Madame Perez-Ennouchi, je vous cède sans plus tarder la parole, avant que nous vous posions quelques questions.

Mme Valérie Perez-Ennouchi, auteure de Destins de Femmes, prix Edgar Faure 2021. - Je suis ravie et très émue d'être présente aujourd'hui. Merci de me permettre de m'exprimer sur cet ouvrage qui me tient tant à coeur. En cette période de crise sanitaire, je vais vous raconter son histoire, magique. On parle souvent de l'alignement des astres, des bonnes rencontres, d'un bon moment. C'est ici le cas. J'ai écrit ce manuscrit durant de nombreuses années. Il porte principalement l'évolution des droits des femmes, un sujet au coeur des débats politiques et sociaux. Il est aujourd'hui publié pour la troisième fois, puisque nous sommes encore en rupture de stock. La maison d'édition Ramsay m'a fait confiance. Elle a eu un coup de coeur pour mon premier ouvrage en vingt-quatre heures.

Évidemment, les livres sur la condition des femmes sont nombreux. Celui-ci est original, puisqu'il comprend deux parties. La première propose une étude concrète sur l'évolution des droits des femmes, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. J'ai moi-même beaucoup appris à ce sujet. C'est sans doute une déformation professionnelle, puisque je suis journaliste. L'être humain a la mémoire courte. Il me semblait donc utile de rappeler certains fondamentaux, tels que la législation, l'environnement social. Certains pays défendent et protègent ces droits. D'autres non. Or je suis certaine que la situation est amenée à évoluer vers la promotion et la garantie des valeurs fondamentales, afin de protéger les droits des femmes dans le monde entier. Des délégations comme la vôtre en sont la preuve. Ces problématiques sont au centre de l'actualité.

Dans la seconde partie de mon ouvrage, je vous propose d'aller voir ce qui se passe sur le terrain, pour reprendre une expression journalistique. Vous allez découvrir plusieurs destins. D'abord, celui de Saria la Libanaise qui apprend qu'elle est divorcée par simple courrier. Elle perd la garde de son fils et ne pourra le récupérer que lorsqu'il aura 14 ans, après une bataille juridique. Au Liban, ce sont les pères qui ont la garde exclusive des enfants.

Vous découvrirez également Mira, l'Indienne née Ilango. Elle m'a parlé de son long chemin, des souffrances physiques et psychologiques qu'elle a dû endurer pour vivre dans sa vérité. Elle est transgenre, sujet ô combien d'actualité. Elle appartient à une communauté vieille de 4 000 ans, les Hijra, anciennes gardiennes des temples de maharajas.

Vous ferez ensuite la connaissance de Lamai, la Thaïlandaise marchande de rue. Elle a dû donner son fils à l'adoption le jour de sa naissance car elle n'avait pas de quoi le nourrir et l'éduquer.

Vous découvrirez également le long chemin de l'intégration et l'histoire de Bahar l'Afghane, qui vit aujourd'hui à Berlin. Son histoire, je l'ai écrite il y a cinq ans. Les américains étaient déjà présents à Kaboul. À cette époque pourtant, elle parlait déjà de l'invisibilité des femmes dans ce régime fondamentaliste dans lequel elles frôlent les murs pour ne pas être la cible d'insultes, de harcèlement ou de viols. Elles sont, comme on les appelle en Europe, des « fantômes bleus ».

Ces femmes ne maîtrisent pas leur destin. Leur liberté est restreinte à cause de sociétés trop patriarcales, de préjugés, de lois, de traditions, d'un État, d'un homme, d'un système qui décident encore pour elles.

Je trouvais juste, en tant que femme libre, de donner la parole à celles qui ont moins de chance que moi, que nous, femmes françaises et républicaines, femmes de droit.

Dans Destins de Femmes, je vous propose un voyage autour du monde avec des histoires singulières, qui nous en apprennent davantage sur le statut des femmes, mais aussi sur leur place dans la société dans laquelle elles vivent. J'ai écrit ces témoignages afin de mieux comprendre leur vie, de nous plonger dans leur intimité, leur sensibilité, afin de savoir qui elles sont vraiment.

Vous allez découvrir des femmes exceptionnelles, qui continuent à trouver la force de vivre et de se battre malgré des épreuves indescriptibles, des douleurs et des souffrances. Vous verrez qu'elles rencontrent également des victoires et vous constaterez surtout beaucoup d'espoir. Surtout, les problématiques des femmes sont universelles, quel que soit leur pays. Dans Destins de Femmes, je parle d'amour, de mariage, de divorce, de harcèlement et de travail.

