Éloge funèbre de René Vestri

M. le président.   - (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent)

C'est avec une profonde tristesse que j'accomplis, pour la première fois, le pénible devoir qui incombe au président du Sénat de rendre hommage à un collègue disparu, René Vestri, sénateur des Alpes-Maritimes, qui nous a quittés le 6 février dernier.

Rien ne laissait présager le malaise cardiaque qui lui a été fatal. La veille encore, il avait participé aux travaux de la commission du développement durable consacrés à la présence médicale sur l'ensemble du territoire et à l'avenir de notre système énergétique, deux thèmes qui lui tenaient à coeur. Le jour même de son malaise, son retard très inhabituel à un petit-déjeuner de travail a donné l'alerte, trop tard hélas... C'est avec stupeur et émotion que nous avons appris sa brutale disparition.

Les obsèques de René Vestri ont été célébrées dans la simplicité le 9 février en l'église de Saint-Jean-Cap-Ferrat, commune dont il aura été le premier magistrat durant près de 30 ans, au milieu de ses proches et de très nombreux Saint-Jeannois. Nos collègues Marc Daunis, membre du Bureau du Sénat, et le président Jean-Claude Gaudin y assistaient. Cet adieu, au milieu des siens, sur cette terre qui lui était si chère, trouve son écho aujourd'hui dans notre hémicycle, en présence de sa famille rassemblée dans les tribunes.

René Vestri fut d'abord un homme de convictions et un élu local passionné. Il avait fait son entrée au Sénat en septembre 2008 pour représenter son département de naissance des Alpes-Maritimes. Cette élection couronnait une longue carrière d'élu local au service de son village, devenu l'un des lieux de villégiature les plus recherchés du littoral méditerranéen.

Issu d'une famille modeste, il aimait à rappeler que son père avait été maçon et sa mère ramassait des olives. Ayant commencé à travailler très tôt comme terrassier, il avait développé avec succès une entreprise de travaux publics et connu une incontestable réussite professionnelle grâce à sa détermination et à sa force de travail.

René Vestri avait parallèlement décidé de mettre son énergie et ses compétences au service de la collectivité. L'enracinement local, le sens des responsabilités et la force de ses convictions personnelles le conduisirent naturellement à s'engager dans la vie politique locale.

Dès 1983, il se présentait aux élections municipales à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Il aura été le maire de l'une des plus belles communes de France, gardant toujours un contact étroit et chaleureux avec les Saint-Jeannois qui, sans interruption, lui ont renouvelé leur confiance durant trois décennies.

Son engagement politique et son ancrage local le conduisirent aussi à participer aux élections cantonales en 1985 pour y représenter le canton de Villefranche-sur-Mer. Il conserva ce mandat jusqu'en 2011 et exerça même, de 2004 à 2008, les fonctions de vice-président du conseil général, chargé de la façade maritime. Il fut également vice-président de la communauté urbaine Nice-Côte d'Azur de 2008 à 2011.

Même si la vie politique n'est pas toujours « un long fleuve tranquille », jamais elle n'entama la détermination de René Vestri qui se plaisait à rappeler que « tout ce qui ne tue pas rend plus fort ». En 2008, il brigue l'un des cinq sièges de sénateur des Alpes-Maritimes en présentant une liste dénommée Mer et Montagne 06, traduisant son intérêt pour les questions environnementales et d'aménagement du territoire. C'est sous cette bannière qu'il fit son entrée dans notre hémicycle, au sein du groupe UMP.

Il rejoignit d'abord la commission des affaires sociales, puis celle de l'économie en octobre 2010. Son attention pour les questions d'environnement et d'aménagement du territoire le conduisit à devenir membre de la nouvelle commission du développement durable, dès sa création en février 2012. René Vestri mit également son expérience d'élu local au service de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et participa aux travaux de la délégation à la prospective, ainsi qu'à ceux du groupe de travail « mer et littoral ».

Sa passion pour l'univers marin, et tout particulièrement, pour la Méditerranée, René Vestri la porta tout au long de sa carrière d'élu. Il milita pour la préservation de l'environnement en Méditerranée et pour la défense des espèces menacées. En 1989, s'indignant de l'indifférence dans laquelle certaines espèces animales étaient décimées, notamment les dauphins, il créa l'association SOS Grand Bleu ; dix ans plus tard, il eut la satisfaction de voir aboutir le projet Pelagos, tendant à créer un espace maritime protégé de plus de 87 500 km² au large de la Corse.

