Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 25/09/1997

Dans le cadre des réflexions menées actuellement sur l'enseignement, M. Rodolphe Désiré attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur le cas particulier des départements français d'Amérique en ce qui concerne l'apprentissage des langues étrangères. Cet apprentissage est le gage d'une ouverture sur l'ensemble de la région et doit permettre d'assurer une présence et une influence plus efficace de la France en matière de coopération inter-régionale dans la zone caraïbe et plus généralement américaine. La maîtrise des langues vivantes conditionne la future insertion sociale et professionnelle de nos jeunes et elle est indispensable au développement socio-économique de notre région, notamment dans le secteur du tourisme. Il lui rappelle être déjà intervenu sur ce sujet par le passé pour demander que la région Antilles-Guyane serve de zones pilotes à l'enseignement de l'anglais et de l'espagnol dès les classes du primaire. Les plus grands linguistes s'accordent en effet à préconiser l'apprentissage des langues étrangères avant l'âge de douze ans. Compte tenu de la souplesse de l'oreille des jeunes enfants, l'accès aux langues vivantes dès le plus jeune âge contribue en effet fortement à leur meilleure maîtrise. Cette suggestion a depuis lors fait florès puisque la généralisation de l'initiation aux langues vivantes dès le cours élémentaire est prévue depuis la rentrée 1995. Dix mille écoles devaient être impliquées en 1995-1996 (circulaires nos 95-103 et 95-104 du 3 mai 1995 et circulaire no 96-131 du 9 mai 1996 relatives à l'initiation à l'apprentissage des langues vivantes). Or, dans l'état actuel des choses, si certaines écoles ont accès à cet enseignement en Métropole (écoles situées pour la plupart dans les quartiers aisés de la capitale, probablement par hasard, alors que les ZEP devraient être prioritaires), rien n'a encore été fait dans nos départements. Il lui demande donc les mesures qu'il compte prendre pour corriger cet état de fait. D'autre part, il va sans dire que cette initiation doit aller de paire avec une formation pédagogique, didactique et linguistique des maîtres d'école. Or il s'étonne que dans les quelques établissements qui bénéficient déjà de cette mesure, l'administration demande à des maîtres d'école, sans formation préalable, d'assurer l'enseignement de langues qu'eux-mêmes ne maîtrisent ni ne pratiquent. Ceci laisse préjuger des défauts de prononciation et de formulation que les oreilles particulièrement réceptives de nos enfants pourraient enregistrer de façon définitive et incorrigible. Il lui demande en conséquence si l'on ne pourrait envisager d'utiliser le dispositif mis en place par Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité pour l'emploi des jeunes pour fournir des professeurs d'anglais diplômés en la matière aux écoles primaires. Il lui demande par ailleurs s'il serait possible d'employer à cette tâche des enseignants du secondaire, spécialisés dans cet enseignement spécifique et dont bon nombre sont aujourd'hui en attente d'un poste, quitte à employer un même enseignant de façon " itinérante " sur plusieurs écoles.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 20/11/1997

Réponse. - L'apprentissage des langues vivantes dans les départements français d'Amérique comprend, comme en métropole, deux dispositifs : depuis 1989, un enseignement d'initiation aux langues étrangères (EILE), dispensé sur le mode du volontariat des enseignants linguistiques (1er et 2e degré, intervenants extérieurs agréés) essentiellement dans les classes de cours moyen 2e année, de façon plus minoritaire en cours moyen 1re année. Cet enseignement concerne sept langues : anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, russe et arabe ; depuis la rentrée 1995, une initiation aux langues vivantes dès le cours élémentaire 1er année par le maître volontaire dans l'une des six langues suivantes : anglais, allemand, espagnol, italien, portugais et arabe, avec l'aide d'un outil audiovisuel : la série de cassettes " Vidéo sans frontière " proposée dans les quatre langues frontalières de la France auxquelles s'est ajouté le portugais en 1997. L'organisation de cet enseignement est identique dans les départements d'outre-mer à celle mise en place dans les académies métropolitaines. A partir de l'estimation des besoins de chaque département par le directeur des services départementaux de l'éducation nationale - le recteur dans chacune des trois nouvelles académies - un plan de diffusion est établi pour le Centre national de documentation pédagogique qui assure le routage du matériel nécessaire à la mise en oeuvre de l'opération, soit une série de cassettes vidéo par niveau concerné : CE 1re année dès 1995 ; CE 1re année et CE 2e année en 1996 ; CE 1re année, CE 2e année et cours moyen 1re année en 1997. Les départements de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane ont reçu 1 524 exemplaires de ces outils, dont 85 en allemand, 1 210 en anglais, 201 en espagnol et 28 en italien. La situation spécifique aux départements d'outre-mer est prise en compte, sur la base d'items identiques à ceux retenus pour les départements métropolitains, dans l'enquête annuelle départementale qui a fait l'objet d'un premier rapport annuel en 1996, rapport d'étape qui sera prolongé par un autre rapport actuellement en préparation. La note de service no 97-030 du 5 février 1997 relative à la formation continue des personnels enseignants des écoles pour la période 1997-2000 retient l'initiation à une langue vivante parmi les trois thèmes prioritaires inscrits dans la formation des instituteurs et des professeurs des écoles. Ce plan pourra être éventuellement complété par des opérations analogues retenues au plan départemental. Ainsi, les plans départementaux de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique, arrêtés par les inspecteurs d'académie adjoints aux directeurs des services départementaux de l'éducation nationale, prévoient des actions de sensibilisation des personnels à l'enseignement des langues vivantes étrangères, notamment l'anglais et l'espagnol. En outre, un maître guyanais effectue actuellement un stage de portugais au Brésil alors qu'une institutrice brésilienne est accueillie à Kourou. Si le nombre de candidats aux stages mis en place tant au plan national que départemental reste encore insuffisant, il convient cependant de noter l'intérêt croissant des personnels concernés pour cet enseignement. Ainsi, pendant l'année scolaire 1996-1997, 535 classes de cours élémentaire 1re année sur 900, soit 60 % et 9 500 élèves environ, participent à l'initiation aux langues vivantes ; 250 classes sur 830, soit 30 % et 4 500 élèves, font de même en cours élémentaire 2e année. S'agissant du recours à des professeurs du secondaire en vue d'assurer le développement de l'enseignement des langues vivantes dans les écoles primaires des départements français d'Amérique, il convient de souligner que les effectifs actuels de professeurs concernés, qui n'ont pas pris en compte les besoins de l'école élémentaire, permettent juste de répondre aux besoins dans les collèges et les lycées. Cette situation, particulièrement marquée dans les départements d'outre-mer et patente tant en anglais, en allemand qu'en espagnol ou en italien, résulte de l'étroitesse des viviers d'étudiants qui ne permet pas de concilier des ouvertures importantes de places aux concours avec l'impératif qu'il y a à recruter des candidats de qualité. ; secondaire en vue d'assurer le développement de l'enseignement des langues vivantes dans les écoles primaires des départements français d'Amérique, il convient de souligner que les effectifs actuels de professeurs concernés, qui n'ont pas pris en compte les besoins de l'école élémentaire, permettent juste de répondre aux besoins dans les collèges et les lycées. Cette situation, particulièrement marquée dans les départements d'outre-mer et patente tant en anglais, en allemand qu'en espagnol ou en italien, résulte de l'étroitesse des viviers d'étudiants qui ne permet pas de concilier des ouvertures importantes de places aux concours avec l'impératif qu'il y a à recruter des candidats de qualité.

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