Ces femmes sont inconnues, mais il me semblait juste de les laisser parler, de les faire sortir de l'ombre, au moins le temps d'une lecture. Il ne s'agit pas de faire du misérabilisme ou de la victimisation. Ce sont des faits. De grandes avancées ont certes eu lieu grâce à des femmes telles que Simone de Beauvoir, Simone Veil ou Gisèle Halimi, mais il reste encore tant d'injustices criantes.

Aujourd'hui, le féminisme apporte une nouvelle perspective à notre compréhension du monde. Nous le voyons dans l'actualité. Nous entendons chaque jour des histoires ayant trait à la condition féminine. Je pense à cette femme polonaise morte en couche dans un pays où l'IVG est aujourd'hui interdite. L'avortement est d'ailleurs au centre des débats en ce moment. Avant la fin du quinquennat, le Sénat examinera la loi qui repoussera sa durée légale de douze à quatorze semaines. Des enquêtes montrent que chaque année, de 3 000 à 5 000 femmes se rendent à l'étranger pour y avoir recours.

On parle également de transidentité. Je sais que vous avez examiné la loi condamnant les psychologies de transition ce mardi.

Pour qu'une société se porte bien, tout le monde doit pouvoir avoir le potentiel maximum pour avancer et grandir. Il est dans l'intérêt collectif de compter sur les femmes.

Ce livre s'adresse aux femmes mais aussi aux hommes. Ils ont une mère, des soeurs, une conjointe et des filles qui méritent un salaire égal. Comme nous, ils veulent que cessent les violences physiques et sexuelles, entre autres enjeux. Ils veulent que les violences faites aux femmes s'arrêtent.

Enfin, cet ouvrage n'est pas moralisateur. Il éveillera peut-être un peu les consciences. Merci de m'avoir entendue. Je vous souhaite une bonne lecture.

Mme Annick Billon, présidente. - Dans ces témoignages, vous évoquez les avancées que nous avons pu constater ces dernières années, avec des femmes fortes, mais aussi des hommes ayant apporté leur pierre à l'édifice. La situation des femmes en Afghanistan est très inquiétante, vous l'avez dit. Nous avons organisé une table ronde sur le sujet le 25 novembre dernier.

Vous nous avez donné envie de découvrir votre ouvrage. Vous avez parlé de circonstances, d'un alignement de planètes pour sa publication. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Comment ce livre a-t-il vu le jour ? Comment ces témoignages sont-ils arrivés ?

J'ai tout à l'heure fait écho à la force du patriarcat dans les sociétés. Pouvez-vous développer ce point ?

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Généralement, pour écrire un livre, on s'assoit à une table de travail et on se dit qu'on va commencer à rédiger un ouvrage. Pour moi, ça ne s'est pas passé de cette façon. En tant que journaliste, j'ai voyagé des années dans différents pays. En tournage, nous avons par moments besoin d'être seuls, le soir, lorsque l'équipe souhaite aller quelque part, mais pas nous. Je me suis souvent retrouvée seule à l'endroit où j'étais en reportage. J'ai voulu mieux me rendre compte de ce qu'était la vie sur place. Je n'ai pas voulu me rendre dans les endroits qui m'avaient été conseillés d'un point de vue touristique. Je voulais voir la vie réelle dans ces pays. Je prenais des notes dans un carnet de voyage qui m'a suivi des années. Un jour, j'ai voulu mettre au propre ce qui j'y avais inscrit, ce qui était important pour moi. Au fur et à mesure de ma rédaction, j'ai aussi voulu me renseigner sur les droits des femmes. Je me suis aperçue que le fil conducteur de mes voyages était ma volonté d'en savoir plus sur la manière dont vivaient les femmes dans ces pays. J'ai mené un travail de journaliste, une enquête m'ayant demandé beaucoup de temps, pour savoir où nous en étions, pour connaître leur environnement social, l'environnement politique du pays, l'économie dans laquelle vivaient ces femmes. J'ai donc écrit ce texte, ces dix-sept histoires. D'un autre côté, cet avant-propos très long résultait de mon enquête. En tant que journaliste, je me suis investie corps et âme.

