La ratification du traité de Versailles, en 1919, donne
lieu à un long débat parlementaire et constitue le dernier acte important de la Chambre
élue en 1914. Les premières législatives de laprès-guerre, en novembre 1919,
portent sur les bancs de la Chambre des députés une majorité Bleu horizon,
comportant un grand nombre danciens combattants. Au Palais-Bourbon, la majorité revient à une coalition des droites, le
bloc national, tandis quau Sénat, les élections donnent la majorité
aux radicaux. Soupçonné daspirer secrète-ment à la dictature, Clemenceau, le
Père la Victoire, est écarté de la candidature à la présidence de
République au profit de Paul Deschanel. Après Millerand, qui a succédé à Deschanel à
peine élu, cest à nouveau un président du Sénat, le radical modéré Gaston
Doumergue, qui sinstalle à lElysée en 1924. Il fait appel à Edouard
Herriot, président du parti radical, pour constituer le gouvernement. Mais le pays est en
proie à une grave crise financière. Pour faire face au déficit budgétaire, le
gouvernement Herriot doit faire appel à des avances de la Banque de France, dépassant
ainsi le plafond autorisé de circulation monétaire. Mis en minorité sur cette question
devant le Sénat, Herriot démissionne le 10 avril 1925. Linstabilité
ministérielle sinstalle à nouveau, jusquau retour aux affaires de Raymond
Poincaré en juillet 1926. Il parvient à se maintenir pendant trois ans avant de céder
la place à plusieurs cabinets modérés.
Elu à la présidence de la République en mai 1931, Paul
Doumer est assassiné un an plus tard par lanarchiste Gorguloff. Albert Lebrun,
comme Doumer ancien président du Sénat, lui succède. Sur fond de crise économique, les
ministères de son septennat sont voués à léphémère : certains sont renversés
le jour même de leur présentation devant la Chambre ! Depuis la crise du 16 mai 1877,
aucun président de la République na osé recourir à nouveau à la dissolution de
la Chambre. Résultat : lexécutif est paralysé, les Chambres font et défont les
cabinets.
Les chefs de gouvernement déplorent amèrement la
tyrannie de la séance. Trois fois président du conseil entre 1925 et 1934, André
Tardieu fait ses comptes : Les interventions personnelles du chef
de gouvernement étaient de douze par mois sous le ministère Méline de 1896,
de onze par mois sous le ministère Clemenceau de 1906. Vingt-quatre ans plus tard, je
suis arrivé au taux de vingt-cinq par mois, soit deux fois plus que ce quavaient
connu les plus attaqués de mes prédécesseurs. En 1930-1931, jai dû être
présent en trois cent vingt-neuf séances, parler en de vrais discours cent
soixante-douze fois, comparaître quatorze fois pendant des après-midi entiers devant les
commissions des deux Chambres. Lantiparlementarisme connaît alors une
nouvelle poussée de fièvre, alimentée par des scandales auxquels sont mêlées des
personnalités politiques (affaire Hanau, scandale Oustric, affaire Stavisky).
La crise du régime culmine le 6 février 1934, quand des
anciens combattants, des membres des ligues et les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque
marchent sur le Palais-Bourbon. Daladier résiste au coup de force, mais doit
démissionner le lendemain. A nouveau, les ministères se succèdent, jusquaux
élections de 1936 qui voient la victoire du Front Populaire. Devenu le parti le plus
représenté à la Chambre après les législatives de mai 1936, le parti socialiste
revendique et obtient la présidence du Conseil, confiée à Léon Blum. Mais ce dernier
se heurte à des difficultés économiques et politiques considérables et lorsque, le 15
juin 1937, il demande les pleins pouvoirs financiers, la Chambre des députés les lui
accorde, mais le Sénat les lui refuse. Blum démissionne le 21 juin. En avril de
lannée suivante, il se heurtera à nouveau à lopposition du Sénat, et
notamment à celle de Joseph Caillaux, président de la commission des Finances.
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