![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
|||
![]() |
![]() Henri Matisse "Jazz", planche VIII, "Icare", 1947 Photo : Archives Matisse / © Succession H. Matisse |
Dans le cadre de sa programmation « Art moderne », le Sénat présente au Musée du Luxembourg une grande exposition consacrée à l’œuvre tardive du peintre, cette période que l’artiste qualifiait de “seconde vie”. Elle a été marquée par un profond renouvellement de son art, caractérisé par un éclatement de couleurs pures et une abstraction tendant toujours plus vers le signe et l’arabesque. |
![]() |
MUSÉE DU LUXEMBOURG |
![]() H. Matisse - Jazz, planche X, L'enterrement de Pierrot, 1947 Photo : Archives Matisse / © Succession H. Matisse |
L’exposition présentera une centaine d’œuvres du peintre avec, comme fil conducteur, la correspondance qu’il a échangée avec son ami André Rouveyre entre 1941, date d’une grave intervention chirurgicale qu’il subit à Lyon, et sa mort en 1954.
En présentant de façon conjointe cette correspondance et les œuvres évoquées dans celle-ci (huiles sur
toile, gouaches découpées, série de dessins Thèmes et Variations, maquettes de livres illustrés, tapisseries), l'exposition
offrira un regard renouvelé sur l'œuvre et la personnalité d'Henri
Matisse entre 1941 et 1954. Cette juxtaposition d'œuvres et d'écrits de l'artiste illustrera par ailleurs,
de façon singulièrement tangible, la place de la mémoire, du souvenir, de la réflexion et de l'inspiration dans le processus
créatif. Elle permettra au visiteur de visualiser le cheminement artistique autour de thèmes récurrents (arbres, femme...) d'un
artiste épris
d'absolu, de beauté et de poésie.
Rouveyre et Matisse, qui s'étaient rencontrés dans l'atelier de Gustave Moreau, s'écrivaient quasiment quotidiennement, voire plusieurs fois par jour. Cette relation épistolaire privilégiée se distingue tant par sa durée et sa régularité que par son volume (près de 1200 lettres dont de nombreuses rehaussées de croquis). Elle témoigne non seulement de leur profonde amitié mais offre également un regard unique sur le processus créatif et les aspirations de Matisse.
Rouveyre, portraitiste redouté pour son trait cruel et romancier à ses heures, s'avérait être un correspondant de tout premier ordre malgré un style de vie et une personnalité fort différents de Matisse. "Type très curieux, très intelligent et portraitiste de grande classe", selon Matisse, Rouveyre faisait preuve d'une grande érudition qui contribua sans aucun doute à la richesse et à l'agrément de leurs échanges quotidiens. Matisse qui résidait dans le Midi pendant la seconde guerre mondiale, eut une convalescence longue et douloureuse et était fort limité dans ses déplacements. Aussi appréciait-il particulièrement ces interludes littéraires qui lui permettaient d'affiner sa pensée, tant sur des considérations artistiques que sur des préoccupations plus prosaïques, sans pour autant l'interrompre dans son travail (comme une visite intempestive dans son atelier...).
![]() H. Matisse - Jazz, planche XVIII, Le lagon II, 1947 Photo : Archives Matisse / © Succession H. Matisse |
L'importance et le nombre des prêts consentis pour cette exposition sont tout à fait remarquables au regard des difficultés à obtenir le prêt d'œuvres d'Henri Matisse en provenance de musées ou de collections privées. En effet, ces œuvres sont souvent des pièces maîtresses d'institutions nationales ou internationales qui hésitent à s'en séparer. Les études pour le projet de la Chapelle du Rosaire à Vence, par exemple, ne sont qu'exceptionnellement déplacées du fait de leur format monumental et de leur grande fragilité. Enfin, le nombre important d'expositions dans le monde consacrées à l'œuvre du peintre contraint les Héritiers Matisse à n'accorder des prêts qu'à très peu d'institutions, notamment pour des raisons de conservation.
