Question de M. DEMERLIAT Jean-Pierre (Haute-Vienne - SOC) publiée le 13/06/1991

M. Jean-Pierre Demerliat appelle l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la situation des populations négro-africaines de Mauritanie. Un récent rapport d'Amnesty International dénonçait la mort de deux cents détenus politiques dans les prisons du pays. Plusieurs dizaines de milliers de citoyens négro-africains ont été déportés vers le Sénégal. Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître quelle est l'attitude du Gouvernement français face à cette tragique situation. Lors du sommet de La Baule, un lien très net avait été établi entre la démocratie et le développement dans le continent africain, or, dans la mesure où les atteintes aux droits de l'homme se multiplient en Mauritanie, il lui demande de lui faire connaître la politique que le Gouvernement entend suivre à l'égard de la Mauritanie.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/09/1991

Réponse. - L'antagonisme traditionnel qui oppose, en Mauritanie, la population maure aux populations négro-africaines a pris une tournure dramatique au cours des dernières années. Les populations mauritaniennes noires de la vallée du fleuve Sénégal ont en effet été les principales victimes de la persistance depuis avril 1989 de la tension entre la Mauritanie et le Sénégal, en subissant notamment les exactions de l'armée mauritanienne chargée de la surveillance des frontières. Les négociations engagées entre les deux pays, que la France encourage, sont consacrées à la recherche d'un règlement aux problèmes humains engendrés par ce contentieux. Par ailleurs, l'arrestation en novembre 1990 de militaires d'ethnies négro-africaines, accusés de complot a entraîné l'exécution sans jugement ou la disparition de plusieurs centaines d'entre eux. La France n'est pas restée indifférente à ces graves atteintes aux droits de l'homme. Elle a clairement exprimé sa très vive préoccupation aux dirigeants mauritaniens et les a appelés à mettre fin à cette situation. C'est le message que M. Roland Dumas, ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, a transmis aux plus hauts responsables du pays lors de sa visite à Nouakchott le 5 avril 1991. L'apaisement des tensions internes en Mauritanie - que la France souhaite ardemment - devrait aller de pair avec la démocratisation des institutions récemment entreprises. Le processus que le chef de l'Etat mauritanien semble vouloir mettre en oeuvre rapidement à cet effet est de nature, s'il est mené dans le respect de la pluralité des opinions et d'une représentation équitable de toutes les composantes de ce pays, à ouvrir les voies d'une réconciliation nationale. La France, liée à la Mauritanie par une amitié ancienne, entend rester à l'écoute du peuple mauritanien.

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