Le 10 février 2016, le groupe interparlementaire d’amitié France-Vietnam a reçu M. Olivier Chiche-Portiche, directeur de la Coordination géographique à Campus France, et Mme Adèle Martial-Gros, chef de pôle en charge de l’Asie au ministère des Affaires étrangères et du Développement international, au cours d’un déjeuner de travail.

Étaient présents Mme Catherine Deroche, Présidente du groupe d’amitié ; Mmes Marie-Christine Blandin, Marie-Annick Duchêne, Nicole Duranton, Hermeline Malherbe, Catherine Tasca  et MM. Philippe Adnot, Yvon Collin, Vincent Eblé.

Avec plus de 5 000 vietnamiens présents dans ses universités chaque année, la France est la sixième destination mondiale des étudiants vietnamiens, et la première européenne. Évoquant les 1,3 million d’euros alloués au programme de bourses d’excellence du Gouvernement français pour les étrangers souhaitant effectuer un Master ou un doctorat en France, Mme Martial-Gros s’est dite préoccupée par le maintien du programme boursier vietnamien (« programme 911 ») soutenant la mobilité des vietnamien à l’étranger, notamment en France. L’attractivité de plus en plus forte des universités chinoises, japonaises et australiennes a, de fait, induit une diminution de 20 % du nombre de ces étudiants depuis 2010.

Notant une concentration des étudiants vietnamiens dans les filières d’éco-gestion, des sciences de l’ingénieur et du droit, M. Chiche-Portiche a également souligné l’ancienneté des relations franco-vietnamiennes dans le domaine de la santé. La France a mis en place des dispositifs d’accueil des médecins étrangers voulant se spécialiser, mais le statut de fellowship (formation complémentaire sur 2 ans), très répandu dans les pays anglo-saxons, n’est pas encore appliqué en France. Il le sera dans la loi de modernisation de notre système de santé. En outre, les conditions d’obtention de visas, facilitées pour les Masters et les doctorats, ne le sont pas pour les étudiants désireux d’effectuer leurs  années de licence en France.

Malgré une nette diminution du nombre d’étudiants vietnamiens, notre pays, selon M. Chiche-Portiche, dispose d’un important rayonnement au Vietnam. Différents projets d’enseignement y sont financés, en éco-gestion depuis 1992 (Centre franco-vietnamien de formation à la gestion, CFVG), et en ingénierie depuis 1997 (Programme de formation d’ingénieurs d’excellence au Vietnam, PFIEV). L’Université des sciences et des technologies de Hanoi (USTH), parrainée par plus de 50 établissements français depuis 2010, est désormais capable de former ses propres enseignants et ainsi d’alléger la contribution française sur place.

Les enseignements au sein de ces établissements s’effectuent principalement en anglais, dans un souci d’attractivité. En revanche des cours obligatoire de français y sont dispensés afin d’assurer un niveau B2 aux étudiants diplômés. La langue française n’a pas perdu de son intérêt pour les vietnamiens, qui restent très demandeurs de séjours linguistiques de courte durée en France.

En 10 ans, de plus en plus d’établissements internationaux se sont créés au Vietnam, répondant à la forte demande de la population. Selon Campus France, les familles, prenant conscience de la valeur de ces formations, investissent dans l’éducation de leurs enfants. Ce dynamisme entraîne une multiplication des établissements étrangers au Vietnam, notamment de l’Allemagne, et se fait actuellement au détriment de la France.

En conclusion, Mme Martial-Gros a insisté sur l’importance de concurrencer ces formations. L’attractivité de l’enseignement français doit être préservée en combinant les offres de bourses et le système de sécurité sociale français. De surcroît, tous les efforts doivent être faits pour que, de son côté, le Vietnam maintienne ses quotas de bourses de mobilité. Malgré la volonté du pays de voir les établissements français se délocaliser sur son territoire, il est important de conserver la mobilité et l’attractivité du Vietnam vers la France. Sur ce point, développer les liens avec les entreprises françaises et établir des cofinancements boursiers avec celles-ci permettaient de maintenir cet intérêt pour les formations françaises. Le développement du réseau France-Alumni Vietnam, constitué des anciens étudiants vietnamiens diplômés du système éducatif français, permettra également de les promouvoir.

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