Question de M. BASCHER Jérôme (Oise - Les Républicains) publiée le 25/05/2018

Question posée en séance publique le 24/05/2018

M. Jérôme Bascher. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

La récente controverse autour de la présidente d'une section locale de l'Union nationale des étudiants de France, l'UNEF, portant non pas un petit foulard, mais un hijab, illustre l'un des maux de notre société et le renoncement aux fondements de notre République. Le communautarisme ne cesse d'étendre son emprise, que ce soit à l'université, à l'école, dans les quartiers, mais aussi dorénavant dans les syndicats, les entreprises et, hélas, les services publics.

La France, ce n'est ni le communautarisme ni le multiculturalisme.

Ne nous y trompons pas : la visibilité de certains signes religieux constitue un message à valeur politique, celui du refus de l'intégration dans notre République et du rejet de ses valeurs émancipatrices de liberté, d'égalité, de fraternité, mais également de laïcité. Les « accommodements raisonnables », voire électoraux, qui semblent satisfaire certains, ou le « machisme » que semblent voir d'autres, c'est le recul de la République et du droit des femmes.

Au Sénat, nous avons choisi de mener le combat : propositions de loi pour renforcer la laïcité à l'école et à l'université, ou encore amendements au projet de loi sur les violences faites aux femmes. Le Sénat sera toujours fort pour défendre la République ; le Sénat sera toujours le dernier rempart des valeurs de la France.

Ma question est donc simple. Quelle société le Gouvernement veut-il vraiment ? Va-t-il accepter encore longtemps la part croissante des emprises communautaires de tous types dans notre pays, si contraires à nos valeurs et à notre pacte national, ou entend-il agir avec fermeté pour lutter contre ces régressions ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Mme Éliane Assassi. Oh !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 25/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 24/05/2018

Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur Jérôme Bascher, je ne doute pas que le Sénat soit un rempart contre le communautarisme et soit un défenseur de la laïcité, mais, vous le reconnaîtrez, les atteintes à la laïcité ne datent pas d'hier matin.

Sur la laïcité, tant le Président de la République que les membres du Gouvernement n'ont jamais changé de ligne. Notre conception est celle d'Aristide Briand, rapporteur de la loi de 1905, qui a conçu la laïcité française comme une laïcité de liberté : certes, l'État ne reconnaît aucune religion, mais chaque citoyen doit aussi pouvoir exercer son culte dans de bonnes conditions, ou encore n'en exercer aucun.

Cent douze ans après l'entrée en vigueur de cette loi, le Gouvernement est plus que jamais décidé à en appliquer les principes ; rien que la loi de 1905, toute la loi de 1905.

Le communautarisme, quant à lui, doit être combattu avec fermeté, car il n'existe dans notre pays qu'une seule communauté, celle de la République française, et nous ne tolérerons pas la moindre atteinte, dans nos quartiers, dans nos villes ou dans nos universités, à la laïcité. Vous le savez, nous agissons dans les quartiers (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) et partout où nous devons le faire. Nulle part, nous ne pouvons accepter que des préceptes religieux veuillent l'emporter sur les lois de la République. Nulle part, nous ne pouvons nous résigner à ce que la République ne donne pas aussi sa chance à chacun.

Nous serons sur tous les fronts, monsieur le sénateur, la sécurité, l'emploi, l'éducation. Nous agissons pour améliorer le quotidien et l'avenir de nos concitoyens, dans le respect de la laïcité. (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.

M. Jérôme Bascher. Le discours éculé selon lequel « ce n'est pas nous, ce sont nos processeurs », cela commence à suffire…

M. Jean-Marc Todeschini. Absolument ! (Sourires.)

M. Jérôme Bascher. Quand le Président de la République stigmatise lui-même les « mâles blancs », il coupe la société en catégories et il invite au repli. Une France forte dans ses valeurs n'a pas peur d'intégrer. Nous voulons une France ouverte dans l'Europe, mais unie dans ses principes et dans ses valeurs, sur tout le territoire ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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