Le 25 avril 2013 |
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N° 140 SESSION ORDINAIRE DE 2012-2013 |
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rÉsolution europÉenne sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant
l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement (E
7828). |
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Est devenue
résolution du Sénat, conformément à l’article 73 quinquies, alinéas 4 et 5, du
Règlement du Sénat, la résolution adoptée par la commission du développement
durable dont la teneur suit : |
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Voir
les numéros : Sénat : 444 (2012-2013). |
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la
Constitution,
Vu la proposition de
directive du Parlement européen et du Conseil COM (2012) 628 final modifiant la
directive 2011/92/CEE concernant l'évaluation des incidences de certains
projets publics et privés sur l'environnement (E 7828),
Rappelle que la législation
européenne a été modifiée par la directive 2011/92/UE du Parlement européen et
du Conseil, du 13 décembre 2011, précitée, concernant l'évaluation des
incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement, du
13 décembre 2011, entrée en vigueur le 17 février 2012 ;
Fait valoir que la loi n°
2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement,
dite « loi Grenelle II » a fait l'objet de trois décrets
d'application entrés en vigueur le 1er juin 2012, notamment le
décret n° 2011‑2018 du 29 décembre 2011 portant réforme de
l'enquête publique relative aux opérations susceptibles d'affecter l'environnement
et le décret n° 2011-2019 du 29 décembre 2011 portant réforme des études
d'impact des projets de travaux, d'ouvrages ou d'aménagements ;
Observe que cette évolution
récente n'a pas encore pu être évaluée ;
Souligne que la nouvelle
proposition tend à modifier très sensiblement la portée de l'évaluation en
ajoutant l'ensemble des chantiers de démolition au champ couvert jusqu'à
présent – qui se limitait implicitement à certains d'entre eux – et en étendant
les problématiques environnementales pour prendre en compte la biodiversité, le
changement climatique et l'exposition aux catastrophes d'origine naturelle ou
humaine ;
Observe que le texte
proposé aurait en particulier pour effet d'imposer au maître d'ouvrage une
obligation inédite consistant à élaborer un scénario « de référence »
décrivant l'évolution possible de l'état de l'environnement ; que la
proposition rend de fait obligatoire l'examen au cas par cas, facultatif
jusqu'à présent ; qu'elle impose à l'administration d'opérer désormais un
« cadrage préalable » systématique de l'évaluation environnementale
engageant sa responsabilité, alors que la procédure facultative actuelle n'est
qu'un simple avis technique ;
Remarque l'apparition à
plusieurs reprises dans la proposition de phrases ou membres de phrase
transférant pour partie à l'administration la responsabilité de conduire ou
d'achever une évaluation des incidences environnementales ;
Souligne que la proposition
impose de recourir à un expert, ou à l'un des « comités d'experts
nationaux » dont la composition reste totalement imprécise ;
Souligne que la proposition
comporte des délais qui allongent l'ensemble de la procédure, tout en
raccourcissant de manière spectaculaire le temps laissé à l'intervention du
public ;
Souligne que, d'après
l'étude d'impact législatif établie par la Commission européenne en vue de la
directive 2011/92/UE du Parlement européen et du Conseil, du 13 décembre 2011,
précité, une évaluation des incidences environnementales durait en moyenne 11,6
mois, la plupart des évaluations durant entre 5 et 27 mois ;
Demande en
conséquence :
– que toute révision
des textes européens dans ce domaine soit repoussée jusqu'à ce que l'expérience
permette d'apprécier les conséquences du régime institué par la même directive
2011/92/UE dans sa rédaction du 13 décembre 2011,
– qu'une révision
ultérieure évite de mettre des dépenses supplémentaires à la charge du maître
d'ouvrage ou de l'administration,
– qu'en tout état de
cause, les responsabilités actuelles de chaque intervenant soient maintenues,
– que les délais de
mise en œuvre ménagent aux États membres le maintien d'une marge
d'appréciation,
– que le Gouvernement
défende et fasse valoir ces orientations auprès des institutions européennes.
Devenue résolution du Sénat le 25 avril 2013.
Le
Président,
Signé :
Jean-Pierre BEL