N° 65 SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014 21 janvier 2014 |
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rÉsolution europÉenne sur la citoyenneté européenne. |
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Est devenue
résolution du Sénat, conformément à l’article 73 quinquies, alinéas 4 et 5, du
Règlement du Sénat, la résolution adoptée par la commission des lois dont la
teneur suit : |
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Voir
les numéros : Sénat : 230 (2013-2014). |
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la
Constitution,
Vu les articles 9 et 11 du
traité sur l'Union européenne,
Vu les articles 20 à 25 du
traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,
Vu la Charte des droits
fondamentaux de l'Union européenne et notamment son chapitre V,
Vu le rapport de la
Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des régions du 8 mai 2013 « Rapport 2013 sur la
citoyenneté de l’Union – Citoyens de l’Union : vos droits, votre
avenir » [COM (2013) 269],
Souligne que la citoyenneté
européenne est un acquis majeur de la construction européenne ; qu'elle
contribue au rapprochement des peuples qui est au cœur du projet européen ;
Rappelle que le traité de Lisbonne
a cherché à donner un contenu plus concret à la citoyenneté européenne,
notamment par la création d'une initiative citoyenne ; que les droits des
citoyens européens résultent aussi de la Charte des droits fondamentaux qui est
désormais juridiquement contraignante ; que la citoyenneté a été mieux prise en
compte dans l'organisation de la Commission avec la mise en place d'un nouveau
portefeuille « Justice, droits fondamentaux et citoyenneté » ;
Prend acte de l'initiative
prise par le Conseil et le Parlement européen de proclamer 2013 Année
européenne des citoyens ; rappelle que cette initiative est destinée à mieux
faire connaître les droits associés à la citoyenneté de l'Union, les politiques
et les programmes qui existent pour favoriser l'exercice de ces droits, à encourager
un débat sur les politiques de l'Union et à amplifier la participation civique
et démocratique à ces politiques ; suggère qu'une citoyenneté européenne
d'honneur soit attribuée aux titulaires du Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit
décerné chaque année par le Parlement européen ;
Fait valoir que,
conformément à la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne,
une personne ne peut être privée en droit ou en fait des droits liés à la
citoyenneté européenne ;
Constate toutefois que la
citoyenneté européenne demeure encore entravée par de nombreux obstacles, en
particulier dans la mise en œuvre de la liberté de circulation et de séjour,
ainsi que dans l'exercice des droits électoraux ;
Estime que beaucoup de
difficultés demeurent en raison d'une conception restrictive de la citoyenneté
; qu'en particulier l'obligation de choisir une nationalité a pour effet de
limiter le droit de vote ; que, plus généralement, la citoyenneté européenne
sera vécue plus concrètement par le développement des rencontres et des
échanges entre les cultures des États membres ;
Relève que l'existence de
la citoyenneté européenne est conditionnée par les conditions d'acquisition de
la nationalité dans chacun des États membres ; suggère, en conséquence, la mise
en place d'un mécanisme intergouvernemental d'alerte qui permettrait aux États
membres d'échanger entre eux sur les décisions relatives à la nationalité qui
sont de nature à impacter la citoyenneté européenne ;
Juge nécessaire de donner
un contenu plus concret à la citoyenneté européenne, notamment en renforçant le
volet social et la dimension culturelle de la construction européenne ;
souligne que les actions en direction de la jeunesse doivent être encouragées,
et se félicite que le label Erasmus recouvre désormais l'ensemble des actions
en matière d'éducation, de formation et de jeunesse, comme l'avait suggéré le
Sénat dans sa résolution du 11 avril 2012 ;
Fait valoir que la
citoyenneté européenne ne pourra pas se développer sans une bonne information
des citoyens sur la situation des autres États membres ; rappelle que, dans sa
résolution du 9 octobre 2013, le Sénat a demandé la création d'une station de
radio française « Radio France Europe » : R.F.E., destinée à mieux faire
connaître, dans tous les domaines, la vie quotidienne de nos partenaires
européens ;
Déplore que les citoyens ne
soient pas bien informés des relations entre la France et l'Union européenne ;
demande, en conséquence, la transmission au Parlement d'un document de synthèse
retraçant l'ensemble de ces relations ; fait valoir qu'un tel document
