Question de M. BAUDOT Jacques (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 10/09/1998

M. Jacques Baudot attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'organisation du temps de travail dans le secteur social et médico-social. Dans les établissements d'insertion sociale par l'éducation fonctionnant de nuit, les personnels éducatifs sont tenus à effectuer une veille éducative. La convention collective nationale du travail du 15 mars 1966, en ses articles 11 de l'annexe 3 et 13 de l'annexe 10, dispose qu'une nuit passée en chambre de veille équivaut à trois heures de travail effectif. Or, depuis 1995, la Cour de cassation pose comme principe qu'un salarié est en situation de travail effectif lorsqu'il doit rester sur le lieu de travail à la disposition de son employeur. Se fondant sur cette jurisprudence qui tend à transformer les trois heures en neuf heures de temps travaillé, le personnel éducatif a introduit de nombreux recours. Les jugements rendus entraînent des condamnations, induisant ainsi un coût financier que les associations concernées ne sont pas en mesure de supporter dans le cadre de leur budget de fonctionnement. Par ailleurs, la nouvelle définition de la durée du temps de travail effectif stipulée dans l'article L. 212-4 du code du travail, suite à l'adoption de la loi nº 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation sur la réduction du temps de travail, vient confirmer l'évolution de cette jurisprudence. C'est pourquoi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer si elle envisage de prendre des mesures tendant à valider le principe d'équivalence posé par les dispositions conventionnelles précédemment agréées.

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 12/11/1998

Réponse. - La ministre de l'emploi et de la solidarité partage avec l'honorable parlementaire le souci de clarifier la situation du personnel éducatif du secteur social et médico-social assurant un service de nuit passé en chambre de veille. La définition du travail effectif reprise par la loi du 13 juin 1998 est directement inspirée des évolutions récentes de la jurisprudence, dont elle reprend les formulations les plus fréquentes. Elle retient la qualification de travail effectif lorsque le salarié est, quel que soit le lieu où il se trouve placé, dans la situation de ne pas pouvoir disposer librement de son temps et de devoir respecter les directives qui lui ont été données par l'employeur. Cette définition est tout à fait compatible avec la jurisprudence constante de la Cour de cassation sur les astreintes. En effet, selon cette jurisprudence, il y a temps de travail effectif dès lors que le salarié est à la disposition permanente de l'employeur et qu'il ne peut disposer librement de son temps pendant cette période (Cass. soc. 28 octobre 1997, Bazie c/Comité d'établissement des avions Marcel Dassault-Bréguet. - Conclusions de l'avocat général à la Cour de cassation Chauvy, et Cass. soc 7 avril 1998, Association de Lestonac c/Larrocan). Lorsque le salarié peut vaquer librement à ses occupations pendant la période d'astreinte (notamment en cas d'astreinte à domicile), la Cour de cassation considère que cette période ne peut être assimilée à du temps de travail effectif ; seules les périodes d'intervention du salarié pendant l'astreinte seront décomptées comme temps de travail effectif et rémunérées comme telles (Cass. soc. 24 novembre 1993, Latgé, Puginier c/société ISS et autres). Cette évolution législative conforme aux dispositions de la Cour de cassation peut conduire, le cas échéant, à un ajustement des conventions collectives applicables pour mieux définir les périodes de garde sur place, dès lors qu'aucune intervention effective n'est demandée au salarié. Ainsi, l'organisation d'une équivalence conventionnelle serait de nature à régler la question soulevée par l'honorable parlementaire.

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