Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - C) publiée le 30/09/1993

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme le ministre d'Etat, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville sur l'importance du test " Hémoccult " susceptible de dépister une forte proportion de polypes et de cancers colorectaux débutants. Elle lui rappelle que le cancer du côlon tue chaque année 15 000 personnes et que l'utilisation d'un test par an, pour chaque personne de plus de cinquante ans, permettrait en cinq ans de diminuer de 25 p. 100 la mortalité liée au cancer du côlon. Elle lui rappelle également que, d'avis des cancérologues, le cancer colorectal pourrait obtenir un taux de guérison de 80 p. 100. Elle lui demande si elle n'estime pas nécessaire de définir, financer l'Hémoccult, comme moyen systématique de dépistage de masse du cancer du côlon.

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Réponse du ministère : Affaires sociales publiée le 16/12/1993

Réponse. - Madame le ministre d'Etat, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, informe l'honorable parlementaire que le " test hémoccult " est susceptible de dépister une proportion non négligeable de polypes et cancers colorectaux débutants. Cependant les performances du test (sensibilité et spécificité) ne sont pas suffisantes actuellement : les faux positifs et les faux négatifs sont nombreux. Le test Hémoccult-2 ne peut repérer les cancers et polypes qui ne saignent pas (faux négatifs). Si le test est positif, il est indispensable de réaliser des examens complémentaires du rectum et du colon par endoscopie qui peuvent mettre en évidence un cancer dans 3 à 5 p. 100 des cas ; dans une proportion importante de cas on ne retrouve aucune étiologie (faux positifs). Comme pour les autres cancers accessibles au dépistage, celui du cancer colorectal n'est acceptable en terme de santé publique que s'il est effectué avec une grande rigueur méthodologique et technique passant notamment par la formation des médecins. Des actions de dépistage de ce cancer ont été entreprises dans le cadre du Fonds national de prévention, par les caisses régionales d'Aquitaine, de Nord-Picardie et les caisses primaires du Calvados et Saône-et-Loire. Ces deux dernières expériences disposent de registre spécifique, sont reconnues internationalement et ont un intérêt de recherche scientifique. Le Fonds national de prévention consacre à ce dépistage 17,94 MF. Jusqu'à présent, aucune étude n'avait démontré qu'une campagne de dépistage par le test " Hémoccult " permettait une baisse de la mortalité. Les résultats des études internationales publiées jusqu'à présent ne sont pas homogènes. Ils sont repris par la grande presse de façon biaisée : en affirmant qu'il est possible de diminuer la mortalité de ce cancer de 25 p. 100 en cinq ans, il est fait l'hypothèse que la participation des sujets à dépister soit de 100 p. 100, alors que la technique de dépistage demande une motivation importante de la part de l'assuré et une forte implication des médecins libéraux. Le comité des experts cancérologues du programme Europe contre le cancer recommande que les études en cours visant à mesurer l'efficacité du dépistage du cancer colorectal soient conduites à leur terme et que les résultats définitifs soient examinés par le comité avant que toute nouvelle action dans ce domaine soit entreprise dans les pays de la Communauté. Ces résultats ainsi que ceux des expériences françaises devraient être disponibles en 1994-1995 et permettront d'avoir de meilleurs éléments d'appréciation et de décision pour financer un éventuel dépistage de masse du cancer du côlon.

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