A l’initiative de sa présidente Mme Catherine PROCACCIA, le groupe d’amitié France-Vanuatu-Îles du Pacifique a organisé un entretien avec Son Exc. M. Christian LECHERVY, Ambassadeur, Secrétaire permanent pour le Pacifique, afin d’échanger sur les questions d’actualité concernant cette région.

Ont également participé à cette rencontre : M. François COMMEINHES, président délégué pour le Vanuatu,  M. Jean-Claude FRÉCON, secrétaire, et Mme Delphine BATAILLE, M. Jacques GAUTIER, M. Rachel MAZUIR,     M. Yves ROME, membres du groupe.

Évoquant son récent déplacement en Polynésie française  à l’occasion de la réunion du comité directeur du Fonds Pacifique, M. Christian LECHERVY a d’abord souligné l’intérêt des projets dans les domaines sportif et culturel dans le développement des relations interrégionales dans le Pacifique. Les Jeux du Pacifique notamment, organisés tous les quatre ans – entrecoupés des mini-Jeux tous les deux ans – connaissent un vif succès et sont portées par le dynamisme des fédérations sportives, insérées dans les instances internationales. Ces grandes manifestations ont de multiples retombées, très positives, (sur les infrastructures, l’artisanat, les services publics…) même si, côté financement, comme à Wallis‑et‑Futuna, des aides complémentaires et extérieures sont parfois nécessaires. Les prochains Jeux du Pacifique se tiendront à Tonga en 2019.

Interrogé sur les raisons du prochain déplacement du Président Hollande en Polynésie et à Wallis-et-Futuna, M. Christian LECHERVY a ensuite précisé qu’il s’agissait d’un engagement pris durant sa campagne de visiter l’ensemble des territoires ultra-marins pendant son mandat ; le déplacement   a de plus une dimension historique puisque ce sera le premier voyage d’un Président de la République à Futuna et le second à Wallis depuis celui du Président Valéry Giscard d’Estaing il y a 35 ans. S’agissant de la collectivité de Wallis-et-Futuna en particulier, les défis sont multiples. Au plan institutionnel,  il a rappelé que le statut de 1961 prévoit que les compétences  concernant les relations extérieures et la communication relèvent du préfet-administrateur et non du territoire. Au niveau de la desserte,  le désenclavement physique du territoire passe par le développement du transport aérien et le numérique (un document de stratégie numérique a défini les  priorités dans le 11e FED doté de 12 millions d’euros) pour assurer la liaison entre Wallis‑et‑Futuna, Fidji et les Îles Samoa. En tous cas, le choix du câble est préférable à celui du satellite qui ne permet pas le même débit et a des coûts plus élevés.

Répondant à Mme Catherine PROCACCIA qui l’a interrogé sur la situation au Vanuatu et sur Fidji, M. LECHERVY a aussi rappelé que le Président du Vanuatu a été amené à dissoudre le Parlement à la suite de l’inculpation de 14 députés, dans une affaire de corruption, sur un total de 52 membres du Parlement. Les élections se sont, de l’avis général, bien déroulées et ont été libres et transparentes, comme l’ont reconnu les observateurs du Groupe mélanésien fer de lance dont fait partie le FNLKS. Mais le Parlement issu de ces élections en ressort atomisé, avec 17 formations, le parti arrivé en tête détenant à peine 6 sièges. Une coalition, composée de 8 partis, a pu néanmoins être formée la semaine dernière, ce qui a conduit à la nomination de M. Charlot SALWAI, homme politique de compromis appartenant au centre-droit, francophone et originaire de l’île de Pentecôte. Avec 46 voix sur 52, sachant que son propre parti ne dispose que de 3 sièges, la composition de son gouvernement reste malgré tout fragile. Les priorités annoncées de ce gouvernement sont, entre autres, la réforme de la Constitution, la politique touristique, et la rénovation de l’aéroport endommagé par les gros porteurs de l’aide humanitaire.

Quant à Fidji, M. LECHERVY a relevé que ce pays a fait le choix du  tourisme de masse (700 000 visiteurs par an), avec une proportion croissante de visiteurs chinois qui tendent à remplacer la clientèle américaine. Au plan commercial, la France a quelque grandes entreprises implantées sur place, comme Total. Fidji est une puissance régionale qui compte et qui a développé ses relations avec le Japon, la Chine, ou encore l’Inde.

Fidji apparaît comme le nœud entre différents acteurs dans le jeu de la globalisation, sachant qu’à ses yeux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ne sont pas réellement des États océaniens. Il faut souligner aussi que Fidji accueille beaucoup de sièges d’organisations internationales, l’Université du Pacifique Sud, etc.

Concernant l’Indonésie, qui commence à entrer dans le jeu régional, il s’agit d’un État bien disposé à l’égard de la France, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation, et de la formation professionnelle…

Répondant aux questions de M. Rachel MAZUIR, Mme Delphine BATAILLE, MM. François COMMEINHES, Jean‑Claude FRÉCON, Yves ROME et Jacques GAUTIER, M. LECHERVY a également abordé de nombreux autres sujets : l’exploitation des fonds marins  à Wallis‑et‑Futuna ; l’accès aux terres rares dans le Pacifique, l’exploitation des gisements de gaz en Papouasie-Nouvelle-Guinée ; la protection des ressources halieutiques ainsi que la question du transport aérien  et du développement touristique dans cette région...

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