J'avais beaucoup de doutes vis-à-vis de cet ouvrage. Il existe déjà de nombreux livres traitant de la condition des femmes. Je me suis demandé ce que celui-ci apporterait de plus. J'ai alors décidé de l'envoyer à un ami psychanalyste, en estimant qu'il saurait me dire si mon récit était utile. Deux semaines plus tard, il m'a appelée pour m'indiquer qu'il serait en mesure de tirer des thèses de doctorat de chaque histoire. Il m'a incité à publier ce manuscrit. Je l'ai donc envoyé à la maison d'édition Ramsay, qui m'avait été recommandée. Au départ, il m'a été répondu que le monde de l'édition se portait mal en période de pandémie, et que les livres à éditer pour la rentrée littéraire avaient déjà été choisis. Vingt-quatre heures plus tard, j'ai été rappelée par Ramsay, qui voulait publier mon ouvrage, le jugeant d'actualité. Ce n'était pas prévu. C'est pour cette raison que je parle d'alignement des planètes. Je n'ai pas écrit un livre pour qu'il soit publié. J'ai avant tout mené des recherches qui me semblaient passionnantes. J'ai eu envie de partager tout ce que j'avais découvert avec des femmes et des hommes s'intéressant à ce sujet.

Mme Annick Billon, présidente. - Merci. Ce livre témoignage nous pousse à nous interroger sur la place des femmes dans les sociétés. En vous exprimant au Sénat, qu'attendez-vous de nous ? Qu'espérez-vous ? Vous avez évoqué des travaux parlementaires récents, notamment sur l'allongement du délai d'IVG, la situation de l'IVG dans certains pays ou la proposition de loi concernant les thérapies de conversion. Tout ne dépend pas de la loi. À ce stade, qu'espérez-vous déclencher ?

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Je souhaite déclencher un engouement autour de ce livre, pas pour moi, mais pour ces femmes. Plus nous parlerons de leur vie et de leurs problématiques, et plus elles seront libérées et libres. J'ai la chance de pouvoir parler en leur nom au Sénat, puisque je n'ai fait qu'écrire leur histoire et retranscrire leur vie. Cela me rend extrêmement heureuse. J'ai l'impression de mener une mission fondamentale pour l'avancement des droits des femmes. Si des délégations telles que la vôtre ne travaillent pas pour faire en sorte que les situations progressent, nous en aurons encore pour des années.

Cette lutte féministe n'est pas linéaire. Elle connaît des sursauts. Le livre est publié à une période où les femmes ont envie de se faire entendre, peut-être pas dans la rue, mais au moins dans les médias. Ceux-ci ont leur rôle à jouer pour faire la lumière sur les progrès qu'il reste encore à accomplir, notamment du point de vue de l'égalité salariale ou de la parité dans les entreprises.

Voilà ce que j'attends. C'est peut-être le bon moment. Nous parlons de lois. N'oublions pas l'évolution des mentalités, dont nous ne sommes malheureusement pas responsables. Le fait d'être entendue par le Sénat est très important pour moi, mais surtout pour ces femmes. Aujourd'hui, leur parole est portée chez vous.

Mme Annick Billon, présidente. - Les femmes sont souvent les premières victimes du changement climatique, dans les situations de guerre et dans les pays totalitaires. Le retour des talibans en Afghanistan en est la preuve évidente. À votre sens, qu'ont en commun toutes ces problématiques ? Comment pensez-vous que nous pourrions y répondre ? À la lecture de ces témoignages, nous voyons le poids de l'histoire de ces pays sur ces femmes et sur les cultures. Les solutions doivent-elles être identiques dans chaque pays ? Comment devons-nous mener les combats pour améliorer la condition de ces dix-sept femmes ?

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Concernant les femmes afghanes, l'histoire de Bahar est particulière. Je l'ai rencontrée à une période où elle allait très bien. Elle avait déjà quitté le pays et avait accompli une grande partie du long chemin de l'intégration. Elle a vu sa mère se faire tuer sous ses yeux. Elle a vécu à Kaboul avant la mise en place du régime fondamentaliste que nous connaissons aujorud'hui. Il était déjà extrêmement dur pour une femme d'y habiter. Nous imaginons que c'est pire aujourd'hui. Elle a raconté le moment où elle a payé un passeur pour sortir du pays. Elle a raconté les camps de transit, le froid, les viols. Elle a surtout raconté les différences culturelles. Cette histoire m'a beaucoup touchée. J'ai moi aussi déménagé plusieurs fois. On ne se rend pas compte de ce qu'un changement de pays représente. Quitter Kaboul pour arriver en Europe équivaut à changer de planète. Bahar a dû apprendre un autre langage, d'autres codes sociaux. Elle a dû se remettre en question. Aujourd'hui, elle vit à Berlin. Elle a trouvé l'amour. Elle possède une petite boutique de retouches. Elle est heureuse.