Grâce à l'intérêt de la communauté scientifique pour le propos didactique de l'exposition, à la confiance accordée au Musée du Luxembourg, à la réputation de Hanne Finsen, commissaire de l'exposition, ainsi qu'à ses relations privilégiées tant avec les Héritiers Matisse qu'avec les directeurs d'institutions culturelles et collectionneurs privés, le Musée du Luxembourg (associé au Louisiana) est en mesure de présenter une centaine d'œuvres sur une grande variété de supports : huiles sur toile, gouaches découpées, œuvres graphiques, photographies, lettres illustrées et tapisseries.
Parmi les pièces majeures :- La Gerbe, 1953, œuvre monumentale et ultime de Matisse en provenance de Los Angeles (Hammer Museum). Ce chef-d’oeuvre n’a jamais été exposé en France.
- La Perruche et la Sirène, (337 x 773 cm) une gouache découpée de la collection du Stedelijk museum d’Amsterdam, très importante par sa taille et sa place dans l’œuvre de Matisse
- La série complète de planches au pochoir d’après des collages de Matisse pour Jazz (ouvrage édité par Tériade en 1947)
- Deux tapisseries Polynésie (Ciel et Mer), 1946, tissées par la Manufacture des Gobelins (Musée des arts décoratifs danois) d’après les cartons de Matisse
- Nature morte au rouge de Venise, 1946, une huile sur toile provenant des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
- Philodendron noir et citrons, 1943, huile sur toile des collections du Henie Onstad Kunstsenter, Oslo
- Une série complète de Thèmes et Variations, conservée au Musée Toulouse- Lautrec d’Albi
- Dessin d’arbre, 1939, dessin au crayon en provenance du Musée Pouchkine (Moscou)
- Les deux dernières maquettes préparatoires annotées par Matisse pour Pasiphaé (ouvrage édité par Fabiani en 1944)
- L’Arbre de vie, 1949, une gouache découpée (515 x 252 cm) en provenance des Musées du Vatican qui servit de maquette pour le double vitrail du sanctuaire de la Chapelle du Rosaire à Vence
- Une sélection de lettres et enveloppes illustrées de Matisse à Rouveyre, en provenance de la Bibliothèque royale de Copenhague, qui servira de fil d’Ariane tout au long du parcours de l’Exposition.
Cette exposition célèbrera le travail considérable accompli par Matisse au cours des dernières années de sa vie et l’extraordinaire épanouissement de son art.
Commissaire de l’exposition : Hanne Finsen
De nationalité danoise, Hanne Finsen, est une spécialiste réputée de l’œuvre d’Henri Matisse qu’elle rencontra à Nice en 1951 alors qu’elle était une jeune étudiante en histoire de l’art. Conservateur du Statens Museum for Kunst de Copenhague de 1957 à 1978, elle y organisa la grande rétrospective “Matisse” de 1970. Elle a ensuite dirigé deux autres musées nationaux à Copenhague - le musée d’Hirschprung, de 1978 à 1985, et le musée d’Ordrupgaard, de 1978 à 1995 - et organisé de nombreuses expositions internationales.
En 1993, à Ordrupgaard, elle consacra une importante exposition sur le travail de Matisse pour la Chapelle du Rosaire de Vence.
C’est à l’occasion de l’exposition de 1970 qu’elle découvrit l’existence de la correspondance entre Matisse et Rouveyre à la Bibliothèque royale de Copenhague et qu’elle commença un long travail de classement, de décryptage et d’annotations qui aboutit à la publication de Matisse-Rouveyre, Correspondance, paru chez Flammarion en 2001.
Catalogue
Le catalogue, édité par les éditions Hazan (256 p., 39 €), présentera les œuvres exposées
et bénéficiera
des contributions d’Isabelle
Monod-Fontaine, directrice adjointe du Musée National d’Art Moderne, Catherine Coquio, auteure d’une thèse
de doctorat sur André Rouveyre et professeure à l’Université de Poitiers, Claudine Grammont, historienne
d’art indépendante
et professeur à l’Université d’Amiens, et Anne Coron, spécialiste des gouaches découpées.
En collaboration avec le Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek (Danemark) : 12 août - 4 décembre 2005.