La marionnette, ou petite marie, désigna d'abord les figurines de la Vierge avant de prendre le sens profane que nous lui connaissons aujourd'hui. Si l'on peut faire remonter l'origine des marionnettes à l'Antiquité, celle de Guignol est beaucoup plus récente. C'est un Lyonnais, Laurent Mourguet, ouvrier en soie reconverti, qui crée, au début du XIXe siècle, avec le succès qu'on lui connaît, les personnages de Guignol, Gnafron et Madelon.

L'existence d'un théâtre de marionnettes dans le jardin du Luxembourg remonte à 1862. Dans sa lettre adressée en février au Grand Référendaire, le maréchal des Logis-Chef Auguste Maximin n'hésite pas à user d'une certaine grandiloquence : « Génie de la bienfaisance, c'est à votre âme généreuse, que le vieux soldat (dont la pension est insuffisante pour vivre) devra de sortir de la misère et d'être mis à l'abri du besoin : il vous en sera reconnaissant toute sa vie » !  Tant d'éloquence ne fut pas déployée en vain puisque l'administration lui accorda l'autorisation de donner des représentations.

En 1881, une petite construction de bois analogue au castelet des Champs Elysées est bâtie sur la terrasse ouest. Les représentations ne font pas toujours l'unanimité. Ainsi, en 1910, un grand-père qui y amène régulièrement ses petits-enfants s'émeut de la violence de certaines scènes dans un courrier adressé à un Questeur : « ...avant-hier, 23 septembre, vers 4 heures, passant de ce côté, j'entendis une détonation. C'était Guignol qui tuait d'un coup de revolver un de ses semblables. Cela aurait pu n'être qu'un accident, mais pas du tout, c'était une scène de meurtre. Il tua successivement cinq personnages, alternant le poignard et le revolver, et s'acharnant sur ses prétendues victimes, comme le font nos bons apaches.

Je pense, Monsieur le Questeur, qu'il me suffira de vous signaler cette scène lamentable pour que vous l'interdisiez à l'avenir. Vous jugerez certainement qu'elle est du plus fâcheux exemple pour les enfants et les adolescents qui y assistent. Nous avons déjà trop de meurtres et de crimes, inutile d'en donner une représentation publique et d'en multiplier le spectacle, surtout devant les enfants... ». Le Questeur, d'avis en effet qu'il était « inutile que  Guignol vienne seconder l'oeuvre malfaisante des journaux qui se font les moniteurs des exploits des apaches », donna des ordres en conséquence au commandant adjoint qui sermonna dûment le directeur du théâtre.