Question de M. GROSPERRIN Jacques (Doubs - Les Républicains) publiée le 28/03/2019

M. Jacques Grosperrin attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les conséquences pour les sapeurs-pompiers volontaires français de la transposition de la directive n° 2003/88/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail en droit interne.
Ce texte aurait pour effet de les assimiler à des travailleurs dans l'application de la législation relative au temps de travail.
Le Parlement a adopté la loi n° 2011-851 du 20 juillet 2011 relative à l'engagement des sapeurs-pompiers volontaires et à son cadre juridique, disposant que l'engagement de sapeur-pompier volontaire n'est pas un travail mais un engagement citoyen libre au service de la communauté s'effectuant dans les conditions qui lui sont propres.
La primauté du droit européen rendra caduques les dispositions de cette loi : appliquer la directive considérera le temps d'astreinte comme étant du temps de travail et l'engagement citoyen tel qu'il existe à ce jour disparaîtra, dénaturant ainsi l'esprit même du volontariat.
En outre, le glissement opéré d'une logique d'altruisme vers une logique de salariat déstabilisera l'ensemble du statut juridique, fiscal et social avec un impact lourd sur les finances publiques.
Aussi souhaiterait-il connaître les dispositions que le Gouvernement envisage de prendre afin de protéger le statut des sapeurs-pompiers volontaires et de garantir la sécurité de nos concitoyens.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 11/06/2020

La sécurité civile française repose sur un modèle qui démontre chaque jour sa pertinence et sa robustesse. Par son organisation et son implantation territoriale cohérente, notamment dans les zones rurales, notre modèle permet aussi bien de faire face aux accidents du quotidien, que d'affronter les crises exceptionnelles. Ce modèle, garant de la pérennité de la mission des 240 000 sapeurs-pompiers volontaires et professionnels, doit être conforté. L'engagement des sapeurs-pompiers volontaires (SPV) contribue à garantir, chaque jour, la continuité opérationnelle du service public de protection et de secours à la population. La pérennité et l'attractivité du volontariat dépendent de sa capacité à s'adapter aux nouvelles formes d'engagement, attendues par les plus jeunes qui aspirent davantage aujourd'hui à pouvoir concilier vie privée, vie professionnelle et engagement. Pour stimuler le volontariat, rendre cet engagement pérenne et fidéliser dès à présent les plus jeunes, le ministère de l'intérieur déploie depuis un an les trente-sept mesures du plan d'action en faveur du volontariat. Parmi les vingt mesures d'ores et déjà déployées, deux sont particulièrement significatives : les mesures relatives à une féminisation des centres d'incendie et de secours dans lesquels les femmes ne représentent aujourd'hui que 16 % des effectifs. Ces mesures seront consolidées avec la mise en place d'un référent à l'égalité et à la diversité dans chaque service d'incendie et de secours (SIS) ou encore la parité de leurs conseils d'administration afin de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes ; la mise en œuvre de l'engagement différencié, permettant aux nouvelles recrues d'opter pour un engagement sur une seule mission et plus particulièrement dans le domaine du secours d'urgence aux personnes. Cet engagement vise notamment à permettre une intégration plus rapide des nouvelles recrues. L'ensemble de ces mesures et l'implication des SIS dans leur déclinaison ont permis tout d'abord de stabiliser les effectifs puis, depuis maintenant quatre ans, de constater une légère mais continue hausse des effectifs de SPV. Ces initiatives permettent de conforter notre modèle qui doit continuer de servir de référence dans notre action de coopération aux niveaux européen et international. En parallèle, le ministère de l'intérieur poursuit un important travail avec la Commission européenne, sous l'égide du Secrétariat général aux affaires européennes, afin d'étudier le positionnement des SPV français au regard de la directive européenne concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail (2003/88/CE). Pour autant, avant l'aboutissement de ces travaux, le ministère de l'intérieur engagera, avec les partenaires concernés, une phase de concertation permettant, dès à présent, de définir les améliorations susceptibles d'être apportées à l'organisation existante afin de se prémunir notamment de mises en causes devant les juridictions.

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