Question de M. SOL Jean (Pyrénées-Orientales - Les Républicains) publiée le 16/01/2020

Question posée en séance publique le 15/01/2020

M. Jean Sol. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adressait à Mme la ministre des solidarités et de la santé, à l'heure où plus de 1 000 médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service, lui ont envoyé une lettre de démission collective pour protester contre le dramatique, désastreux et récurrent manque de moyens de notre hôpital public.

Au-delà de ce cri désespéré de nos soignants après des années de souffrances dans leurs services, c'est à un véritable burn-out de tout notre corps hospitalier que nous assistons. Les conditions de travail sont telles qu'elles remettent en cause la qualité des soins et menacent la sécurité des patients. Nos médecins et nos personnels paramédicaux ne sont pas des machines. Ce sont des êtres humains qui consacrent leur vie à soigner et à sauver les autres. Notre hôpital public est en déliquescence ; il souffre et il se meurt, parce qu'il est au bord de l'asphyxie !

Nous sommes en état d'urgence. Faut-il un drame pour que le Gouvernement réagisse enfin ? Les mesures annoncées le 20 novembre dernier sont symboliques,…

M. François Patriat. Allons !

M. Jean Sol. … clairement insuffisantes ; elles n'ont pas convaincu, parce qu'elles n'ont rien d'un plan d'urgence, et tout d'un plan de communication ! Seule une vraie réforme en profondeur de notre système de santé pourra sauver notre hôpital public ; cela passe par des décisions immédiates, fortes et courageuses : lancer un vrai Grenelle de la santé, rénover la gouvernance en sortant de l'inflation bureaucratique,…

M. Édouard Philippe, Premier ministre. C'est ce que nous faisons.

M. Jean Sol. … rééquilibrer le pouvoir entre l'administration et les médecins,…

M. Édouard Philippe, Premier ministre. C'est ce que nous faisons !

M. Jean Sol. … revaloriser les salaires,…

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Tout à fait.

M. Jean Sol. … engager du personnel et les doter de moyens et d'équipements modernisés,…

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Nous le faisons.

M. Jean Sol. … rouvrir des lits.

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Oui !

M. Jean Sol. Mme la ministre a été médecin hospitalo-universitaire ; elle ne peut pas laisser mourir l'hôpital, car, à travers lui, c'est la santé de tous les Français qui est en jeu ! Face à cette situation, je lui demande : où en êtes-vous ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé publiée le 16/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 15/01/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé.

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur, vous nous demandez d'organiser une transformation en profondeur de notre système de santé ; c'est ce que fait Mme la ministre ; c'est ce que nous faisons au quotidien. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

Vous nous demandez de mettre en œuvre une meilleure répartition du travail et du temps médical ; c'est ce que nous faisons en redonnant du temps médical et en permettant une répartition des tâches entre les différents corps médicaux.

M. Pierre Laurent. Pourquoi ces démissions, alors ?

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État. Vous nous demandez d'instaurer une meilleure gouvernance ; c'est ce que nous faisons en réformant la gouvernance et en y repositionnant les soignants, afin qu'ils puissent être présents au cœur des décisions qui leur incombent dans leurs hôpitaux. (Vives protestations sur les travées des groupes Les Républicains et CRCE.)

M. Pierre Ouzoulias. Assez du déni !

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État. Vous nous demandez de mieux articuler la médecine de ville et le secteur hospitalier ; c'est ce que nous faisons avec le plan Ma Santé 2022.

Mmes Éliane Assassi et Laurence Cohen. Pourquoi, alors, les médecins sont-ils dans la rue ? Et pourquoi les chefs de service démissionnent-ils ?

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État. Vous nous demandez d'apporter des réponses financières et de revaloriser les salaires des professionnels médicaux ; c'est ce que nous faisons par le biais des différentes primes (Brouhaha sur les travées du groupe CRCE.) ; c'est ce que nous faisons, également, en permettant l'augmentation des tarifs hospitaliers et en allégeant la dette des hôpitaux, afin qu'ils puissent réinvestir dans le quotidien.

Je vous renvoie aux différents plans annoncés par Mme la ministre, et aux millions d'euros afférents, qui prennent en compte notre nouveau système de santé tel qu'il émane du texte de loi, Ma Santé 2022, que vous avez voté, mesdames, messieurs les sénateurs. (Exclamations sur les travées des groupes Les Républicains et CRCE. – Applaudissements sur des travées du groupe LaREM.)

Mme Laurence Cohen. Si vous faisiez ce que vous dites, il n'y aurait pas de manifs dans les rues !

M. le président. La parole est à M. Jean Sol, pour la réplique.

M. Jean Sol. Madame la secrétaire d'État, je vous ai écoutée. Il faut maintenant passer des déclarations d'intention aux financements, et des financements aux actes, pour sortir de cette impasse avant qu'elle ne se transforme en catastrophe sanitaire nationale, et pour dissiper la méfiance légitime de nos médecins et de nos personnels hospitaliers, qui pèse lourdement sur la santé des Français. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roland Courteau. Très bien !

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