Question de Mme BOUCHOUX Corinne (Maine-et-Loire - ECOLO) publiée le 11/10/2013

Question posée en séance publique le 10/10/2013

Concerne le thème : Situation des universités françaises à l'heure de la rentrée 2013

Mme Corinne Bouchoux. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à l'occasion de la rentrée universitaire de 2013, les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, dites « ESPE », ont ouvert leurs portes. Implantées dans chaque académie, ces nouvelles composantes universitaires formeront les enseignants de la maternelle à l'université, ainsi que les conseillers principaux d'éducation. C'était un engagement du Président de la République pour revenir sur les désastreuses réformes qui avaient amené à la suppression de la formation pédagogique des enseignants.

Lors de l'examen de la loi de refondation de l'école de la République, avant l'été, les écologistes avaient alerté le Gouvernement sur le risque que la nature des formations proposées dans le cadre des masters « métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » ne prennent pas bien en compte les inflexions souhaitées et en restent à des enseignements disciplinaires.

Comme vous le savez, le Parlement, notamment le Sénat, avait intégré par voie d'amendement des cadres de contenus spécifiques : parcours artistiques et culturels ; formation à la résolution non-violente des conflits ; recours à des pédagogies coopératives plutôt que compétitives ; contenus dispensés par des intervenants d'horizons variés, non seulement des universitaires et des professeurs de ces nouvelles ESPE, mais aussi des professeurs déjà en activité, des acteurs de l'éducation populaire ou encore des artistes intervenants.

Alors qu'un nombre croissant d'universités ne parviennent pas, cela a été dit, à boucler leur budget et que des tensions amènent des pôles de recherche et d'enseignement supérieur, PRES, à se déliter, le contenu pédagogique demandé par le ministre de l'éducation nationale aux universités pour les ESPE doit être garanti en totalité par des moyens identifiés afin que ces écoles ne soient pas une variable d'ajustement de leur site de rattachement.

Madame la ministre, les premiers retours doivent vous être parvenus sur le déroulement de cette rentrée 2013 dans les ESPE. Je souhaiterais savoir si la volonté du Parlement en général et de la Haute Assemblée en particulier a été respectée par l'ensemble des universités et s'il subsiste encore des résistances ou des difficultés dans la mise en œuvre de cette réforme. (Applaudissements sur les travées du groupe écologiste.)

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 11/10/2013

Réponse apportée en séance publique le 10/10/2013

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Madame la sénatrice, les ESPE sont au cœur de la réussite de notre projet pédagogique, de la maternelle jusqu'au doctorat.

Dans les dix prochaines années, c'est le tiers du corps professoral, soit 300 000 enseignants, qui sera formé dans ces nouvelles écoles supérieures. C'est dire l'enjeu. Il ne faut cependant pas tout attendre de cette rentrée des ESPE, même si tous les efforts ont été faits, dans la plus grande concertation, pour qu'elle soit la plus réussie possible. Il y avait urgence, compte tenu des résultats de plus en plus mauvais obtenus en particulier par les jeunes issus des milieux les plus défavorisés, mais nous avons agi, pour répondre à l'urgence, de manière très construite est très concertée. Nous devrions enregistrer des progrès dans les années à venir.

Nous souscrivons totalement à votre souhait que le travail en groupe ou en équipe se substitue - ou, du moins, la complète - à la performance individuelle, sur laquelle se fonde quasi exclusivement notre système pédagogique. C'est prévu dans les contenus pédagogiques. Pareillement, la formation aux métiers du professorat et de l'éducation comprend un tronc commun de formation portant notamment sur les « gestes professionnels liés aux situations d'apprentissage, dont la conduite de classe et la prévention des violences scolaires, la prise en compte de la diversité des publics et en particulier des élèves en situation de handicap, les méthodes de différenciation pédagogique et de soutien aux élèves en difficulté », ainsi que le prévoit un texte réglementaire pris en application de la loi.

Il se trouve que le recteur Daniel Filâtre, qui connaît bien le sujet pour avoir lui-même travaillé sur les formations des ESPE, et Édouard Leroy, représentant le ministère de l'éducation nationale, ont été missionnés pour suivre l'ensemble des ESPE qui se mettent en place et envisager l'ensemble des formations complémentaires, dans toute leur diversité, tant académiques que disciplinaires et professionnelles, à mettre en place.

Six ESPE ont bénéficié d'une autorisation provisoire : celles de Versailles, de Toulouse, de Grenoble, d'Antilles-Guyane, de Paris et de Lyon. Nous les suivons avec la plus grande attention, de même que MM. Filâtre et Leroy, en raison des difficultés qu'elles connaissent: Toutes nos équipes sont mobilisées pour que ces ESPE progressent rapidement et qu'elles soient en ordre de marche à la rentrée scolaire prochaine, au service des parcours de réussite. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

M. le président. La parole est à Mme Corinne Bouchoux, pour la réplique.

Mme Corinne Bouchoux. Madame la ministre, je vous remercie de cette réponse précise à une question qui tenait particulièrement à cœur à ma collègue Marie-Christine Blandin.

Ce dossier est particulièrement symbolique puisqu'il s'agit de faire travailler de concert les universités autonomes, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le ministère chargé de l'enseignement scolaire, le ministère de la culture et toutes les collectivités territoriales, qui jouent un rôle très important dans ces domaines. Nous espérons recevoir régulièrement des informations sur la mise en place de ces ESPE. Nous irons d'ailleurs sur le terrain constater par nous-mêmes ce qu'il en est afin d'en rendre en compte à nos collègues.

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