Question de M. BERNADAUX Jean (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 19/01/1995

M. Jean Bernadaux attire l'attention de M. le ministre du budget sur l'équilibre financier de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL). Outre sa contribution à la compensation généralisée entre les régimes de base, la CNRACL est en effet soumise depuis la loi du 30 décembre 1985 à une surcompensation que les régimes excédentaires acquittent au bénéfice des régimes spéciaux d'assurance-vieillesse déficitaires. Or, considérant la situation actuelle de la trésorerie de la CNRACL, la pérennité du taux de 38 p. 100, appliqué à la surcompensation par un décret du 16 août 1994, entraînera un relèvement des cotisations employeurs supportées par les collectivités locales et les hôpitaux. Aussi, sans méconnaître les contraintes budgétaires, il lui demande s'il entend reconsidérer le taux de la surcompensation afin d'en éviter un transfert de charges qui se traduirait en terme de points de fiscalité locale.

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Réponse du ministère : Budget publiée le 06/04/1995

Réponse. - La Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) supporte, outre ses charges de pension, des transferts financiers au profit d'autres régimes d'assurance vieillesse, au titre d'une part de la compensation vieillesse généralisée qui concerne les principaux régimes d'assurance vieillesse de base, et, d'autre part, d'un mécanisme dit de " surcompensation ", spécifique aux seuls régimes spéciaux. Le déficit structurel très important de certains régimes spéciaux, comme celui des cheminots, des marins ou des mineurs, pour lequel il y a dix fois plus de retraités que de cotisants, rend indispensables, pour la pérennité du financement des retraites de ces catégories de salariés, des mécanismes de solidarité, conformes aux principes fondamentaux du système français de protection sociale. C'est en 1985, par la loi de finances du 30 décembre, que le Gouvernement a choisi et fait voter par le Parlement le principe de la surcompensation entre régimes spéciaux, à la charge des régimes bénéficiaires et bénéficiant d'un rapport démographique favorable entre actifs cotisants et retraités, comme celui des fonctionnaires de l'Etat et celui des agents territoriaux. Fixé initialement à 22 p. 100, le taux de la surcompensation a été porté, successivement, par un décret du 11 décembre 1992, à 30 p. 100 en 1992 et à 38 p. 100 à partir de 1993. A partir de cette date, le taux de la surcompensation a été stabilisé à ce niveau. Jusqu'à la fin de l'année 1994, les réserves de la CNRACL avaient été suffisantes pour permettre de faire face à la fois au paiement des pensions et aux charges financières découlant de la solidarité avec les autres régimes. Face à la dégradation des comptes des régimes spéciaux déficitaires et pour prendre en compte l'évolution propre du régime de la CNRACL, le Gouvernement n'a pu éviter, pour 1995, une hausse de la cotisation. Cette majoration, calculée au plus juste des besoins afin d'éviter d'obérer trop fortement les budgets des collectivités locales, a été fixée à 3,8 points. L'Etat n'a effectué aucun transfert supplémentaire au détriment des collectivités locales. Mais le budget de l'Etat pour 1995 ne pouvait financer une dépense nouvelle par rapport à 1994 d'environ 4 milliards de francs, les marges de manoeuvre budgétaires ayant été affectées en priorité à la lutte contre l'exclusion et à la réduction des déficits. Néanmoins, même après cette hausse, le taux de cotisation des collectivités locales à la CNRACL demeure très inférieur à celui qui est à la charge de l'Etat pour le financement des retraites de ses fonctionnaires (38 p. 100) alors que les prestations sont identiques et les statuts et rémunérations des fonctionnaires de l'Etat et des collectivités locales harmonisés depuis plus de dix ans. Le Gouvernement n'en est pas moins décidé à ne plus s'en tenir à des ajustements de taux comme cela a été pratiqué au cours des années antérieures, et à ouvrir une concertation avec les responsables de la CNRACL et les représentants des associations d'élus, pour apprécier l'évolution et les besoins réels des différents régimes spéciaux et donc leurs conséquences sur la surcompensation. A cet effet, un groupe de travail a été mis en place dès le 16 février pour étudier les perspectives financières de la Caisse et les conditions dans lesquelles un allégement de la surcompensation serait envisageable à partir de 1996. Ce groupe de travail s'est fixé comme objectif de conclure ses travaux avant la fin du mois de juillet prochain.

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