Question de M. HURIET Claude (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 22/03/2001

M. Claude Huriet attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur l'évolution très préoccupante à terme du nombre de médecins ophtalmologistes dans notre pays. Une étude récente - septembre 2000 - de la direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de l'emploi et de la solidarité a montré que le maintien du numerus clausus actuel et du nombre à l'identique de postes d'interne aboutirait à une forte décroissance du nombre d'ophtalmologistes à l'horizon 2020, alors que, dans le même temps, le vieillissement de la population devrait entraîner mécaniquement une augmentation de la demande de soins. En 2000, 50 médecins auront été formés dans cette spécialité ; pour plus de la moitié d'entre eux, il s'agit de femmes, dont certaines choisissent de ne pas exercer leur métier à plein temps. Or l'ordre des médecins enregistre la radiation annuelle d'environ 125 ophtalmologistes par an. Il existe donc un déficit qui, si rien n'est fait, devrait aller en s'accentuant au cours des prochaines années. Sachant le temps nécessaire pour former ces médecins (au minimum douze ans), il lui demande si le ministère a bien pris en compte l'évolution démographique inquiétante de cette spécialité et si des aménagements sont prévus pour tenter de corriger cette situation.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 17/05/2001

Réponse. - Le rapport Polton du centre de recherche d'études et de documentation en économie de la santé (CREDES) a présenté l'analyse des différents éléments susceptibles d'intervenir dans l'évolution de la démographie médicale, compte tenu de la baisse de la démographie médicale, qui devrait s'accélérer à partir de 2007/2008. La répartition entre spécialistes et généralistes fait apparaître un nombre de spécialistes supérieur aux généralistes : le nombre de médecins en exercice début 1998 était de 191 500 (49 % de médecins généralistes et 51 % de médecins spécialistes). Cependant la baisse démographique est inégalement répartie sur les différentes spécialités et l'ophtalmologie est une des spécialités les plus concernées avec la pédiatrie et la gynécologie obstétrique notamment. De plus, on constate une augmentation des médecins salariés - la proportion de médecins exclusivement salariés parmi les médecins spécialistes a fortement augmenté passant de 26 à 50 % entre 1973 et 1999 - ainsi qu'une émergence des femmes dans la profession. De 14 % en 1968, le taux de féminisation est passé à 35 % pour les généralistes et à 36 % pour les spécialistes au 1er janvier 1999. Enfin, il existe une inégale répartition sur le territoire : d'importantes disparités départementales existent au sein des régions et sont plus marquées parmi les médecins généralistes libéraux. Devant ce constat, des mesures ont été prises sur le numerus clausus de l'examen de fin de première année des études médicales qui, après avoir été fixé à 3 700 pour l'année universitaire 1998/1999, a été porté à 3 850 pour l'année universitaire 1999/2000 et à 4 100 pour l'année universitaire 2000/2001. En ce qui concerne l'internat, trois filières nouvelles ont été créées, la gynécologie obstétrique et médicale, l'anesthésie et la pédiatrie. Mais il ne peut s'agir de la seule réponse à la situation de baisse démographique du corps médical tant au niveau national que départemental. C'est pourquoi, le ministre délégué à la santé a demandé à ses services, dans le cadre d'un groupe de travail ministériel consacré à l'avenir de la démographie médicale, de proposer des solutions permettant de faire face à cette évolution et d'atténuer les inégalités départementales. La préservation de la qualité du service rendu est une priorité du Gouvernement. Les conclusions de ce groupe seront remises au ministre à la fin du mois d'avril 2001 et serviront de base à une concertation large menée avec l'ensemble des professionnels de santé sur les solutions à mettre en uvre au cours des prochaines années, en particulier pour adapter les flux de praticiens formés aux besoins de la population et pour réduire les disparités régionales constatées au niveau de l'offre.

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