Question de M. ANZIANI Alain (Gironde - SOC-EELVr) publiée le 17/11/2011

M. Alain Anziani appelle l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur les inquiétudes suscitées par les conditions du rétablissement provisoire de l'ancienne l'allocation équivalent retraite (AER), devenue allocation transitoire de solidarité (ATS).

En effet, cette nouvelle allocation ne couvre que très partiellement le champ de l'ancienne AER. D'après les organisations syndicales, moins de 10 000 demandeurs d'emploi pourraient y prétendre d'ici à 2014, alors que le dispositif AER supprimé en 2010 couvrait plus de 60 000 demandeurs d'emploi par an, et ce jusqu'à l'âge de leur départ en retraite. Cette réduction de la portée de l'aide tient notamment aux nouvelles conditions d'âge. Ainsi, alors qu'il suffisait auparavant aux demandeurs d'emploi, quel que soit leur âge, de justifier de 160 trimestres cotisés ou validés pour bénéficier de l'AER, le nouveau dispositif s'adressera dorénavant uniquement aux demandeurs d'emploi nés entre juillet 1951 et décembre 1953.

Ces derniers devront, en outre, justifier de 164 trimestres uniquement cotisés (et non validés). Ainsi les femmes élevant des enfants, les salariés arrêtés (arrêt maladie, arrêt de travail) ou en invalidité seront particulièrement pénalisés.

En conséquence, il estime que le nouveau dispositif crée de nouvelles inégalités entre des demandeurs d'emploi placés dans des situations comparables. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer s'il envisage d'élargir les critères de l'ATS afin que toutes les personnes âgées de moins de 60 ans et ayant cotisé durant un nombre suffisant de trimestres puissent en bénéficier.

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de la santé publiée le 19/01/2012

Le ministre du travail, de l'emploi et de la santé a pris connaissance avec intérêt de la question relative au dispositif de l'allocation équivalent retraite (AER). L'AER était une allocation destinée aux demandeurs d'emploi âgés de moins de 60 ans justifiant du nombre de trimestres suffisant pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Dans le cadre des mesures en faveur de l'emploi des seniors, la loi de finances pour 2008 a supprimé l'AER, mettant ainsi un terme aux nouvelles entrées dans ce dispositif à compter du 1er janvier 2009. Toutefois, dans le contexte de crise économique mondiale qui a rendu particulièrement difficile la situation de certains demandeurs d'emploi âgés de plus de 55 ans, le gouvernement a prolongé l'AER, à titre exceptionnel, en 2009 puis en 2010. L'AER a ainsi été supprimée définitivement le 1er janvier 2011. En effet, le Gouvernement entend privilégier le retour à l'emploi des seniors plutôt que leur retrait anticipé du marché du travail. Plusieurs mesures mises en œuvre depuis 2007 permettent de renforcer considérablement les incitations à la prolongation d'activité. C'est le cas de l'augmentation du taux de la surcote, porté à 5 % depuis le 1er janvier 2009, et de la libéralisation totale du cumul emploi-retraite pour les assurés âgés de plus de 60 ans disposant d'une carrière complète. Le report à 70 ans de l'âge de mise à la retraite d'office dans le secteur privé, la réforme des limites d'âge dans la fonction publique, la suppression progressive de la dispense de recherche d'emploi, ainsi que des préretraites publiques, tout comme la taxation des dispositifs de préretraite privés, s'inscrivent également dans cet objectif. Enfin l'obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés d'être couvertes par un accord ou un plan en faveur de l'emploi des seniors a permis d'engager une dynamique d'emploi des seniors positive avec plus de 35 000 plans mis en place, à ce jour. Cette politique a permis d'augmenter de plus de 5,5 points, depuis fin 2007, le taux d'emploi des 55-64 ans, une fois pris en compte les effets démographiques et de porter le taux d'emploi des 55-59 ans à 63,4 %, au deuxième trimestre 2011, taux désormais supérieur au taux moyen d'emploi des 55-59 ans de l'Union européenne (61,5 % à fin 2010). Cependant, le Gouvernement a souhaité prendre en compte la situation particulière des demandeurs d'emploi en indemnisation chômage au moment de la publication de la loi du 9 novembre 2010, pour lesquels les mesures de report de l'âge légal de départ à la retraite ont pu créer un défaut d'allocation imprévu entre leur période d'indemnisation chômage et la liquidation de leurs droits à retraite. Ainsi, le Gouvernement a décidé de mettre en place, à titre dérogatoire et ciblé, une allocation transitoire de solidarité (ATS), d'un montant identique à l'AER, destinée aux demandeurs d'emploi à la date de promulgation de la loi de réforme des retraites, détenant le nombre de trimestres nécessaires à une retraite au taux plein, à la date d'épuisement de leurs droits à indemnisation chômage, et dont l'indemnisation chômage s'est épuisée ou s'épuisera après l'âge de 60 ans mais avant le nouvel âge de départ prévu par la loi de réforme des retraites. Le décret relatif à ce dispositif (n° 2011-1421) est paru au Journal officiel du 3 novembre 2011. Les premiers dépôts de dossier peuvent intervenir depuis mi-novembre pour un paiement de l'allocation dès la fin du mois de novembre. Selon les estimations réalisées par la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et Pôle emploi, plus de 12 000 personnes devraient bénéficier de ce dispositif qui s'appliquera de manière rétroactive aux demandeurs d'emploi dont le défaut d'indemnisation serait intervenu entre juillet 2011 et l'entrée en vigueur du dispositif. Ce dispositif, exceptionnel et transitoire, s'éteindra spontanément à la fin de l'année 2014.

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