Au Sénat, René Vestri s'exprima en faveur de la ratification de conventions internationales de défense des espèces menacées telles que le thon rouge ou lors des débats sur la politique de gestion des ressources halieutiques. Lors des débats sur le Grenelle de l'environnement, il prôna une meilleure implication de nos concitoyens dans la lutte contre les pollutions marines.

Notre collègue ne méconnaissait pas pour autant les nécessités du développement économique de sa région. Il participa ainsi aux travaux de la mission sur la réforme portuaire, sans jamais perdre de vue la défense de l'environnement.

Toujours tourné vers l'avenir, René Vestri était aussi persuadé que l'éducation des jeunes est un vecteur indispensable à la préservation de l'environnement. Il s'impliqua dans la création d'une école départementale de la mer, qui permet chaque année à plus de 1 500 enfants des Alpes-Maritimes de découvrir leur environnement naturel proche et d'apprendre à le préserver.

Ses préoccupations en faveur de la préservation du domaine maritime l'avaient amené à devenir membre, en décembre 2011, du Conseil national de la mer et des littoraux.

René Vestri était soucieux de partager ses préoccupations dans les cadres les plus variés, comme les groupes d'amitié France-Italie ou France-Monaco. Mais son intérêt pour les affaires internationales allait bien au-delà de notre région méditerranéenne.

La disparition brutale de René Vestri nous a stupéfiés. Les sénatrices et les sénateurs perdent en sa personne un collègue chaleureux qui restera longtemps présent dans leurs mémoires.

L'heure est au recueillement. À ses collègues du groupe de l'UMP, éprouvés par sa disparition, aux membres de la commission du développement durable à laquelle il appartenait, j'adresse les sincères condoléances de la Haute assemblée.

À vous particulièrement, madame, à vos filles Olivia et Marjorie et à tous les vôtres, je renouvelle les sincères condoléances du Sénat et vous assure de ma profonde sympathie.

Je vous invite à partager un moment de recueillement à la mémoire de René Vestri.

(Mmes et MM. les sénateurs observent une minute de silence)

M. Alain Vidalies, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement .  - C'est avec tristesse que nous avons appris le décès subit de René Vestri à Paris, le 6 février dernier. Il avait participé la veille aux travaux de la commission du développement durable du Sénat.

Son élection au Sénat prolongeait la longue carrière d'élu local qu'il mena au sein de son célèbre village, Saint-Jean-Cap-Ferrat, et des Alpes-Maritimes. Il mit son expérience au service de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales, au groupe de travail « mer et littoral » et aux groupes d'amitié France-Italie et France-Monaco.

Issu d'une famille modeste, gaulliste de toujours, la politique était sa vie. Il fut pendant près de 30 ans le maire passionné de l'une des plus belles communes de France, transformant Saint-Jean-Cap-Ferrat grâce à sa détermination et à son engagement obstiné. Il fut vingt ans conseiller général du canton de Villefranche-sur-Mer et, de 2008 à 2011, vice-président de la communauté urbaine Nice-Côte d'Azur. En 1989, il créa l'association SOS Grand bleu, reconnue d'utilité publique en 2005. L'aboutissement du projet Pélagos en 1999 avec la signature à Rome d'une convention internationale de protection des mammifères marins fut l'une de ses grandes fiertés - le premier texte juridique au monde créant une aire marine protégée dans les eaux internationales. « La Méditerranée », disait-il, « ne représente que 0,7 % de la surface des océans mais elle est un réservoir de biodiversité ». La France dispose du deuxième patrimoine maritime mondial, rappelait-il avec constance ; d'où le rôle majeur que devait jouer la France dans la préservation de cette richesse.

Homme affable et chaleureux, René Vestri avait le souci de transmettre ses passions : son école de la mer apprenait aux élèves que les mers et océans ne sont pas seulement de vastes étendues qui se perdent à l'horizon, mais aussi un monde fragile auquel nous devons 80 % de l'oxygène sur terre, et qu'il fallait se battre pour la préservation de cet environnement exceptionnel.

Je présente les sincères condoléances et la sympathie attristée du Gouvernement à son épouse, à ses enfants, à sa famille, aux habitants de Saint-Jean-Cap-Ferrat, au conseil municipal, à la commission du développement durable du Sénat, au groupe UMP et à tous les membres de la Haute assemblée.

M. le président.  - Conformément à notre tradition, en signe d'hommage à René Vestri, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance, suspendue à 14 h 50, reprend à 15 h 10.

présidence de M. Jean-Léonce Dupont,vice-président