Question de M. FOUCHÉ Alain (Vienne - UMP) publiée le 15/05/2014

M. Alain Fouché attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la situation de l'exploitation du pétrole dans l'Arctique.

En effet, un article du « Monde » en date du 2 mai 2014 relate que l'association « Greenpeace » aurait empêché la livraison d'une cargaison de pétrole commandée par la compagnie française Total. Selon cet article, ce pétrole proviendrait d'une plateforme « offshore » de l'Arctique.

Il lui demande comment le Gouvernement compte réagir face à cette action, sachant qu'en septembre 2012, le président de Total, avait lui même déjà alerté la France sur le risque de forage de l'Arctique.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 26/06/2014

Les années 2000 ont été marquées par la théorie du « peak oil », prévoyant qu'après avoir atteint un pic, la production pétrolière mondiale connaîtrait une baisse rapide, liée à la diminution des réserves. Cette situation constituait une source d'inquiétude, face à la demande croissante, en particulier de la part des pays émergents. Dans ce contexte, les grandes compagnies pétrolières ont estimé qu'il convenait de développer la prospection pétrolière et gazière en zone arctique, région alors sous-explorée, compte tenu en particulier de la rigueur de son climat. Les progrès technologiques et le retrait progressif de la banquise ont permis aux compagnies pétrolières de mener plusieurs campagnes d'exploration au nord du cercle polaire. Il ressort de ces campagnes un important potentiel de ressources, gazières et, dans une moindre mesure, pétrolières. Ces premières évaluations devront toutefois pour la plupart être confirmées. Outre l'« offshore » norvégien, l'« offshore » peu profond au large de la Russie (Sibérie occidentale) représente actuellement le cœur des activités pétrolières et gazières en Arctique. Concernant la cargaison de pétrole dont il était fait mention dans l'article du Monde cité dans la question, il s'agit d'une cargaison commandée par Total en provenance de la plate-forme russe de Prirazlomnaya, en mer de Pechora. Opérée par le groupe Gazprom, elle constitue, depuis le début 2014, la première exploitation de pétrole en offshore dans l'Arctique russe, zone susceptible d'être prise par les glaces en hiver. L'objectif de production de Prirazlomnaya est de 6 000 barils de pétrole par jour en 2014 et de 120 000 barils par jour à partir de 2021. L'exploitation de cette plate-forme a fait l'objet, en septembre 2013, de vives tensions entre Greenpeace et le gouvernement russe. En effet, Greenpeace comme d'autre associations environnementalistes, font valoir que l'éloignement de la zone de forage des routes maritimes, rendrait difficile une intervention en cas de marée noire. Prirazlomnaya dispose de fondations de béton conçues pour résister à la banquise mais l'expérience du secteur pétrolier dans le domaine de l'exploitation d'hydrocarbures en offshore polaire, caractérisé par la fragilité de son écosystème, reste encore limitée à ce jour. L'action de Greenpeace s'étant déroulée dans le port de Rotterdam, la France n'a pas eu de rôle concret à jouer dans la résolution du conflit. Par ailleurs, il faut noter que le navire pétrolier russe a finalement pu s'amarrer et délivrer sa cargaison. Plus généralement, la France promet le renforcement de la connaissance scientifique de l'Arctique et la nécessité de veiller à la protection de l'environnement devant la croissance des intérêts économiques pour cette zone, ce qu'elle s'efforce de faire notamment à travers son statut d'observateur au conseil de l'Arctique.

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