N° 27 SESSION ORDINAIRE DE 2014-2015 25 novembre 2014 |
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rÉsolution
europÉenne sur la nécessaire
réforme de la gouvernance de l’internet. |
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Est devenue
résolution du Sénat, conformément à l’article 73 quinquies, alinéas 4 et 5, du
Règlement du Sénat, la résolution adoptée par la commission des affaires étrangères
dont la teneur suit : |
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Voir
les numéros : Sénat : 44, 81 et 102 (2014-2015). |
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la communication de la
Commission au Conseil, du 20 février 1998, intitulée « Enjeux
politiques internationaux liés à la gouvernance de l'internet » (COM (1998)
111),
Vu la communication de la
Commission au Conseil et au Parlement européen, du 28 juillet 1998, relative à
la gestion de l'internet intitulée « Gestion des noms et adresses sur l'internet
‑ Analyse et évaluation, par la Commission européenne, du Livre blanc du
ministre américain du commerce » (COM (1998) 476),
Vu la communication de la
Commission au Conseil et au Parlement européen, du 11 avril 2000,
intitulée « L'organisation et la gestion de l'internet – Enjeux internationaux
et européens 1998 ‑ 2000 » (COM (2000) 202),
Vu la communication de la
Commission au Parlement européen et au Conseil, du 18 juin 2009, intitulée
« La gouvernance de l'internet : les prochaines étapes » (COM (2009) 277),
Vu la communication de la
Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des régions, du 12 février 2014, intitulée
« Politique et gouvernance de l'internet : le rôle de l'Europe à
l'avenir » (COM (2014) 72),
Jugeant impératif de
rétablir la confiance dans l'internet par une refondation de sa gouvernance
actuelle, celle-ci ayant perdu sa légitimité après les révélations d'Edward
Snowden sur la surveillance massive du réseau ;
S'accordant avec la
Commission européenne pour concevoir l'internet comme un espace civiquement
responsable, unifié, régi par une approche multipartenaire, au service de la
démocratie et des droits de l'homme, et dont l'architecture doit être fiable et
reposer sur une gouvernance transparente et inclusive ;
Soulignant aussi que l'internet,
y compris son système de nommage, est un bien commun mondial, ce qui fonde
l'action des États pour assurer que cette ressource profite à tous et,
notamment, que l'attribution des noms de domaine n'obéit pas exclusivement à
des considérations commerciales ;
Estimant que les décisions
relatives à l'architecture de l'internet relèvent de l'intérêt public et
concernent tous ses acteurs, que dès lors sa gouvernance ne saurait être
complètement privatisée et doit reposer sur un dialogue entre technique et
politique ;
Considérant que les
principes de gouvernance de l'internet défendus par la Commission européenne,
quoiqu'ayant reçu le soutien des États membres, n'ont jamais fait l'objet d'un
vote ;
Déplorant que le seul interlocuteur
au Conseil de l’Union européenne pour la Direction générale de la Commission
européenne chargée des réseaux de communication, du contenu et des technologies
(DG Connect) soit le groupe « Télécommunications et société de
l’information » du Conseil de l’Union européenne, ce qui ampute de fait
les discussions sur la gouvernance de leur dimension géopolitique et stratégique ;
Confirme son attachement au
modèle multi-parties prenantes de gouvernance de l'internet, tout en insistant
sur la nécessité de le rendre plus démocratique par une meilleure
représentativité des parties prenantes et de mieux reconnaître la souveraineté
des États et leur rôle spécifique comme garants des droits et des libertés ;
Invite les autorités
françaises à soumettre au Conseil un ensemble cohérent de principes applicables
à la gouvernance de l'internet, reprenant la déclaration issue de la conférence
NETmundial, qui s'est tenue sur ce sujet à São Paulo en avril 2014 ;
Appelle les États membres
de l'Union européenne à s'entendre pour proposer de refonder la gouvernance de
l'Internet autour d'un traité international ouvert à tous les États, assurant
le respect des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques en ligne et
consacrant les principes fondateurs définis à l'issue de cette conférence
NETmundial ;
Propose de rendre plus
démocratique et responsable la gouvernance de l'internet :
– en l'asseyant sur un
réseau de relations transparentes qui formalise les rôles et interactions entre
la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur internet (ICANN),
les registres internet, le World Wide Web consortium (W3C), l'Internet Engineering
Task Force (IETF), le Bureau de la publicité interactive (IAB), l'Union
internationale des télécommunications (UIT), les gestionnaires de serveurs
racine, les opérateurs de noms de domaine de premier niveau... ;
– en transformant le
Forum pour la gouvernance de l'internet en Conseil mondial de l'internet, doté
d'un financement propre et chargé de contrôler la conformité des décisions des
enceintes de gouvernance, qui devront rendre compte de leur action devant lui,
au regard des principes dégagés au NETmundial de São Paulo ;
Recommande d'accueillir en
Europe en 2015 une nouvelle conférence multi-parties prenantes prolongeant
l'événement NETmundial qui s'est déroulé au Brésil en avril 2014, afin de
promouvoir et construire cette nouvelle architecture mondialisée de la
gouvernance d'internet ;
Estime nécessaire de
refonder l'ICANN pour restaurer la confiance dans le système des noms de
domaine en :
– faisant de l'ICANN
une WICANN (World ICANN), de droit international ou, de préférence, de droit
suisse sur le modèle du Comité international de la Croix-Rouge, afin qu'une
supervision internationale du fichier racine des noms de domaine se substitue à
la supervision américaine ;
– rendant la WICANN
responsable devant le Conseil mondial de l'internet ou, à défaut, devant une
assemblée générale interne, doté du pouvoir d'approuver les nominations au
conseil d'administration de la WICANN et les comptes de cet organisme ;
– mettant en place un
mécanisme de recours indépendant et accessible, qui permette la révision d'une
décision de la WICANN, voire sa réparation ;
– établissant une
séparation fonctionnelle entre la WICANN et les fonctions opérationnelles de
l’Autorité chargée de l’adressage sur internet (IANA) pour distinguer ceux qui
élaborent les politiques d'attribution des noms de domaine de ceux qui
attribuent individuellement les noms de domaine ;
– définissant des
critères d'indépendance pour l'essentiel des membres du conseil
d'administration de la WICANN ;
Juge nécessaire d'exiger
avant tout que le groupe directeur prévu par l'ICANN pour organiser la
transition soit composé de membres désignés par les parties prenantes de
l'ICANN selon des modalités transparentes et démocratiques et inclue également
des représentants des autres parties prenantes non représentées aujourd'hui à
l'ICANN.
Devenue résolution du Sénat
le 25 novembre 2014.
Le
Président,
Signé :
Gérard LARCHER