Question de M. SOUVET Louis (Doubs - RPR) publiée le 31/07/1986

M. Louis Souvet demande à M. le ministre de l'éducation nationale s'il entend développer la pratique des langues étrangères dans les écoles maternelles et les petites classes. Etant reconnu que les enfants sont en bas âge très réceptifs aux langues, il conviendrait pour un bon déroulement de leurs études et de leur vie professionnelle future tournée immanquablement vers le monde extérieur de favoriser ces capacités.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 18/09/1986

Réponse. -La plupart des expériences d'enseignement précoce des langues vivantes dans l'enseignement élémentaire et pré-élémentaire ont débuté entre 1973 et 1977, le nombre d'écoles concernées allant croissant au cours de ces années. Les résultats de la dernière enquête effectuée en 1980 montrent cependant un ralentissement dans la mise en place d'expériences nouvelles, bien que la majorité des directeurs d'école intéressés aient entendu poursuivre cette action en mettant toutefois l'accent sur les classes de CM 1 et CM 2, l'une des conditions principales de l'utilité et de l'efficacité d'un tel enseignement étant en effet d'assurer aux élèves le suivi avec les collèges et les lycées. Mis à part l'enseignement de l'allemand en Alsace-Lorraine, qui constitue un cas très particulier étant donné le contexte général et la situation géographique des usagers, on ne peut ignorer les difficultés auxquelles se heurterait une large extension ou une généralisation de ces expériences. Il s'agit notamment de problèmes touchant au choix de la langue, aux horaires d'enseignement et à la formation des maîtres. On peut également se demander, pour au moins deux raisons dont il est nécessaire de tenir compte, s'il est souhaitable de généraliser ou d'étendre largement un tel enseignement : d'une part, les évaluations partielles effectuées n'ont pas prouvé de manière irréfutable que les enfants ayant bénéficié à l'école primaire d'un enseignement en langue étrangère aient été finalement meilleurs élèves dans le cours ultérieur de leurs études (lycées ou collèges) que ceux qui avaient commencé en classe de sixième. D'autre part, on a observé généralement qu'une différence sensible s'installait à cette occasion entre les enfants en fonction du niveau socioculturel des familles (ceux qui appartiennent à des milieux favorisés obtenant de meilleurs résultats). On note également qu'après une première période favorable les enfants qui éprouvent des difficultés dans l'ensemble des activités scolaires ne progressent plus que malaisément dans cet apprentissage précoce et l'on peut s'interroger sur l'utilité d'ajouter une difficulté supplémentaire à celles qu'ils rencontrent en parcourant normalement le cursus scolaire. S'il est certain que cet enseignement précoce des langues vivantes est bénéfique sous certaines conditions, il subsiste cependant de tels problèmes que le ministère de l'éducation nationale se préoccupe actuellement de préciser à nouveau les conditions d'organisation et les méthodes pédagogiques adaptées propres à donner à cet enseignement, là où il existe, le fonctionnement le plus favorable.

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