Question de M. COURTOIS Jean-Patrick (Saône-et-Loire - RPR) publiée le 30/07/1998

M. Jean-Patrick Courtois appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé quant aux conclusions du rapport du professeur Roquès sur les problèmes posés par la dangerosité des drogues. En effet, le contenu peut apparaître provocateur, quand on remarque que le rapport hésite à conclure au classement de la dangerosité de l'ectasy, alors que l'alcool est clairement stigmatisé. Il va de soi que tout abus d'alcool est potentiellement dangereux pour soi et autrui, mais une consommation de vin sans excès est avant tout source de plaisir et de convivialité. Outre l'image négative que cette publication donne de la France et de ses produits à l'étranger, ce rapport suscite une très vive émotion chez les viticulteurs de Saône-et-Loire qui ont toujours affirmé leur volonté de s'associer à toute démarche responsable de santé publique et qui ont la conviction de participer à l'expression et à la valorisation d'un savoir-faire millénaire, reflet de la culture française. En conséquence, il lui demande les mesures qu'il envisage de prendre pour remédier à cette regrettable situation.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/10/1999

Réponse. - La toxicité de l'alcool, soit du fait d'une consommation régulière excessive, soit du fait d'une consommation aiguë conduisant à l'ivresse, n'est pas une donnée scientifique nouvelle. La fréquence très importante des hospitalisations provoquées ou aggravées par une consommation d'alcool excessive, et les 50 000 décès liés chaque année à la toxicité de l'alcool, directement, par cirrhose hépatique, psychose alcoolique ou cancer des voies aérodigestives supérieures, ou indirectement, notamment du fait d'accidents de voiture, de suicides, de l'aggravation de pathologies, sont des faits connus depuis de très nombreuses années. Par ailleurs, les conséquences sociales importantes, tant au niveau familial que professionnel, font de la consommation excessive de l'alco-ol un danger potentiel à long terme pour les personnes. Ce rappel d'un réalité sur laquelle depuis plus d'un siècle de grands scientifiques et de nombreuses associations attirent régulièrement l'attention ne vise pas à diaboliser la consommation d'alcool, mais bien à faire prendre conscience de la nécessité de poursuivre et d'amplifier les actions d'éducation pour permettre au plus grand nombre de maintenir leur consommation d'alcool dans les limites compatibles avec le respect de leur santé, physique, psychologique et sociale, et à améliorer la réponse sanitaire pour prendre en charge les personnes en difficulté importante du fait de leur consommation d'alcool. La nécessité de développer, notamment en direction des jeunes, une prévention globale de l'ensemble des consommations abusives de substances psychoactives, qu'il s'agisse de drogues illicites, de tabac, d'alcool ou de médicaments détournés de leur usage, fait aujourd'hui l'objet d'un consensus des différents professionnels de ce champ de la santé publique. Le but d'une prise en compte plus globale de la question de la dépendance à des produits psychoactifs est d'améliorer la prévention de leur abus et la prise en charge des personnes en difficulté. Il ne s'agit nullement de stigmatiser l'usage raisonnable et convivial de l'alcool, et en particulier du vin, qui fait partie intégrante d'une tradition culturelle bien ancrée.

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