Mme Françoise Laborde, Présidente du groupe d’amitié France-Irlande,Mme Catherine Morin-Desailly, MM. René Garrec, Jean-François Humbert et Jean-Pierre Vial, Sénateurs, ainsi que M. Owen Finey, Conseiller à l’Ambassade d’Irlande, ont participé à un petit déjeuner de travail, le 13 février 2013, au Sénat, avec son Exc. M. Paul Kavanagh, Ambassadeur de la République d’Irlande à Paris.

M. Paul Kavanagh a tout d’abord tenu à mettre en avant le succès des négociations entre l’Irlande et la Banque centrale européenne (BCE) concernant la recapitalisation de la dette de l’Anglo-Irish Bank. Il a rappelé que le coût de la dette de cette banque était d’environ 3,4 milliards d’euros par an pour le budget irlandais (soit un remboursement total d’environ 31 milliards d’euros). Avec l’accord de la Troïka (FMI + BCE + Commission européenne), cette dette a été transformée en obligations d’Etat négociables par la Banque centrale irlandaise, cette dernière ayant considéré que cette transformation ne constituait pas une aide monétaire. Ainsi, cette mesure a permis à l’Etat irlandais d’économiser près de 20 milliards d’euros pour les dix prochaines années. Cet accord permet également d’augmenter la marge de manœuvre pour les comptes du budget de la nation irlandaise, le taux de placement des obligations irlandaises à dix ans s’élevant actuellement à 3,8 % contre 15 % à l’été 2012.

M. Paul Kavanagh a également insisté sur l’objectif prioritaire de la politique économique irlandaise : ramener le déficit du budget de l’Etat à 3 % du PIB en 2015 (alors qu’en 2011, il était de 7,5 %).

Mais le succès de la politique irlandaise en matière financière et le retour à la croissance économique ne s’accompagnent pas d’une baisse sensible du chômage (actuellement 14,6 % de la population active). En effet, l’embellie économique du pays est essentiellement basée sur les exportations, soutien de cette reprise. La persistance d’un chômage très élevé chez les jeunes a fait resurgir le mouvement traditionnel d’émigration, celle-ci étant toutefois une émigration de formation avec une volonté marquée de retour au pays.

Par ailleurs, malgré la crise économique, le taux d’épargne des Irlandais demeure important (14 %).

M. Paul Kavanagh a également salué les efforts du Président François Hollande en faveur de l’emploi et de la compétitivité dans les objectifs européens affichés lors du dernier Sommet. Pour sa part, la Présidence irlandaise de l’Union européenne favorisera la mise en place de la supervision bancaire, du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et de la recapitalisation des banques.

Suite à une remarque de M. Jean-Pierre Vial, l’Ambassadeur d’Irlande a insisté sur le fait que la Présidence irlandaise souhaitait prendre toutes les dispositions nécessaires afin de faciliter le processus d’harmonisation de l’assiette fiscale proposée par l’Union Européenne. Il a également indiqué qu’elle faciliterait la mise en place du dispositif de taxation des transactions financières.

Mme Françoise Laborde a remarqué que la présidence tournante de l’Union Européenne permettait à la nation en charge de celle-ci, de dépasser le simple cadre de la défense de ses intérêts propres. Elle doit mettre en musique les dispositions précédemment adoptées et préparer la Présidence suivante.

M. Paul Kavanagh a noté qu’il existe dès à présent des dispositions dans les Traités européens permettant de régler certains problèmes. Selon lui, il n’est pas souhaitable d’envisager une modification éventuelle de ces traités.

A la demande de M. Jean-François Humbert, l’Ambassadeur d’Irlande a indiqué que la production agricole et agro-alimentaire de son pays était fortement exportatrice. La France représente le troisième marché d’exportation de produits agricoles et agro-alimentaires pour l’Irlande (fruits de mer, agneau, whisky).

Mme Catherine Morin-Desailly a souhaité connaître les objectifs de la Présidence irlandaise en matière de gouvernance de l’économie numérique. Elle a indiqué qu’à l’issue d’auditions qu’elle conduit sur ce sujet, il lui semblait important de tirer la sonnette d’alarme avant que l’Europe ne subisse un véritable sous-développement en ce domaine.

M. Paul Kavanagh a indiqué que le développement de l’économie numérique et la mise en place d’une législation relative à la protection des données à caractère personnel demeuraient un objectif important pour la Présidence irlandaise. L’Europe doit impérativement adapter son cadre juridique à ces nouvelles technologies afin de répondre au défi lancé par les autres puissances (Etats-Unis, Chine, Inde) et, à plus long terme, par l’Afrique. Il a également confirmé que l’avancement de l’agenda électronique était un moyen essentiel dans l’objectif de compétitivité et de création d’emplois voulu par l’Union européenne.

Mme Morin-Desailly a souhaité que la politique européenne soit plus offensive en matière de recherche et de développement. L’Europe ne doit pas constituer, à l’horizon 2020, un marché au seul bénéfice de puissances économiques extra-européennes.

Mme Françoise Laborde a souligné la frilosité des Européens vis-à-vis des nouvelles technologies, confirmant aux yeux des autres nations le caractère passéiste d’une partie de l’opinion européenne.

En conclusion, l’Ambassadeur d’Irlande a confirmé que son pays s’emploierait à mettre en œuvre dans les meilleures conditions le récent accord européen sur la création d’un fonds d’aides de 6 milliards d’euros pour l’aide à l’emploi des jeunes.

Mme Françoise Laborde a indiqué qu’elle se rendrait à Dublin les 21 et 22 février 2013 pour l’inauguration du bureau permanent de « Campus-France ». Elle a également annoncé que le groupe interparlementaire France-Irlande souhaitait se déplacer à Dublin du 7 au 11 mars.

Accueillant très positivement ce projet, M. Paul Kavanagh a indiqué qu’il quitterait son poste actuel au mois d’août prochain, étant nommé Ambassadeur de la République d’Irlande à Pékin et qu’il serait remplacé par M. Rory Montgomery, actuel ambassadeur d’Irlande auprès de l’Union européenne.

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