Question de M. COLLIN Yvon (Tarn-et-Garonne - R.D.E.) publiée le 21/10/1993

M. Yvon Collin appelle l'attention de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur le rapport relatif aux instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) établi le 1er juillet, et par le communiqué commun de M. le ministre de l'éducation nationale et de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche du 15 juillet sur le même sujet. Il lui fait part de son inquiétude et de celle de tous les acteurs liés aux IUFM, à la suite des critiques contenues dans le rapport précité ainsi que dans le communiqué. Parmi les reproches adressées aux IUFM trois critiques lui paraissent excessives : les IUFM n'auraient pas répondu à l'attente ; la séparation des formations des professeurs d'école et des professeurs de l'enseignement secondaire serait souhaitable ; enfin, l'épreuve professionnelle des concours qui clôture la première année ne se justifierait pas. Sur ce dernier point, il semble que l'épreuve professionnelle des concours ait été supprimée et remplacée par une épreuve sur dossier. Il est d'ailleurs regrettable que cette suppression ait été faite sans consultation des professionnels. Il apparaîtrait donc que les IUFM n'auraient pas rempli leur mission . Comment expliquer alors que depuis deux ans, avec ces défauts et toutes ces carences, les effectifs des candidats se soient accrus. Le cloisonnement entre les métiers d'instituteur et de professeur de collège n'est pas à encourager. Afin de lutter contre l'échec scolaire et contre la sélection, une continuité est nécessaire dans le traitement scolaire. Les IUFM répondent à cette exigence car ils regroupent sur le même lieu instituteurs et professeurs. Il lui indique en outre que la suppression de l'épreuve professionnelle est très dommageable. L'existence de cette épreuve caractérise les IUFM. L''apprentissage n'est pas le résultat d'une transmission mais celui d'une construction par le sujet lui-même. La maîtrise des contenus disciplinaires est importante mais elle n'est pas suffisante. Il faut apprendre à utiliser les contenus. L'enseignement n'est ni un art, ni un don, c'est un métier qui ne s'apprend pas uniquement par l'acquisition de théories acquises à l'université. Enfin, il ajoute que l'inquiétude sur le devenir des IUFM est d'autant plus fondée que son ministère a prévu d'assujettir aux universités une partie du budget accordée antérieurement directement aux IUFM Le maintien des antennes départementales des IUFM serait ainsi désormais lié aux modalités d'application de cette décision budgétaire. Il lui demande en conséquence, et après l'annonce d'une série de mesures visant à réformer les IUFM, ce que le Gouvernement envisage pour ne pas dénaturer les objectifs assignés initialement à ce type d'enseignement.

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Réponse du ministère : Enseignement supérieur publiée le 09/12/1993

Réponse. - Une commission présidée par le professeur Kaspi a dès le mois de juillet déposé un rapport faisant le bilan des IUFM et proposant un certain nombre de possibilités d'évolution et de réformes. Ce rapport insistait à juste titre sur les problèmes rencontrés dans les IUFM, dont certains qui avaient d'ailleurs été relevés précédemment par plusieurs rapports, notamment celui de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et celui du Sénat. A la suite de ce rapport, une circulaire du 6 août 1993 a clairement indiqué les orientations du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. La réforme n'a nullement pour but de faire disparaître les IUFM mais au contraire de mieux définir leur champ de compétence pour augmenter leur efficacité. A compter de 1994, les concours de recrutement des professeurs des lycées et collèges ne comprendront plus d'épreuve professionnelle. Celle-ci sera remplacée, dans le cadre du programme du concours, par une épreuve sur dossier. Elle permettra d'évaluer l'aptitude du candidat à communiquer. Il était en effet prématuré, à ce stade de la formation, de tenter de juger une expérience professionnelle qui, par définition, n'existait pas encore. Par contre, il est nécessaire de tester les aptitudes requises par le métier d'enseignant, telles qu'elles peuvent être appréciées, avant l'exercice d'une réelle responsabilité en ce domaine. En même temps, il sera demandé aux IUFM de développer au cours de la seconde année une formation professionnelle plus approfondie, en liaison étroite avec le stage en responsabilité. Il s'agit donc d'une meilleure répartition des actions de formation à la fois dans le temps : première année et deuxième année, et entre établissements (universités et IUFM). Les IUFM continuent à assurer la formation des enseignants du premier degré et du second degré. Il suffit de prendre connaissance des plans de formation pour s'apercevoir que ces formations sont fondamentalement distinctes, de même que les épreuves des concours de recrutement sont totalement différentes. Les IUFM ont mis certes en place des actions de formations communes souvent critiquées. Le principe de formations communes n'est pas en lui-même condamné. Mais ces formations ont souvent été conçues de manière hâtive et ont donné lieu dans ces cas à de vives critiques. Les IUFM ont eux-mêmes réagi en diminuant le nombre d'heures consacrées à ces formations et en définissant mieux les thèmes. Il faut continuer dans cette voie de manière encore plus nette. Quant à l'attribution directe aux universités des crédits qui transitaient auparavant par le budget des IUFM, cette décision est destinée à mieux définir les compétences des universités et des IUFM et à donner à chacun de ces établissements leurs vraies responsabilités. En effet, les IUFM n'interviennent pas à titre principal dans la préparation des épreuves disciplinaires des concours du CAPES. Ces crédits étant auparavant reversés immédiatement par les IUFM aux universités, la mesure de simplification proposée ne diminuera pas les moyens propres des IUFM, mais permettra de réaffirmer clairement le rôle primordial des universités pour les formations disciplinaires. Il faut noter qu'une telle mesure n'a aucune incidence sur le maintien des antennes départementales des IUFM. D'une manière générale, il s'agit désormais de donner une orientation claire à ces institutions, de réaffirmer la place des universités, tout en développant l'action propre aux IUFM qui est complémentaire et non concurrente.

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