Question de Mme RAUSCENT Noëlle (Yonne - LaREM) publiée le 12/04/2019

Question posée en séance publique le 11/04/2019

Mme Noëlle Rauscent. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

C'est l'une des mesures du plan Pauvreté dévoilé par le Président de la République en septembre dernier : d'ici à la fin du mois, monsieur le ministre, vous allez lancer, avec Mme la secrétaire d'État Christelle Dubos, le dispositif « cantine à un euro », qui concernera jusqu'à 10 000 communes dans les zones les plus défavorisées. La semaine prochaine, des petits-déjeuners gratuits seront proposés dans huit académies tests. Ces mesures étaient attendues depuis longtemps dans les zones où se concentrent les populations les plus défavorisées.

Monsieur le ministre, l'école de la République doit redevenir un facteur de justice sociale et permettre l'égalité des chances. Je salue donc ces dispositions de bon sens qui s'attaquent aux racines des inégalités et complètent les mesures phares que sont le dédoublement des classes de CP et de CE1 ou celles que vous défendrez sur ce banc dans quelques semaines : la scolarisation obligatoire dès l'âge de 3 ans ; la visite médicale obligatoire pour les enfants entre 3 et 4 ans.

S'attaquer aux inégalités à la source est le nerf de la guerre, afin de favoriser l'égalité des chances pour plus de justice sociale.

Inciter les familles à inscrire leurs enfants dans les cantines scolaires permettra aux élèves de bénéficier d'une meilleure alimentation et de réduire les inégalités face à ce fléau croissant qu'est la malnutrition. Rappelons également que la sous-alimentation en France, qui certes reste faible, à un taux d'environ 3 %, n'a pas régressé depuis vingt ans.

Un élève qui n'a rien avalé le matin ne produira pas les efforts intellectuels nécessaires à un apprentissage efficace.


Plusieurs sénateurs Les Républicains. La question ! Qui va payer ?


M. le président. Votre question !


Mme Noëlle Rauscent. Monsieur le ministre, pouvez-vous revenir sur les différentes mesures que vous avez déjà mises en place pour assurer une meilleure justice sociale et poursuivre votre engagement en ce sens ? Avez-vous un calendrier précis relatif à l'élargissement du dispositif « cantine à un euro » à tout le territoire ? (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)


M. François Grosdidier. Vous ne demandez pas qui paie !


M. Jean-Pierre Sueur. Fausse question !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 12/04/2019

Réponse apportée en séance publique le 11/04/2019

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Noëlle Rauscent, votre question est extrêmement importante (Rires sur les travées du groupe Les Républicains, du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.), puisqu'elle porte sur les conditions mêmes de la réussite des élèves.

Ce sujet très sérieux, qui devrait réclamer l'attention de tous, implique que nous nous battions pour défendre les enjeux pédagogiques et éducatifs. C'est ce que nous faisons, notamment pour l'école primaire dans les territoires les plus défavorisés, afin que chaque enfant sache lire, écrire, compter et respecter autrui. Nous devons le garantir, car nous savons que tel n'est pas le cas aujourd'hui. Il existe en effet des déterminants éducatifs, mais aussi sociaux, dont l'éducation nationale ne peut pas se désintéresser.

C'est pourquoi nous avons travaillé avec Agnès Buzyn et Christelle Dubos, dans le cadre du plan Pauvreté, pour aboutir au résultat que vous avez évoqué.

Ce résultat est essentiel, comme j'ai eu souvent l'occasion de le vérifier dans mes précédentes fonctions. Nous devons évidemment faire en sorte que les enfants soient bien nourris si nous voulons qu'ils apprennent correctement, de même que nous devons veiller à leur santé.

L'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans aura de nombreuses conséquences corrélatives en matière sociale. Ainsi, la visite médicale, enjeu sur lequel nous travaillons avec Agnès Buzyn, doit être effective pour les enfants non seulement à l'âge de 6 ans, mais également auparavant, à 3 et 4 ans, afin d'aller à la racine d'éventuelles difficultés scolaires.

Les mesures relatives aux cantines, que Christelle Dubos et moi-même avons annoncées, recouvrent deux points : la cantine proprement dite et le petit-déjeuner.

Sur ce sujet de la cantine comme sur d'autres, par exemple le plan Mercredi, l'État est le partenaire des collectivités locales. Nous allons aider les municipalités à réaliser ce qu'elles font déjà ou ce qu'elles voudront faire en la matière. Autrement dit, pour les communes, notamment celles qui sont situées en zone rurale et celles de moins de 10 000 habitants, l'État apportera son soutien à la tarification sociale à hauteur d'au moins 2 euros par enfant.

Il s'agit d'une très belle illustration du partenariat entre les communes et l'État, à l'instar des petits-déjeuners gratuits, une mesure lancée dès à présent et qui touchera huit académies à la rentrée prochaine. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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