Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 25/06/2020

M. Jean-Marie Mizzon interroge M. le ministre de la culture sur sa politique du livre à l'heure du numérique et au lendemain de l'épidémie du coronavirus. Cette nouvelle technologie et la pandémie du Covid-19 ont, effectivement, entraîné bien des bouleversements dans les habitudes des Français quant à la lecture. Cette activité culturelle est effectivement toujours autant plébiscitée par l'ensemble de nos concitoyens. Le récent rapport du syndicat national de l'édition (SNE) est, sur ce point, plus qu'éloquent. Le marché du livre en France génère un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros avec plusieurs millions de volumes vendus chaque année, tous formats confondus. Avec l'arrivée du numérique, force est de constater que ce marché est en pleine mutation. Dans ce domaine, l'offre est non seulement de plus en plus vaste, avec 1 557 éditeurs et un catalogue numérique qui compte quelque 328 965 titres disponibles à la vente, mais aussi de plus en plus accessible avec une grande variété de supports : 21 % des Français utilisent un ordinateur fixe, 32 % une liseuse, 37 % un smartphone, 38 % une tablette pour, et enfin, 40 % un ordinateur portable. L'engouement certain pour ce type de produit - maintenant avéré et constaté par tous les observateurs - entraîne logiquement une progression constante des achats. Il suffit pour s'en convaincre de consulter le chiffre d'affaires des ventes de livres numériques de littérature qui s'élève à 27,3 millions d'euros en 2018, ce qui équivaut à 13 % des ventes dans ce secteur. L'édition numérique grand public - hors littérature - a, quant à elle, généré, toujours en 2018, un chiffre d'affaires de 19 millions d'euros et représente 9 % du total des ventes de l'édition numérisée. Par conséquent, c'est sans conteste un marché en augmentation régulière qui vient de connaître un bond surprenant durant l'épidémie du coronavirus. Durant cette période, les ventes d'e-books ont effectivement atteint un niveau plus qu'inattendu par tous les acteurs de ce secteur culturel, éditeurs, libraires, prestataires numériques et autres plateformes en ligne confondus. Les chiffres communiqués par les plateformes de ventes spécialisées témoignent même d'une hausse spectaculaire des achats de livres numériques. Plus précisément, le nombre de téléchargements et les ventes ont été multipliés par sept tandis que le nombre d'ebooks commandés a été multiplié par 15. Durant l'épidémie, les supports sur lesquels les lecteurs se sont procuré les livres numériques sont, principalement, les liseuses et les applications mobiles. Quant à la lecture directe sur ordinateur, elle a été multipliée par trois, soit + 260 %, ce qui représente plus de 835 000 livres numériques lus par ce moyen. Et, pour ce qui est de la lecture en streaming, la hausse est également significative avec 362 400 pages en moyenne lues par jour. La plupart des plateformes de vente de livres numériques, qui enregistrent donc des hausses d'activité de 75 % à 200 %, constatent, en outre, un véritable plébiscite pour les ebooks en accès gratuit mais aussi une demande du prêt numérique auquel les bibliothèques peinent à faire face. Aussi, alors qu'après deux mois d'arrêt lié à la crise sanitaire, les professionnels du livre – libraires et maisons d'édition – évaluent leurs pertes à 500 millions d'euros, il souhaite savoir comment la politique menée dans ce secteur d'importance pour notre pays tant au plan culturel qu'économique pourrait utilement être corrigée afin de ne léser aucun des acteurs de ce marché.

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Transmise au Ministère de la culture


Réponse du Ministère de la culture publiée le 29/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 28/09/2021

Mme le président. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, auteur de la question n° 1229, adressée à Mme la ministre de la culture.

M. Jean-Marie Mizzon. Madame la ministre, avec l'arrivée du numérique et au lendemain, ou presque – espérons-le ! –, de l'épidémie du coronavirus, le marché du livre est en pleine mutation.

Cette nouvelle technologie et la pandémie ont en effet entraîné d'importants bouleversements dans les habitudes de lecture des Français mais aussi dans le monde de l'édition. Cette activité culturelle, qui génère un chiffre d'affaires assez important, est toujours autant plébiscitée par nos concitoyens.

