Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 11/01/1990

M. Jacques Habert fait part à M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, de l'angoisse, qu'il partage certainement, de tous les Français qui ont connu et aiment le Cambodge, devant les menaces que les Khmers rouges font de nouveau peser sur ce malheureux pays. Pol Pot et ses hommes, initiateurs du régime le plus dément et le plus meurtrier dont un peuple ait eu à souffrir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et responsables des massacres atroces qui ont coûté la vie à plus d'un million de Cambodgiens, assaillent actuellement Battambang, deuxième ville du pays. A Pnom Penh, le Premier ministre Hun Sen a renouvelé son soutien au plan préconisant l'implantation au Cambodge d'une administration provisoire placée sous la protection des Nations Unies et chargée de préparer des élections générales, mais n'a pas encore reçu de réponse de la communauté internationale. Il lui demande quelle est la position de la France à cet égard et, d'une manièregénérale, quelles mesures d'urgence le Gouvernement compte prendre, en accord avec d'autres puissances, pour empêcher le retour d'une faction criminelle coupable de l'un des plus tragiques génocides de notre siècle.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 15/03/1990

Réponse. - La situation et l'avenir du Cambodge constituent l'une des préoccupations prioritaires du Gouvernement français. La France, qui demeure attachée aux pays et aux peuples de l'ancienne Indochine par de profonds liens culturels et historiques, n'entend pas se résoudre à voir le conflit au Cambodge se perpétuer. La France a, en août dernier, convoqué la conférence de Paris sur le Cambodge où, pour la première fois depuis dix ans, les quatre factions cambodgiennes se sont retrouvées à une même table de négociation. Malheureusement les efforts et les points d'accord obtenus à cette occasion n'ont pu empêcher la reprise des combats. C'est pourquoi la France a fait appel à la coopération des grandes puissances pour la reprise d'une négociation politique. C'est ainsi que les cinq pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies se sont réunis à Paris les 15 et 16 février derniers. 16 points d'accord ont été dégagés à cette occasion, qui jettent les b ases d'une solution politique globale dans laquelle les Nations Unies se voient attribuer un rôle prédominant, tant pour la préparation des élections que pour la tâche de gestion du pays dans la période intérimaire précédant ces mêmes élections. La France se réjouit de constater, à travers les réactions suscitées par cette initiative, que l'ensemble de la communauté internationale, en particulier les pays principalement concernés, accepte désormais cette solution. Il est évident que la définition des modalités pratiques de l'intervention des Nations Unies devra se faire avec le souci d'organiser une vraie consultation libre et démocratique dans laquelle les Cambodgiens devront se prononcer à l'abri de toute menace et en particulier de celle que font peser les Khmers rouges. Le Gouvernement français ne ménage pas ses efforts pour restaurer une paix durable au Cambodge. La France s'emploie à favoriser la recherche d'un compromis acceptable par tous et reste prête, comme l'a rappelé récemment le Président de la République, à reconvoquer la conférence de Paris le jour venu afin de sceller les accords garantissant le retour de la paix et de l'indépendance au Cambodge.

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