Question de Mme DIEULANGARD Marie-Madeleine (Loire-Atlantique - SOC) publiée le 29/06/2000

Mme Marie-Madeleine Dieulangard souhaite interroger M. le ministre de l'éducation nationale sur la réduction envisagée des horaires consacrés à l'enseignement d'histoire et géographie dans les classes de première S, à la rentrée prochaine. Il a été décidé, en février dernier, la suppression d'une demi-heure sur les 3 heures actuelles. La perspective de cette réduction émeut beaucoup les professeurs d'histoire et de géographie. Elle pose deux problèmes. L'enseignement de ces matières participe pleinement à la formation du citoyen en ouvrant l'esprit des lycéens sur les femmes et les hommes d'autres lieux, mais aussi d'autres temps. Les savants de demain et beaucoup de nos futurs décideurs économiques et financiers seront passés par ces classes de première S. N'y a-t-il pas le risque en réduisant le temps que ces lycéens auront consacré à l'histoire et la géographie, à la méditation sur la peine des hommes à bâtir notre civilisation contemporaine, à la réflexion sur les systèmes totalitaires, de créer des élites purement technocratiques ? La simple initiation civique paraît bien légère au regard de cet enjeu. Si cette mesure est maintenue, comment les professeurs pourront-il terminer ce programme qui est commun avec la première L, littéraire, et avec la première ES, économique et sociale, classes où il est traité en 4 heures ? Il faudrait revoir ce programme pour les premières S. Pourtant, il est, dans son état actuel, d'une rare cohérence. Sa modification risquerait d'appeler celle du programme de terminale S, mais aussi celui de sa seconde générale et finalement de toucher à celui des autres séries. Maintenir un programme surdimensionné, impliquerait que seuls arriveraient au baccalauréat dans de bonnes conditions de succès pour aborder des études supérieures, les élèves qui auraient la possibilité de combler les lacunes en dehors des heures de cours, c'est-à-dire des élèves socialement favorisés. Il y a là un enjeu qui touche à l'égalité des chances. Les aides individualisées suffiront-elles ? Les enseignants risquent de ne pas accepter ce principe et de le manifester lors de la prochaine rentrée, d'autant plus que cette mesure menace l'avenir de l'histoire géographie au baccalauréat, en S, 2 h 30 c'est juste une demi-heure de plus que ce qui est consacré aux classes de STT, qui ont un programme extrêmement allégé et qui n'ont au baccalauréat qu'une courte épreuve orale de faible coefficient. Elle souhaite savoir comment il envisage de faire face aux conséquences de cette réduction de dotation horaire, si elle devait être confirmée.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 10/08/2000

Réponse. - Dans sa conférence de presse du 27 avril 2000, le ministre de l'éducation nationale a défini les grandes orientations dans lesquelles s'inscrit la poursuite de la réforme des lycées : préserver la diversité des savoirs en favorisant l'égale dignité des filières qui les incarnent ; pour ce faire, des aménagements ont été apportés aux différentes séries et classes ; favoriser la mise en place des dispositifs d'innovation pédagogique, centrés plus étroitement sur les besoins des élèves : aide individualisée en classe de seconde, travaux personnels encadrés en classes de première et terminale ; rénover les contenus d'enseignement en préservant les exigences intellectuelles indispensables à une formation de qualité. La réforme s'applique à la rentrée 2000 en classes de première des séries générales. Les classes terminales seront concernées à partir de la rentrée 2001. S'agissant de l'histoire-géographie, le ministre est particulièrement attaché à l'enseignement de ces disciplines qui fournissent des éléments indispensables pour la connaissance et la compréhension du monde actuel, et ce dans toutes les séries. La réforme des lycées conserve toute leur place à ces disciplines fondamentales. Les horaires actuels ont été maintenus dans la plupart des séries, sauf en série S. Le réaménagement de cette série a en effet été conduit avec le double souci, d'une part, de privilégier les matières scientifiques, en particulier les sciences expérimentales, afin d'y attirer en priorité les élèves réellement motivés par les études scientifiques et, d'autre part, de maintenir une part significative à la culture générale non scientifique. C'est cette préoccupation qui a conduit notamment à compenser la baisse de l'horaire d'histoire-géographie d'une demi-heure en classe terminale par l'introduction des dédoublements. Le groupe technique disciplinaire, à qui a été confiée l'élaboration des nouveaux programmes des lycées dont l'application interviendra en classe de seconde à partir de la rentrée 2001, proposera également des ajustements à l'actuel programme de première scientifique, qui seront appliqués à compter de la rentrée scolaire 2000.

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