Dans ce livre, je veux dire que tout est possible. Évidemment, nous ne pouvons pas appliquer les mêmes solutions dans tous les pays. L'Afghanistan ne peut pas être comparé à la Chine, où les problématiques sont totalement différentes. J'ai abordé la Chine sous l'angle du célibat. J'ai fait la connaissance de Lian, une Chinoise de 27 ans. En Chine, quand on a 27 ans et qu'on n'est pas mariée, on est ce qu'on appelle une Sheng-nu. On est bonne à jeter, périmée. Ses parents la considèrent donc en disgrâce. Ils ont décidé de la vendre au marché de célibataires qui se tient chaque week-end. Ils écrivent son CV en listant ses qualités, afin de trouver un client potentiel qui deviendrait son futur mari. Lian se rebelle et décide de rester célibataire, ce système ne lui convenant pas.

Au travers de cet ouvrage, je veux faire comprendre que les problématiques des femmes sont les mêmes, quel que soit le pays, bien que la situation soit plus compliquée dans certains pays que dans d'autres. On parle de maternité, de divorces, de harcèlement, de viols, de mariage, de stérilité. Ces sujets sont universels. C'est ce qui m'a touché lorsque j'ai rencontré ces femmes ou que leurs histoires m'ont été racontées par des tiers. Je ne pouvais pas rester insensible à ces témoignages. Si j'avais été moi-même originaire de ces pays, comment aurais-je vécu ces situations ?

Mme Annick Billon, présidente. - Avez-vous eu du mal à révéler l'identité de ces personnes ? N'avez-vous pas craint une mise en danger de leur environnement proche ? Dans certains pays où le contrôle est extrêmement poussé, il est parfois compliqué d'aller jusqu'au bout du témoignage et de la vérité.

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Certains témoignages m'ont été donnés par des intermédiaires, par le frère ou le cousin de la femme concernée, par exemple. C'est ce qui s'est passé à Bangkok. Le fils de cette femme, aujourd'hui âgée de 60 ans, lui a été arraché le jour de sa naissance, car elle n'avait pas la possibilité de l'élever. D'autres femmes m'ont raconté leur histoire bien volontiers. Rachel, qui vit à Tel-Aviv, sort d'un milieu orthodoxe très religieux. Elle a découvert l'homosexualité de son mari après plusieurs années de mariage. Elle a décidé de quitter Mea Shearim, son quartier orthodoxe de Jerusalem, pour Tel-Aviv, deux mondes bien différents. Elle m'a volontiers raconté son histoire. Elle habite à Tel-Aviv avec ses enfants. Elle leur transmet un judaïsme beaucoup plus libre. Elle est très heureuse. Pour autant, il n'est jamais facile de sortir d'un milieu comme le sien. Il reste toujours des traces. On s'interroge toujours sur sa manière de vivre. Vit-on dans la vérité ?

Certaines histoires ont été plus faciles à recueillir que d'autres. À chaque fois, j'ai retrouvé des problématiques qui m'étaient personnelles, en tant que femme, ou qui m'avaient été racontées avec beaucoup de proximité. C'est pour cette raison que ce livre m'a beaucoup exaltée. J'avais le sentiment que nous étions similaires. Toutes les femmes du monde sont identiques, sauf que nous avons la chance de vivre dans un pays libre. Ce n'est pas le cas de toutes.

M. Bruno Belin. - Merci pour votre présentation et votre sourire. Nous en avons besoin.

J'ai bien entendu votre histoire du carnet retrouvé. Pour autant, auriez-vous pu écrire ce même livre il y a cinq ou dix ans ? Ou sommes-nous dans un espace-temps vous ayant permis de recueillir ces témoignages, la parole étant peut-être plus facile ?

Ensuite, vous évoquez des pays parmi les plus grands : les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, ou encore l'Allemagne. Ont-ils mis en place de bonnes idées à dupliquer en France ? Vous dites que nous sommes un pays libre, mais il y a encore tant à faire pour le droit et l'égalité.

