M. Bernard Fournier (UMP – Loire), président du groupe interparlementaire d’amitié France-Albanie, a reçu en entretien, au Sénat, S. E. M. Ylljet Aliçka, ambassadeur d’Albanie en France.

Celui-ci a d’abord procédé à un tour d’horizon de la situation politique dans son pays. Il a indiqué que le climat politique s’y était récemment apaisé, les différentes formations représentées au Parlement s’étant mises d’accord pour réformer la loi électorale après le ralliement de la majorité à cette revendication ancienne de l’opposition. En outre, une enquête a été diligentée pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de plusieurs personnes, en janvier dernier, lors d’une manifestation organisée par l’opposition à Tirana. L’ambassadeur a indiqué que le Premier ministre albanais, M. Sali Berisha, avait été victime d’un malaise, pendant un discours prononcé la veille. Cet incident a suscité des spéculations dans la presse sur l’état de santé du chef du gouvernement, mais les vœux de rétablissement que le chef de l’opposition, M. Edi Rama, lui avaient aussitôt adressés ont été fortement appréciés et ont contribué à apaiser les relations entre les deux principales forces politiques du pays.

La capitale, Tirana, connaît d’importantes évolutions, en particulier depuis l’élection, en juin dernier, de M. Lulzim Basha, « valeur montante » du Parti démocratique au pouvoir. Le nouveau maire, qui a battu M. Edi Rama, a entrepris d’importantes réformes en matière de circulation automobile, d’urbanisme et de développement des parcs et jardins.

Néanmoins, des sources de tension demeurent. L’élection du président de la République doit avoir lieu en 2012. L’opposition demande que le chef de l’Etat soit élu au suffrage universel, alors que la Constitution prévoit son élection par le Parlement, avec une majorité qualifiée. Des informations, parfois fantaisistes, circulent sur le nom des candidats. Les cérémonies organisées à Tirana à l’occasion du décès, le 30 novembre dernier, de Leka, prétendant au trône albanais, ont conduit à engager un débat sur le rétablissement de la monarchie. Or, les Albanais, consultés par référendum, en 1997, dans un contexte très particulier marqué par l’effondrement des « pyramides » financières, avaient accordé le tiers de leurs suffrages à cette option.

S. E. M. Ylljet Aliçka a rapporté la profonde satisfaction ressentie par M. Sali Berisha, lors de son récent déplacement en France, du 6 au 9 décembre dernier. Le chef du gouvernement albanais y a notamment rencontré le Premier ministre ainsi que le ministre de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, M. Éric Besson. Ces entretiens ont été l’occasion de souligner la grande qualité des relations entre la France et l’Albanie et d’évoquer la perspective européenne de l’Albanie. La France soutient ce mouvement et rappelle que le processus d’élargissement de l’Union européenne suppose que les pays qui ont l’ambition de la rejoindre effectuent les réformes nécessaires pour y parvenir. Ces entretiens bilatéraux ont également permis d’aborder les questions régionales, en particulier la situation dans les Balkans occidentaux, la diplomatie modératrice de l’Albanie au Kosovo étant particulièrement appréciée.

L’ambassadeur a également salué les engagements pris de manière à intensifier les relations économiques entre nos deux pays, en particulier dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des transports, qui ont fait l’objet d’une récente mission d’entreprises françaises en Albanie. Il a rappelé que son pays obtenait de très bons résultats économiques en dépit de la crise actuelle. Il s’est félicité de ce que la stabilité de l’économie albanaise soit reconnue par les institutions financières internationales. Il a indiqué que le Premier ministre albanais avait répondu favorablement à l’invitation qui lui avait été faite de participer comme invité d’honneur au symposium « Nouveau Monde », qui se tiendra au ministère de l’économie et des finances, à Paris, le 5 janvier 2012.

L’ambassadeur, soulignant l’excellence des relations interparlementaires franco-albanaises, a fait part du souhait de la présidente du Parlement albanais, Mme Jozefina Topalli, que son homologue du Sénat français puisse se rendre en Albanie dès que son emploi du temps le lui permettrait.

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