Question de M. GERBAUD François (Indre - RPR) publiée le 01/08/2002

M. François Gerbaud se fait l'écho, auprès de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie des inquiétudes suscitées au sein du personnel de la Banque de France par la perspective d'implantation par les banques, dans un avenir proche, de caisses recyclantes, avec l'aval de la banque centrale européenne. Ces guichets autonomes, qui auraient vocation à servir l'ensemble des établissements de crédit, seraient habilités à recevoir, traiter et délivrer les billets en euros. Aux yeux des employés de la Banque de France, l'instauration de tels outils s'apparente à l'externalisation et à la privatisation de fait de la gestion de la monnaie fiduciaire, tâche essentielle et jusqu'alors dévolue aux banques centrales nationales des États membres de l'Union Européenne. Alors que l'adoption d'un décret de mise en oeuvre de cette mesure au plan national semble actuellement à l'ordre du jour, quelles en seraient les implications concrètes pour les caisses et succursales de la Banque de France ?

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Réponse du Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie publiée le 17/10/2002

La Banque de France a pour mission, en vertu de l'article L. 141-5 du code monétaire et financier " d'assurer l'entretien de la monnaie fiduciaire et de gérer la bonne qualité de sa circulation sur l'ensemble du territoire ". Les succursales (art. L. 142-10) " concourent à l'entretien de la monnaie fiduciaire ". En pratique, les agents de la Banque de France assurent la délivrance et l'encaissement des espèces, trient les espèces déposées afin de détecter les billets usagés et contrefaits et procèdent à toutes les manipulations de valeurs exigées par la sécurité. L'activité d'entretien des espèces est assurée au sein des 131 caisses institutionnelles de la Banque de France réparties sur l'ensemble du territoire. La circulation fiduciaire a évolué dans les dernières années dans le sens d'une dévolution accrue du maniement des valeurs aux acteurs de la filière et notamment aux transporteurs de fonds. Les banques abandonnent progressivement, pour des raisons de sécurité, la centralisation des espèces de leurs guichets. Dans ce contexte, la profession bancaire souhaite pouvoir développer le recyclage des billets par les acteurs de la filière fiduciaire eux-mêmes (banques et transporteurs de fonds). Par ailleurs, la Banque centrale européenne, par un avis du 18 avril 2002, a émis des recommandations sur les conditions d'utilisation de caisses recyclantes par les établissements de crédit et autres établissements professionnels participant au tri et à la délivrance au public des billets. Il appartient à la Banque de France, conformément à sa mission, d'assurer la qualité de la circulation fiduciaire dans ce contexte d'évolution des techniques et des circuits monétaires. Il lui incombe également de veiller à ce que son réseau de succursales s'adapte à l'évolution des besoins et des technologies de façon à ce que le service public soit assuré de manière efficace et au moindre coût pour les contribuables. Pour leur part, les pouvoirs publics veilleront notamment à la fiabilité et à la sécurité du dispositif, que ce soit par la voie réglementaire ou par d'autres moyens. Il convient de signaler notamment que le Gouvernement mandate actuellement une mission interministérielle pour apprécier l'ensemble des enjeux liés à la sécurité des transports de fonds, qui doit être pleinement prise en compte.

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