Enfin, vous avez mentionné rapidement le mot « genre ». Que pensez-vous du débat que nous voyons arriver chez de grands adolescents ou de très jeunes adultes sur le non-genre ? Nous nous battons pour une égalité des sexes et pour la place des femmes. Qu'est-ce que le non-genre ?

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Merci. Je suis ravie de voir des hommes autour de cette table. Je me réjouis de plus que vous disiez qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir pour l'égalité.

Concernant votre première question, j'estime qu'il y a un bon moment pour tout. Je suis arrivée à un moment de ma vie où j'ai eu envie de terminer cet ouvrage. Je n'ai pas lâché mon stylo. Je suis entrée dans un rythme d'écriture et de recherche. J'ai basé ma vie et mon environnement sur l'écriture de ce livre à ce moment-là. Ce n'est pas pour rien. On peut croire ou non à l'alignement des astres. Destins de Femmes est sorti début septembre 2021 et a été primé par un prix politique à peine un mois plus tard. C'est mon premier ouvrage. Je suis très heureuse que les choses se soient déroulées de cette manière. Je ne sais pas si j'aurais rencontré le même écho si je l'avais publié cinq ans plus tôt.

J'ai évoqué l'histoire de cette jeune femme violée en Angleterre, que j'ai suivie en tant que journaliste. En me rendant sur place, j'avais été choquée du manque de considération des jeunes femmes victimes de viol de la part des primo-intervenants. Nous devons peut-être également travailler sur ce sujet en France. Ces victimes parlent à leurs amis, à leurs familles. Elles n'ont généralement pas la force d'aller au commissariat. Lorsqu'elles y parviennent, elles doivent vraiment être prises en charge de manière à être en confiance et à pouvoir parler. Voilà mes interrogations face à ces histoires où tant de femmes ont été violées et ont hésité à se rendre au poste.

En Allemagne, j'ai été séduite par la manière dont les femmes afghanes étaient intégrées, par ce qui a été mis en place pour leur offrir une deuxième vie. J'ai été touchée par le récit Bahar. Elle était heureuse. Elle a réussi à trouver l'amour avec Rodolphe, qui avait les yeux aussi bleus que les siens étaient noirs. J'ai eu l'impression d'assister à un conte de fées, alors qu'elle avait vécu l'enfer.

Dans ce livre, j'ai voulu indiquer que j'étais sensible à toutes les souffrances, celles des femmes, mais aussi celles des hommes. Au Japon, des pères étrangers se sont suicidés car ils s'étaient mariés avec des Japonaises, et que le droit japonais ne donne la garde qu'aux parents japonais dans 99 % des cas. Des pères français, mariés avec des Japonaises, retrouvent leur maison vide un jour en rentrant chez eux. La garde partagée n'existe pas dans le pays. Ils sont obligés de recourir à un avocat qui leur coûte très cher, 50 000 euros environ. Lorsqu'ils finissent par gagner, ils ne peuvent voir leur enfant que quatre heures par mois. On parle ici de la souffrance d'un père.

J'ai eu envie de raconter dans cet ouvrage tout ce qui m'avait fortement interpellée. Je ne pense pas qu'un pays soit meilleur que les autres. À mon sens, il y a à prendre et à laisser partout.

Enfin, la transidentité est considérée comme une maladie psychique dans certains pays. Les personnes transgenres sont enfermées dans des hôpitaux psychiatriques. On leur dit qu'elles sont malades.

Je pense que la période actuelle est assez difficile. Effectivement, il faut réfléchir à l'avenir de la société. Vous l'avez dit, certains sujets sont difficiles à comprendre. Il est vrai que certaines situations sont compliquées à imaginer, mais aujourd'hui, la société est un rouleau compresseur.

Cette année, à la rentrée scolaire, des formulaires ont été donnés aux étudiants pour les accompagner dans cette transidentité s'ils ressentaient cet état. C'est extraordinaire. Des gens ont commencé à se détester, et à détester leur corps, qui n'était pas le bon.

En Inde, depuis 2014, il existe trois sexes : masculin, féminin et transgenre. Ce pays ne donne pas l'impression d'être extrêmement évolué en la matière. Depuis 2014, il est pourtant possible d'y adopter officiellement le sexe de son choix.

