Question de M. PACCAUD Olivier (Oise - Les Républicains) publiée le 02/08/2018

M. Olivier Paccaud attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la nécessaire revalorisation salariale des professeurs des écoles.
L'éducation nationale manque de professeurs. Le recrutement se heurte parfois au faible nombre de candidats. N'oublions pas, non plus, un nombre non négligeable de démissions.
Le manque de reconnaissance explique en partie la désaffection pour le métier d'enseignant mais pas seulement. L'aspect salarial ne doit ainsi pas être minoré. Il suffit de comparer les grilles salariales des enseignants français avec celles de nos voisins. Depuis quelques années, quelques efforts de revalorisation ont été faits, notamment en début de carrière. Cependant les perspectives de progression ne sont guère engageantes pour les futurs enseignants. Quand on sait qu'un professeur des écoles avec 20 ans d'ancienneté et un niveau bac +5 ne touche que 2 200 euros par mois, on comprend mieux la désaffection pour les carrières d'enseignant.
Il souhaite savoir si le Gouvernement compte enfin appliquer une vraie politique de rattrapage salarial indispensable pour rendre ce noble métier à nouveau attractif.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 24/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2018

M. Olivier Paccaud. Monsieur le ministre, l'enseignement est une vocation pour la plupart de ceux qui s'investissent auprès des enfants afin de leur transmettre le savoir, leur offrir ce bien inestimable qui ne s'achète pas et constitue autant d'acquis fondamentaux qu'ils enrichiront tout au long de leur vie.

Ce travail est, certes, un trésor, comme l'écrivait La Fontaine, mais la satisfaction d'encourager et d'élever intellectuellement, au sens propre, les nouvelles générations ne constitue pas une récompense suffisante pour les enseignants. Encore faut-il que ceux-ci soient rémunérés à la juste valeur de leur mission.

Aujourd'hui, l'éducation nationale manque de professeurs. Le recrutement se heurte parfois au faible nombre de candidats, sans oublier le chiffre non négligeable de démissions. La faiblesse de la reconnaissance du métier d'enseignant explique, en partie, cette désaffection, mais pas seulement. L'aspect salarial ne doit ainsi pas être minoré. Il suffit de comparer les grilles salariales des enseignants français avec celles de leurs collègues des pays voisins.

En moyenne, un enseignant français gagne évidemment plus qu'un Croate, un Roumain ou un Italien, mais il perçoit trois fois moins qu'un Luxembourgeois, presque moitié moins qu'un Allemand, 25 % de moins qu'un Finlandais ou un Hollandais, encore moins qu'un Irlandais, un Espagnol ou un Britannique.

Depuis quelques années, des efforts de revalorisation ont été faits, notamment en début de carrière. Votre annonce d'augmenter les nouvelles recrues jusqu'à 1 000 euros par an est une excellente nouvelle. Mais il est certain que les perspectives de progression ne sont guère engageantes pour les futurs enseignants. Quand on sait qu'un professeur des écoles avec vingt ans d'ancienneté et un niveau bac+5 ne touche que 2 200 euros par mois, on comprend mieux la désaffection pour la carrière d'enseignant.

Si des efforts ont été réalisés en début de carrière, comptez-vous, monsieur le ministre, mettre en place un véritable plan, une véritable politique de rattrapage salarial, indispensable pour rendre ce noble métier de nouveau attractif ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Olivier Paccaud, vous posez une question évidemment très importante, au cœur des politiques que j'ai à mener. La revalorisation du métier d'enseignant et son attractivité, qui englobent la question salariale, mais ne s'y résument pas, constituent deux chantiers prioritaires que je me suis fixés.

Cela se traduit par la rénovation et la revalorisation de l'ensemble des grilles indiciaires des professeurs engagées depuis septembre 2017, dans le cadre de la mise en œuvre, d'une part, de ce que l'on appelle le PPCR, parcours professionnels, carrières et rémunérations, ainsi que, d'autre part, de façon plus générale, d'une politique de pouvoir d'achat au service de nos professeurs.

Les stagiaires entrent ainsi dans la carrière avec un salaire progressivement revalorisé. Je vous remercie d'avoir noté l'engagement pris d'une augmentation de plus de 1 000 euros par an de leur rémunération. C'est évidemment un progrès important, parce que ce sont notamment les débuts de carrière qui sont faiblement rémunérés aujourd'hui, comme le montrent les comparaisons internationales.

De même, un professeur des écoles pourra terminer sa carrière hors échelle A, soit avec une rémunération de base comprise entre 50 000 euros et 54 600 euros bruts par an. Sur l'ensemble d'une carrière terminée à ce niveau, un enseignant aura perçu entre 45 000 euros et 60 000 euros bruts de plus qu'auparavant. Il y a donc très clairement une augmentation programmée du pouvoir d'achat.

C'est aussi le sens de nos choix budgétaires. Vous le savez, la hausse de notre budget, non corrélée à une augmentation de postes, nous permet justement de mener une telle politique de pouvoir d'achat.

Renforcer l'attractivité des métiers, c'est aussi offrir de nouvelles perspectives de carrière. La création d'un troisième grade, la classe exceptionnelle, participe de cette évolution.

En outre, s'agissant des professeurs des écoles, le nombre des promotions dans cette hors classe augmente progressivement dans un objectif de convergence avec les professeurs du second degré, alors que la différence est actuellement de 17 %. Ainsi, le taux de promotion est fixé à 13,2 % au titre de l'année 2018 et sera établi à 15,1 % au titre de l'année 2019. Dans le contexte de priorité accordée à l'école primaire, cet effort de convergence entre le premier et le second degré contribue à réduire les écarts de rémunération et à accroître l'attractivité du corps.

En réalité, les premiers effets se mesurent déjà, comme l'indiquent les données du concours de recrutement des professeurs des écoles : le nombre d'inscrits est en effet en augmentation de près de 7 % entre 2016 et 2018. Nous devons nous féliciter de la progression de tels indices d'attractivité.

Renforcer l'attractivité du métier de professeur, c'est également, au-delà de la reconnaissance financière, œuvrer en amont pour susciter de nouvelles vocations. C'est tout le sens du dispositif de préprofessionnalisation en vue de prérecruter, que je présenterai dans le cadre du projet de loi pour une école de la confiance, qui sera examiné au début de l'année prochaine.

Votre question, monsieur le sénateur, est aussi l'occasion pour moi de souligner l'esprit de confiance dans lequel je travaille avec l'ensemble des personnels de l'éducation nationale. C'est ce message qu'il faut leur adresser, dans ces jours où l'actualité soulève d'autres problèmes. Il est important de le répéter, sérénité et confiance sont les deux maîtres mots que je prononce depuis que je suis arrivé au ministère.

Mme la présidente. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour répondre à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. En vingt-deux secondes !

M. Olivier Paccaud. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. J'ai notamment bien noté que vous étiez conscient de la problématique de la divergence entre les professeurs des écoles et ceux du second degré. Les premiers ne bénéficient pas de la possibilité d'effectuer des heures supplémentaires. Pour toutes les réunions qu'ils ont en plus, ils n'ont pas les mêmes avantages. Je donnerai un exemple très précis : les évaluations qu'ils ont dû organiser ces derniers jours leur ont pris énormément de temps, particulièrement pour entrer les données dans les logiciels dédiés, mais ne seront pas rémunérées, ce qui est un réel problème.

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