Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 06/02/2020

Question posée en séance publique le 05/02/2020

M. Pascal Allizard. Madame la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées, nos armées sont engagées dans des opérations qui s'inscrivent dans la durée. Elles doivent disposer de la meilleure technologie. Le Gouvernement souhaite promouvoir prioritairement les technologies françaises et les coopérations européennes. C'est une bonne chose !

La France compte, dans le domaine de la défense, de grands groupes, mais aussi des PME, voire des start-up, souvent plus vulnérables.

La compétition fait rage entre les grandes puissances. Nous devons donc conserver nos compétences pour l'avenir de nos industries et celui de nos opérations. Pourtant, nous constatons avec inquiétude l'intérêt que suscitent à l'étranger, notamment aux États-Unis, quelques entreprises françaises de technologies sensibles. Ces précieuses pépites attirent souvent les convoitises. Certaines sont déjà passées sous pavillon étranger ; d'autres seraient en passe de l'être. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour notre souveraineté !

S'agissant de Photonis, l'un des leaders mondiaux dans les intensificateurs de lumière, en particulier utilisés par nos forces spéciales, la DGA (direction générale de l'armement), par la voix de son délégué, s'était montrée rassurante lorsque je l'avais interrogée en commission. Aujourd'hui, le temps s'est écoulé, et j'entends qu'aucune solution industrielle française ne semble se dégager, quand des acheteurs non européens semblent déjà prêts. Il y a donc urgence à agir.

Le Gouvernement considère-t-il Photonis comme une entreprise stratégique ? Est-il réellement capable de préserver nos pépites industrielles du secteur de la défense ? L'Union européenne doit-elle nous y aider ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Sylvie Goy-Chavent et M. Jean-Marie Bockel applaudissent également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 06/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 05/02/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées.

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Vous posez, monsieur le sénateur, le problème, essentiel, de notre autonomie en termes d'industrie de la défense. Cette autonomie est importante pour nos armées, nos militaires et notre capacité à conduire des opérations sur le terrain avec des matériels à la fois innovants et ne relevant que de nous-mêmes.

Des entreprises peuvent effectivement se trouver en difficulté. Mais elles sont aidées et épaulées par la DGA.

Vous avez évoqué la situation de Photonis. Pour tout vous dire, je n'ai pas de renseignements précis à vous fournir, aujourd'hui, sur cette entreprise… (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Pardonnez-moi, mais le secteur de la défense compte de nombreuses entreprises. Dès que je les obtiendrai auprès de la DGA, je vous transmettrai ces informations.

En tout cas, sachez que nous sommes particulièrement vigilants sur ces sujets.

Il est important que nous puissions garder des capacités sur le plan de l'autonomie stratégique européenne. Le budget de la défense européen, le Fonds européen de la défense, sera là aussi un atout majeur. Entre 2021 et 2027, 13 milliards d'euros seront ainsi dévolus à la recherche, à l'innovation, à la création d'outils européens de défense qui pourront assurer une autonomie stratégique européenne.

Notre action, à l'heure actuelle, doit être à la fois française et européenne. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Pascal Allizard, pour la réplique.

M. Pascal Allizard. Madame la secrétaire d'État, je suis très déçu et très triste de votre réponse. Cinq sociétés américaines sont prêtes à racheter Photonis et le fonds d'investissement français de l'AID (Agence de l'innovation de défense) ne sera pas opérationnel – j'espère que ça, au moins, vous le savez – avant le second semestre de 2020.

Nous sommes donc totalement démunis, ce que je trouve assez scandaleux ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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