Ce problème peut être considéré comme tel, car il peut gêner ou être pénible. Pour autant, je pense que nous devons vraiment réfléchir à l'avenir de la société. Il faut dégenrer les choses, ce qui ne signifie pas que les femmes doivent prendre la place des hommes et inversement. Avant d'en arriver là, il va déjà falloir mettre tout le monde au même niveau. Quand ça sera le cas, nous pourrons parler d'une société qui évolue d'un côté ou de l'autre.

M. Bruno Belin. - Nous évoquions, au cours de la première partie de notre réunion, la modernisation de la vie publique et politique. Je soulignais le fait que les exécutifs d'un certain nombre de collectivités territoriales doivent être paritaires. Demain, devrons-nous ouvrir des quotas pour les non-genrés ? Je suis interpellé. Je me questionne.

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Ce questionnement est actuel. On s'interroge, car on ne sait pas ce que sera l'avenir. Que signifie « dégenrer » ? Il n'est pas difficile d'imaginer que dans cinquante ans, grâce aux progrès de la médecine, il sera possible de greffer un utérus à des hommes pour qu'ils portent eux-mêmes les enfants. Pourquoi pas ?

Nous sommes dans un format de société que nous ne connaissons pas. C'est un rouleau compresseur. En effet, il secoue et nous entraîne à nous questionner. Je ne pense pas que s'interroger signifie arrêter l'évolution. J'ajoute que les transgenres ont toujours existé. Simplement, c'était honteux. Ces personnes ne parlaient pas. Elles étaient malheureuses. Certaines se sont suicidées, car elles ne pouvaient pas vivre dans leur vérité.

Mme Martine Filleul. - Vous disiez que vous vous sentiez investie d'une mission dans votre envie d'écrire ce livre. Maintenant qu'il est publié, comment entendez-vous la poursuivre et lui donner de nouveaux développements ? De plus, comment conciliez-vous votre travail de journaliste et ce travail de connaissance du destin de ces femmes ? Je suppose que ce n'est pas simple, ne serait-ce que vis-à-vis des organes qui vous emploient ?

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Ce livre a son propre destin. Il ne m'appartient plus. On dit que la promotion d'un ouvrage dure trois mois. Cette période est presque terminée. La semaine dernière, j'ai reçu un appel m'indiquant qu'un agent littéraire traduirait Destins de Femmes en japonais. Il sera également traduit en hébreu. Un agent littéraire anglais a également téléphoné à Ramsay cette semaine. Voilà le futur de mon ouvrage. Il aura son propre destin. Plus on en parle, plus on prend le temps de parler de ces femmes et de leur condition, et plus on sensibilise les gens sur les progrès qu'il reste à faire.

Cet ouvrage a plusieurs degrés de lecture. On peut considérer qu'énormément de progrès ont été réalisés depuis l'antiquité. Des journalistes ont souligné toutes les avancées ayant touché les femmes dans la société. Elles en étaient auparavant inexistantes. D'autres ont insisté sur tout ce qu'il restait à faire pour obtenir l'égalité. Vraiment, chacun peut lire ce livre avec son degré de compréhension, son tempérament et sa conception de la société.

Plus ces histoires seront racontées et médiatisées, et plus nous pourrons avancer. Merci de me soutenir. Seule, il n'est pas possible d'avancer. Des femmes que je ne connaissais pas se sont jointes à moi. Elles m'ont aidée. On se sent toutes emportées par la souffrance des femmes. Il n'est pas possible de rester indifférentes.

Comment ai-je trouvé le temps d'écrire ce livre ? C'était une écriture collective et familiale. J'ai deux enfants en bas âge. Lorsque l'ouvrage a été publié, mon fils de 10 ans m'a dit « tu vois maman, ça y est, c'est la sortie du livre ». Il a été intégré dans ma vie depuis des années. Il a représenté tant de débats, de recherches, de dîners que je ne terminais pas parce que je voulais en achever l'écriture.

Comment l'ai-je concilié avec mon travail de journaliste ? Je présente des émissions d'histoire et de découverte. Je suis curieuse de tout. J'adore parler des personnages historiques qui ont fait évoluer la société. Hier, j'ai tourné à la Maison de Balzac et j'en ai beaucoup appris sur cet auteur. J'adore apprendre. Ici, j'ai tenu le rythme, car j'en apprenais chaque jour sur une multitude de sujets tels que le mariage, le divorce ou encore le travail des enfants. J'ai été étonnée d'apprendre que le divorce avait été aboli deux fois en France. Finalement, rien n'est acquis. C'est grâce à ce que j'apprenais chaque jour que j'ai réussi à finir l'écriture de ce livre sans me poser de questions.

