M. Jean-Marie Bockel, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Pays baltes, a reçu pour un déjeuner de travail S.E. M. Sven Jürgenson, Ambassadeur de Lettonie en France. MM. Jean-Léonce Dupont, Questeur du Sénat, François Bonhomme, président délégué du groupe d’amitié, Jean-Claude Requier, secrétaire, Mme Gisèle Jourda et M. Christian Manable, Sénateurs, ont participé à cette rencontre.

Le Président a d’abord présenté le groupe d’amitié et ses membres. Les Sénateurs ont exprimé le souhait que M. l’Ambassadeur livre son analyse de la situation géopolitique actuelle.

M. Jürgenson a jugé que la cyber-attaque menée contre des sites estoniens en 2007, à la suite de tensions autour du projet de déplacement d’une statue à la mémoire des soldats soviétiques de la Seconde Guerre mondiale, a révélé la réalité de la « menace russe », longtemps sous-estimée. L’Estonie espère que le sommet du Partenariat oriental, qui se tient à Riga les 21 et 22 mai, confirme la perspective européenne des six pays concernés. Si celle-ci n’est pas réaliste à l’heure actuelle, elle est néanmoins déterminante pour le développement de ces partenaires. Le Partenariat oriental n’est pas dirigé contre la Russie et répond à une aspiration des pays concernés plutôt qu’à une volonté expansionniste de l’Union européenne.

Interrogé à ce sujet par le Président, l’Ambassadeur a estimé que les minorités russophones, présentes principalement dans le Nord-Est du pays et à Tallinn, n’étaient plus un problème pour l’Estonie, mais constituaient toujours un enjeu. En effet, les chaînes de télévision russes ont une large audience et relaient efficacement des points de vue – notamment sur les dossiers de la Crimée et de l’Ukraine – qui ne sont pas ceux du gouvernement estonien. M. Jürgenson a d’ailleurs souligné que l’Estonie, qui travaillait au lancement d’une chaîne publique en langue russe, cherchait des soutiens en Europe afin de proposer une offre alternative à l’offre de télévision russe. Cependant, les russophones d’Estonie ne se font guère entendre, puisqu’ils sont très satisfaits de leur situation, ce qui constitue, d’après M. Jürgenson, le meilleur gage de stabilité. Il s’agit maintenant de faire progresser encore l’intégration de la société estonienne. Par ailleurs, l’Ambassadeur a déploré la récente dégradation de la coopération russo-estonienne sur le plan technique, par exemple entre les gardes-frontière.

L’Ambassadeur et les Sénateurs ont également évoqué quelques projets franco-estoniens exemplaires. Ainsi, depuis 2013, un officier français est détaché auprès du Centre d’excellence en cyberdéfense de l’Otan, installé à Tallinn. La France participe à la mission d’assistance et de police du ciel de l’espace aérien des trois pays baltes. Sur le plan économique, les développements sont positifs ; de grandes entreprises françaises sont déjà présentes en Estonie, mais les petites et moyennes entreprises tant françaises qu’estoniennes peinent à sortir de leurs frontières.

M. Jürgenson a relevé l’absence de relations bilatérales fortes et anciennes entre la France et l’Estonie. Cependant, la francophonie progresse ; l’Estonie a été admise au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en tant qu’observateur en 2010, et le nombre de fonctionnaires et de militaires formés à la langue française progresse. Par ailleurs, il existe des projets dans le domaine culturel, tels que ceux portés par les villes de Tallinn et de Carcassonne dans le cadre de leur nouveau jumelage, le travail mené autour de Pontus de la Gardie, Languedocien devenu gouverneur d’Estonie, ou encore l’exposition consacrée à Georges Brassens et à Joha Heiman, sa muse estonienne, par l’ambassade d’Estonie à Paris.

En conclusion, le Président a rappelé le souhait des membres du groupe d’amitié de développer les échanges avec les parlementaires estoniens. L’Ambassadeur, en poste à Paris depuis 2010, a annoncé qu’il quitterait ses actuelles fonctions à l’été.

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