Question de Mme MORIN-DESAILLY Catherine (Seine-Maritime - UC) publiée le 01/06/2011

Question posée en séance publique le 31/05/2011

Concerne le thème : Politique audiovisuelle extérieure

Mme Catherine Morin-Desailly. Au-delà d'un déplorable conflit de personnes, auquel il convient de mettre un terme, la crise de la gouvernance de l'audiovisuel extérieur de la France inquiète les sénateurs centristes, qui sont attachés dans ce domaine à une politique claire, lisible et ambitieuse.

Malgré les avancées notables dues à la réforme d'Audiovisuel extérieur de la France, on ne peut que constater les difficultés de gestion et l'incapacité de l'État et du groupe à signer le contrat d'objectifs et de moyens, prévu par la loi depuis plus de deux ans. Peut-être est-ce lié à la difficulté de réunir trois entités aussi différentes qu'une chaîne d'information à vocation internationale, une chaîne internationale à vocation généraliste et une radio à vocation généraliste et internationale ?

Il pourrait paraître simple de reconnaître ces difficultés et d'en tirer quelques conclusions:

Si France 24 doit trouver des synergies avec d'autres acteurs de l'audiovisuel public, ne devrait-elle pas se tourner plutôt vers l'acteur principal ? France Télévisions n'a pas, en effet, de chaîne d'information concurrente, mais elle dispose d'une véritable expertise en la matière. Actionnaire d'Euronews et de TV5 Monde, le groupe connaît ce secteur et a prouvé sa stabilité. D'ailleurs, La BBC fonctionne très bien sur ce modèle.

RFI est une radio qui a trouvé son public. Son rattachement pourrait se faire auprès de Radio France, qui dispose d'une radio destinée aux jeunes, de radios locales, d'une radio d'information, d'une radio généraliste, d'une radio culturelle et d'une radio musicale, mais pas de radio internationale. On peut remarquer, en outre, que RFI est déjà installée dans les locaux de Radio France.

Enfin, TV5 Monde a un statut très spécifique qui, certes, empêche une réelle fusion avec un autre organisme, mais la question se pose pour elle aujourd'hui de sa représentativité au sein de la holding. Il existe, par ailleurs, une inquiétude quant à la participation qui lui serait accordée en cas de disparition de cette holding au profit du groupe RFI-France 24. Ce dernier s'amputera-t-il aussi facilement de sommes destinées à son financement ?

Monsieur le ministre, alors que le projet de fusion des rédactions de RFI et de France 24 soulève des questions de pertinence, d'autres schémas organisationnels, tels ceux que j'ai évoqués, ont-ils été sérieusement étudiés ?

Il nous semble important de répondre à ces interrogations dans la mesure où l'audiovisuel extérieur de la France représente, mes chers collègues, un investissement de 332 millions d'euros par an !

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 01/06/2011

Réponse apportée en séance publique le 31/05/2011

M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication. Madame la sénatrice, permettez-moi d'abord de retoucher le tableau quelque peu angoissant que vous avez brossé.

En vérité, il existe des points de réussite très marquants.

Durant toute la période où sont survenus les événements de ce qu'on appelle le « printemps arabe » – une formule que je n'aime guère parce qu'elle me rappelle un ouvrage de Benoist Méchin que je n'ai pas beaucoup apprécié –, France 24 a été la télévision de référence. La multiplication considérable des accès sur le site internet de France 24 et l'élargissement de sa diffusion sont des éléments très positifs montrant à quel point, malgré toutes les difficultés que vous mentionnez, cette chaîne a su, dans une situation de crise, répondre à la demande. Il s'est passé la même chose en ce qui concerne la Côte d'Ivoire.

De même, RFI a étendu ses positions en Afrique, comme je le disais tout à l'heure, et Monte-Carlo Doualiya, qui est en quelque sorte une déclinaison, une des chaînes sœurs de RFI, a maintenu et renforcé ses positions au Moyen-Orient.

Pour toutes ces raisons, s'agissant du système de l'audiovisuel extérieur, je ne pense pas du tout qu'il faille s'orienter vers un retour en arrière et une quasi-reconstitution de l'ORTF. Au contraire, c'est en donnant à la holding les moyens de se développer d'une manière autonome qu'elle pourra surmonter la crise d'adolescence très violente qu'elle connaît en effet actuellement. C'est en évitant d'adosser la holding à d'autres structures de l'audiovisuel qui auraient tendance à la négliger, voire à l'étouffer ou à la dévorer, que l'on obtiendra précisément la poursuite des éléments bénéfiques de la réforme que je me suis permis de rappeler devant vous.

Quant au contrat d'objectifs et de moyens, je le répète, j'attends les résultats de la mission de l'inspection générale des finances et des travaux de la mission d'information parlementaire pour définir précisément les grandes lignes du contrat d'objectifs et de moyens avec la holding.

M. le président. La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly, pour la réplique.

Mme Catherine Morin-Desailly. Monsieur le ministre, disposant de fort peu de temps pour intervenir, j'ai mis en avant surtout les points faibles.

Pour avoir auditionné les intéressés au sein de la commission de la culture et de la communication, nous savons qu'il y a des points de progrès.

Néanmoins, vous l'avez vous-même souligné, nous avons affaire à une crise d'adolescence. En tant que responsables politiques et en tant que législateur, nous nous devons de poser la question de la structure la plus appropriée pour passer ce cap.

Voilà pourquoi j'ai soulevé cette question et vous ai demandé si une étude sérieuse et approfondie avait été menée, dans un esprit de comparaison, afin que l'audiovisuel extérieur de la France réussisse.

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