permettrait en particulier d'expliciter de façon concrète les actions de
l'Union européenne en France ainsi que les positions françaises défendues dans
les négociations européennes et la façon dont elles sont prises en compte par
les institutions européennes ;
Considère que la lisibilité
par le citoyen de la contribution française au budget européen devrait aussi
être renforcée ; qu'à cette fin, au moment du vote en loi de finances, le
montant global des retours dont bénéficie notre pays devrait ressortir de façon
plus explicite qu'une mention dans une annexe au projet de loi de finances ;
qu'en outre, les documents accompagnant les déclarations d'impôts devraient
signaler explicitement la contribution moyenne au budget européen et les
retours estimés des grandes catégories de la population ;
Souligne que la citoyenneté
européenne doit aussi s'exercer à travers une participation active au processus
de décision ; invite, en conséquence, les acteurs de la société civile et les
parties prenantes à répondre plus systématiquement aux consultations organisées
par la Commission européenne ; demande au Gouvernement d'encourager cette
participation en développant l'information sur l'ouverture de ces consultations ;
Relève que les citoyens
européens sont trop souvent confrontés à des difficultés pratiques qui limitent
leurs droits quand ils se déplacent dans l'Union européenne ; encourage, en
conséquence, la Commission à poursuivre les initiatives en vue de lever ces
obstacles ;
Se félicite de
l'augmentation des mariages binationaux au sein de l'Union européenne, mais
constate qu'un nombre accru de séparations de tels couples se solde trop
souvent par une violation de l'intérêt supérieur de l'enfant à rester en lien
avec ses deux parents et ses deux cultures et langues d'origine, ainsi que par
une violation de la liberté de mobilité de certains parents au sein de l'Union
européenne ; suggère, en conséquence, la mise en place d'un mécanisme intergouvernemental
d'alerte qui permettrait aux États membres d'échanger entre eux sur les
décisions relatives à la justice familiale qui sont de nature à impacter la
citoyenneté européenne et garantir le droit d'accès de l'enfant à ses deux
parents ;
Déplore la place
insuffisante des femmes dans les postes de responsabilité des institutions
européennes ; demande, en conséquence, qu'une politique active soit menée tant
par les institutions européennes que par les États membres afin de parvenir à
la parité ;
Juge indispensable, dans la
perspective des prochaines élections européennes, qu'une bonne information des
citoyens soit conduite sur les actions menées par l'Union européenne ; souhaite
que le débat s'organise autour des attentes concrètes des citoyens à l'égard
des institutions européennes ; demande que tout soit mis en œuvre pour
faciliter l'exercice par les ressortissants d'autres États membres de leur
droit de vote tant pour les élections européennes que pour les élections
municipales ; souligne que des listes accueillant davantage de
ressortissants d'autres États membres contribueraient à renforcer le sentiment
de citoyenneté européenne ;
Approuve les
recommandations de la Commission européenne tendant à la transmission
d'informations aux électeurs sur les liens d'affiliation entre partis nationaux
et partis politiques européens, à ce que les partis nationaux et européens
fassent connaître avant les élections le nom du candidat aux fonctions de
président de la Commission qu'ils soutiennent et son programme, à la fixation
par les États membres d'une date commune pour les élections avec une fermeture
des bureaux de vote à la même heure ;
Salue la présentation des
premières initiatives citoyennes européennes ; relève toutefois les difficultés
rencontrées par les organisateurs de ces initiatives pour la mise en place de
systèmes de collectes en ligne et pour le recueil de signatures de citoyens
résidant hors de leur pays d'origine ; déplore le caractère dissuasif de
l'exigence d'un numéro d'identification personnel imposé par la plupart des
États membres ; souligne que des procédures sont nécessaires pour prévenir un
détournement de l'initiative européenne au profit de grands intérêts
économiques ; juge, en conséquence, nécessaire une plus grande sensibilisation
des citoyens, une meilleure infrastructure de soutien, une harmonisation et une
simplification de la réglementation au niveau européen ainsi qu'une
transparence effective sur l'identification des promoteurs d'une initiative
citoyenne ;
Demande au Gouvernement de
défendre ces orientations au sein du Conseil.
Devenue résolution du Sénat le 21 janvier 2014.
Le
Président,
Signé :
Jean-Pierre BEL