M. Hussein Bourgi. - Votre livre a fait remonter beaucoup de souvenirs en moi. Je suis d'origine libanaise. Je suis né au Sénégal, où j'ai passé dix-huit ans. Je suis donc très sensible à la condition des femmes en Afrique noire. La situation que vous décrivez au travers du portrait de cette femme libanaise me parle également. Au Liban, il n'y a pas de mariage civil. Ils doivent obligatoirement être enregistrés auprès des religieux. Les mariages mixtes entre deux personnes de confessions différentes les obligent nécessairement à choisir à quelle religion ils vont se rattacher administrativement. Finalement, c'est souvent la femme qui est sommée de quitter sa communauté. Ce pays rassemble dix-sept confessions et est régi par les religions. Ce n'est pas simple. Lorsqu'un divorce survient, il se fait toujours au détriment de la « pièce rapportée » du couple.

À travers ce livre, j'ai trouvé un travail d'ethnologue, de sociologue. Des comparaisons entre différentes situations donnent corps à cette idée universaliste selon laquelle partout où les droits des femmes avancent un peu - en abolissant l'excision ou la polygamie dans plusieurs pays d'Afrique, par exemple -, on participe à l'émancipation des femmes ailleurs. Les législations ont vocation à s'harmoniser les unes avec les autres pour faire autorité. Je pense notamment aux relations de co-développement que la France peut entretenir avec d'autres pays. Nous pouvons et devons toujours porter cette idée selon laquelle les droits des femmes, comme ceux des minorités religieuses - chrétiens d'orient, minorités Ouïghours ou encore minorités Coptes en Égypte -, participent à l'émancipation et au respect de la dignité de chaque être humain. Les droits accordés aux femmes dans un pays rejaillissent toujours sur la société dans son ensemble.

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Merci à vous.

Mme Annick Billon, présidente. - Merci pour ce témoignage.

Madame, merci d'avoir présenté ce livre devant notre délégation. Je suis certaine que vous aurez ainsi donné envie à ceux qui ne l'ont pas encore lu de le découvrir. Bravo pour ce prix et pour votre engagement.

Vous l'avez dit, les problématiques des femmes sont universelles. Il y a quelques années, notre délégation a travaillé sur le sujet des femmes et de l'agriculture, et sur l'égalité dans les territoires. Les problématiques étaient si universelles qu'ONU Femmes nous a demandé de venir présenter ces travaux. L'autonomie économique, l'accès au foncier, les difficultés rencontrées par les femmes dans l'agriculture sont universels, quel que soit le pays. Les solutions pouvant y être apportées sont différentes, mais les problèmes restent identiques.

Je vous félicite, au nom de la délégation, pour votre engagement et pour ces témoignages. Ils sont importants. Il faut parler des difficultés, mais aussi des réussites. C'est un livre d'espoir. Il n'y a pas que des femmes qui souffrent. Il faut toutefois aider ces dernières à avancer et à acquérir des droits pour une égalité économique et professionnelle, pour des droits sexuels et reproductifs. Nous l'avons vu, ces droits sont aujourd'hui mis à mal dans certains pays, alors même que ces avancées semblaient acquises. Nous nous devons de rester vigilants. Les femmes sont souvent les premières victimes des régimes totalitaires, du réchauffement climatique et des guerres. Nous nous devons de lancer des alertes. Le travail journalistique que vous avez mené est essentiel. Une société égalitaire est une société plus sûre, où les hommes et les femmes vivent mieux. Merci pour ce livre témoignage, pour ce livre d'espoir.

Mme Valérie Perez-Ennouchi. - Merci. Je suis vraiment touchée.

Mme Annick Billon, présidente. - Nous souhaitons une longue vie de traduction à votre livre, pour que cette parole forte, pour les femmes et pour les hommes, soit portée de manière universelle. Continuez de travailler sur ces thématiques dans un esprit positif. L'espoir transmis par votre ouvrage est important. Malgré les difficultés, malgré l'adversité, certaines choses avancent. Nous devons continuer à nous battre en ce sens. C'est un travail au quotidien, pour les hommes et pour les femmes.