Or, avec l'arrivée du numérique, le marché du livre est en pleine mutation, avec près de 400 000 titres disponibles à la vente et accessibles via un ordinateur fixe, une liseuse, un smartphone, une tablette ou encore un ordinateur portable.

Surtout, ce marché, en augmentation constante, a connu une hausse particulièrement notable au plus fort de l'épidémie de covid-19. Durant cette période, les chiffres communiqués par les plateformes de vente spécialisées témoignent même d'une hausse spectaculaire des achats de livres numériques, avec un nombre de téléchargements et de ventes multiplié par sept, tandis que le nombre d'e-books commandés a été multiplié par quinze. Quant à la lecture directe sur un ordinateur, elle a triplé en volume, ce qui représente plus de 800 000 livres numériques lus par ce seul moyen. La plupart des plateformes de vente de livres numériques ont enregistré des hausses d'activité allant jusqu'à 200 %.

Tout cela suscite, au vu des pertes enregistrées, l'inquiétude des professionnels du livre, libraires et maisons d'édition confondus. Afin qu'aucun des acteurs de ce marché ne soit lésé, quelle politique votre ministère entend-il mener dans ce secteur d'activité d'importance pour notre pays, sur le plan tant culturel qu'économique ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture. Monsieur le sénateur Jean-Marie Mizzon, les contraintes et les obligations imposées par la crise sanitaire ont en effet favorisé une augmentation au moins temporaire des ventes et des prêts de livres numériques.

Le développement du secteur du livre numérique est accompagné depuis plus d'une dizaine d'années par le ministère de la culture. Cela s'est manifesté notamment par l'adoption de la loi sur le prix unique du livre numérique en 2011, le soutien au développement du prêt numérique en bibliothèque ou encore le copilotage d'un plan stratégique pour le développement d'une offre de livres numériques nativement accessibles aux personnes en situation de handicap.

En outre, le Centre national du livre (CNL) propose plusieurs dispositifs d'aide numérique, qui ont été refondus cette année. Trois aides sont dorénavant proposées afin d'accompagner la filière du livre dans le développement de services numériques structurants et interprofessionnels, de soutenir la publication et la diffusion de livres numériques, et de favoriser le développement du livre audio.

L'imprimé demeure néanmoins le principal format du marché du livre, puisqu'il représente environ 95 % des ventes en volume.

Les périodes de confinement liées à la crise sanitaire ont eu un impact sur les ventes, mais le soutien du Gouvernement a été important. Grâce à l'action du CNL et des directions régionales des affaires culturelles, le cas échéant en liaison avec les organismes de gestion collective et les collectivités territoriales, les différents maillons ont bénéficié d'aides variées.

Ainsi, 677 auteurs ont reçu 2,26 millions d'euros d'aide d'un fonds d'urgence, et 440 aides ont été versées aux petites et moyennes maisons d'édition, pour plus de 4 millions d'euros. Les libraires ont en outre été soutenus à travers un fonds de compensation des pertes d'exploitation lors du premier confinement, pour plus de 15 millions d'euros. Le remboursement de leurs frais d'expédition pour leur permettre de poursuivre leur activité à distance lors du deuxième confinement a coûté plus de 3 millions d'euros. Et un fonds de modernisation de 12 millions d'euros a été créé pour accélérer leurs investissements dans leurs magasins et leurs solutions de vente en ligne, dont 9 millions d'euros ont déjà été engagés.

À cela s'ajoutent les dispositifs transversaux que vous connaissez bien, et dont la chaîne du livre a pleinement bénéficié.

Mme le président. Il faut conclure, madame la ministre.

Mme Roselyne Bachelot, ministre. Combinée avec la fréquentation exceptionnelle des commerces de livres, l'action publique aura ainsi permis au secteur du livre de traverser avec le moins de dégâts possible la crise sanitaire.

Mme le président. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, pour la réplique.

M. Jean-Marie Mizzon. Je suis impressionné par le nombre des initiatives que vous avez prises, madame la ministre. Mais le ressenti sur le terrain n'est pas à la hauteur de ces engagements que vous prenez pour défendre le livre. Puisse l'avenir vous donner raison !

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