Question de M. LEROY Jean-Claude (Pas-de-Calais - SOC) publiée le 12/09/2013

M. Jean-Claude Leroy attire l'attention de M. le ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la mise en place de l'écotaxe pour le recyclage des déchets de meubles.

Conformément au décret n° 2012-22 du 6 janvier 2012 relatif à la gestion des déchets d'éléments d'ameublement et faisant suite aux arrêtés en date des 26 et 31 décembre 2012, les déchets d'éléments d'ameublement (DEA) sont gérés, depuis le 1er mai 2013, par deux éco-organismes agréés par l'État pour une durée de cinq ans renouvelable : Valdelia et Éco-mobilier. Ceux-ci ont pour mission d'assurer la collecte, le recyclage, la valorisation et la réutilisation des DEA.

Cependant, la mise en place de l'écotaxe nécessite un lourd travail de la part des petites et moyennes entreprises (PME) concernées. En effet, les entreprises de l'artisanat ont pour devoir de collecter l'écotaxe, ce qui implique, pour ces dernières, d'acquérir, à leur charge, des logiciels de comptabilité adaptés. Certes, l'article R. 543 du code de l'environnement permet aux entreprises agréées de se substituer à cette éco-contribution, en devenant le collecteur et le recycleur de leurs propres productions. Néanmoins, il apparaît que les conditions d'attribution de l'agrément soient perçues comme manquant de clarté.

Par ailleurs, le texte instituant cette taxe ne distingue pas les différentes catégories de meubles et met sur le même plan les produits à bas prix, à la durée de vie et à l'usage limités, issus de la production industrielle, des produits de conception durable et utilisant principalement des matériaux recyclables ou ré-employables. Les artisans, professionnels de l'ameublement, produisent effectivement des meubles à longue durée de vie qui, par leur conception, pourront être restaurés, réparés, rénovés ou réutilisés. Ce n'est pas le cas des meubles produits de façon industrielle, à coût plus réduit et qui sont, chaque année, jetés par leurs propriétaires.

Aussi, lui demande-t-il de bien vouloir lui indiquer s' il envisage de prendre des mesures pour rendre l'écotaxe pour le recyclage des déchets de meubles plus juste et ne pas affecter un secteur porteur d'emplois.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 02/01/2014

Sur les 2,7 millions de tonnes de déchets d'ameublement produits chaque année en France, environ 38 % sont actuellement mis en décharge sans être valorisés. La filière « REP » de gestion des déchets de meubles vient d'entrer dans sa phase opérationnelle en 2013. Elle permettra d'améliorer le traitement de ce type de déchets par le développement de la réutilisation et du recyclage. Cette filière représente également un fort potentiel de développement économique et de création d'emplois locaux et non délocalisables dans les territoires : nous avons ainsi déjà assisté à la création de plusieurs PME spécialisées dans le recyclage des matelas. Enfin, la filière réduira la charge financière pour les collectivités territoriales pour la gestion des dits déchets. Un nouveau report de l'application de ce dispositif n'est pas apparu opportun au Gouvernement, qui reste conscient de la nécessaire progressivité de la mise en œuvre sur le terrain. La participation active des professionnels du secteur de l'ameublement a permis d'avancer de manière constructive tant lors de la phase d'études de préfiguration que dans la phase de rédaction des textes d'application de cette obligation législative. Les représentants du secteur de l'ameublement ont été reçus par les services du ministère ainsi que par le cabinet et leurs besoins ont été pris en compte. La loi de finances pour 2013 a ainsi introduit l'obligation de répercussion au consommateur final de l'éco-contribution. Cette mesure permet d'alléger la charge financière pour les producteurs, les préserve de négociations intermédiaires, et contribue au lancement de la filière dans de bonnes conditions. Le décret relatif à la gestion des déchets d'éléments d'ameublement a été publié au Journal officiel le 8 janvier 2012. Sur ce fondement, deux structures collectives, créées par les metteurs sur le marché de mobiliers ménagers et professionnels ont été agréées : les sociétés Eco-Mobilier et Valdélia, respectivement pour la gestion des déchets d'éléments d'ameublement ménagers, et pour la gestion des déchets d'éléments d'ameublement professionnels. Ce dispositif offre la possibilité effective et immédiate aux metteurs sur le marché d'adhérer à l'un des éco-organismes susnommés, seules structures à avoir, à ce jour, demandé et reçu l'agrément des pouvoirs publics. Il demeure, en parallèle de l'adhésion à un éco-organisme, une deuxième option pour un metteur sur le marché d'éléments d'ameublement, consistant à mettre en place un système individuel de gestion des déchets issus de ses produits. Ce système doit être approuvé par les ministres en charge de l'environnement et de l'industrie, sur la base d'une demande formulée par le metteur sur le marché, justifiant de ses capacités techniques et financières pour mener à bien les opérations quant à la collecte et au traitement, sans frais pour les détenteurs, des déchets issus des produits qu'il a mis sur le marché. Cette demande doit également justifier que le système répond aux exigences fixées par un cahier des charges dont le contenu est défini à l'article R. 543-251 du code de l'environnement. Les travaux de rédaction et de concertation en vue de la publication du cahier des charges pour les systèmes individuels sont actuellement en cours et le ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie a veillé à associer à cette concertation l'ensemble des parties prenantes concernées, dont les artisans. Une réunion s'est tenue à ce sujet le 23 septembre 2013. Dans un souci d'équité de traitement entre les metteurs sur le marché et dans une volonté globale de performance de la filière, ce cahier des charges sera proche de celui d'agrément, tant dans sa forme que dans son niveau d'exigences. Pour le Gouvernement, il est important de laisser aux producteurs qui le souhaitent, et pour qui cela est pertinent économiquement et environnementalement, la possibilité de recourir aux systèmes individuels. La condition de la crédibilité de ceux-ci est qu'ils soient bien cadrés, avec un niveau d'exigence équivalent à celui des systèmes collectifs, et fassent ainsi preuve de leur efficacité. Les artisans notent la différence technique importante existant entre eux et la grande distribution du fait de la durabilité de leur production et donc de la moindre production de déchets. Ce point correspond bien aux objectifs de la filière. Il doit être pris en compte par les éco-organismes collectifs dans l'établissement d'un barème de cotisation équitable entre les producteurs. Dans le cadre du recours à un éco-organisme collectif, il appartient aux producteurs mettant en place cet éco-organisme de définir le barème de cotisations permettant de refléter un éventuel différentiel de coûts par le biais notamment de la modulation du barème, tel que prévu dans le cahier des charges d'agréments. Enfin, la feuille de route de la table ronde économie circulaire de la conférence environnementale 2013 précise que, conformément aux préconisations du rapport parlementaire de Messieurs Cottel et Chevrollier, les rôles de l'État et des instances de concertation dans le pilotage des filières REP seront étendus, et que la gouvernance du dispositif sera simplifiée, clarifiée et harmonisée.

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