Question de M. DUPLOMB Laurent (Haute-Loire - Les Républicains) publiée le 09/07/2020

Question posée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le sujet de l'écologie est présent dans tous les discours bien-pensants.

Pourtant, les décisions prises sur l'autel sacrificiel de la décroissance devraient nous questionner. Notre pays va connaître la pire crise depuis 1929, dixit le ministre Bruno Le Maire. Et vous prenez des décisions qui coûtent cher et dont l'impact sur la planète sera pire encore…

Je citerai deux exemples, parmi tant d'autres.

L'énergie qu'auraient produite les deux réacteurs arrêtés de Fessenheim, avec des rejets de CO2 limités, sera achetée en Allemagne. Elle coûtera donc plus cher et aura un bilan carbone désastreux en raison de la production au charbon. Cherchez l'erreur !

M. André Reichardt. Très bien !

M. Laurent Duplomb. La quassia, ou quinine de Cayenne, additif très utilisé dans les boissons gazeuses et les cosmétiques, est autorisée pour l'agriculture en Allemagne, Pologne, Suisse et Autriche, mais interdite en France ! Elle pourrait être utilisée pour tuer les larves d'hoplocampe dans la pomme, mais ce n'est pas le cas.

Aussi, nos agriculteurs, surtout en bio, sont placés dans une impasse technique, tandis que les Français continuent de consommer des produits importés contenant des substances interdites chez nous.

Madame la ministre, avez-vous conscience des conséquences néfastes et paradoxales de cette écologie punitive ? Pensez-vous y remédier ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 09/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Je tiens tout d'abord à remercier le Président de la République et le Premier ministre de m'avoir accordé leur confiance pour endosser ces gros enjeux de l'écologie. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

Mme Laurence Rossignol. Que de confiance aujourd'hui !

Mme Barbara Pompili, ministre. Il convient, me semble-t-il, de les aborder différemment de la manière dont vous les présentez, monsieur le sénateur.

L'écologie n'est pas punitive en soi. Au contraire, elle représente l'espoir et la possibilité de vivre demain dans un monde meilleur pour nous, nos enfants, mais aussi notre économie et nos emplois.

L'écologie nécessite avant tout d'anticiper, de se projeter dans l'avenir et de prendre un temps d'avance pour éviter d'être confrontés ensuite à des difficultés. Nous l'avons vu avec la crise actuelle, dont les scientifiques nous disent qu'elle a notamment des origines environnementales, liées à la perte de la biodiversité. (M. Claude Malhuret s'exclame.)

On peut continuer de fermer les yeux ou regarder la réalité en face.

Je ne connais pas un agriculteur qui est heureux de diffuser des produits phytosanitaires sur ses terres ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Si ! Puisque ce sont des produits phyto…

Mme Barbara Pompili, ministre. Tout ce qu'il souhaite, c'est avoir de bons produits, pouvoir vivre décemment de son travail et être reconnu. Nous devons cesser les oppositions stériles entre les uns et les autres.

Les agriculteurs forment le cœur des territoires. Et sur les territoires, dont vous êtes les représentants, messieurs les sénateurs (Exclamations sur les travées du groupe SOCR.) – et mesdames les sénatrices, bien évidemment –, nous aurons besoin de transcrire cette anticipation dans les faits, de prévoir les emplois de demain et de rééquilibrer notre mix énergétique pour ne pas être dépendants d'une énergie par rapport à une autre et pouvoir recréer des emplois. Les énergies, notamment renouvelables, sont en effet fortement génératrices d'emplois sur les territoires.

De la même manière, la rénovation thermique des logements, non seulement fait du bien à notre environnement, mais offre des emplois non délocalisables à nos territoires.

Les exemples sont nombreux, et vous pouvez compter sur moi pour les mettre en œuvre !

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.

M. Laurent Duplomb. Comme votre collègue Nicolas Hulot, madame la ministre, vous prônez le juste échange et combattez le libre-échange. Pourtant, vous vous êtes abstenue lors du vote sur le CETA. On peut donc légitimement se dire que vos revendications relèvent plutôt de la posture politique que de convictions profondes…

D'ici à ce que vous fassiez comme Michael Shellenberger, écologiste de la première heure, qui tient aujourd'hui à s'excuser d'avoir répandu la peur climatique – il dénonce dans un ouvrage les déclarations apocalyptiques sur le climat, scientifiquement erronée et politiquement contreproductive –, il n'y a qu'un pas ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Protestations sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

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