Question de Mme JOSEPH Else (Ardennes - Les Républicains) publiée le 25/03/2021

Mme Else Joseph interroge Mme la ministre de la culture sur le choix fait par certains musées de retirer les chiffres romains. En effet, quatorze musées ont fait le choix de renoncer aux chiffres romains au motif qu'ils seraient indéchiffrables, tant pour les Français que pour les étrangers. Ce retrait traduit cependant une curieuse conception de la pédagogie et de la transmission. Contrairement aux idées reçues, les publics ne sont pas hermétiques aux chiffres romains, ni même à toute annotation savante. L'utilisation des chiffres romains participe aussi de l'enseignement et de l'instruction des différents publics. Renoncer à leur utilisation révèle plutôt une vision centrée sur le nivellement par le bas. En effet, la supposée difficulté à déchiffrer les chiffres romains n'a d'égal que le bonheur final de les avoir devinés. C'est notamment le cas chez les jeunes, qui éprouvent malgré tout cette joie de les dénommer. Enfin, les musées participent de la transmission d'une culture nationale. Ils doivent donc être sensibles à préserver le niveau de cette culture. Le choix de renoncer aux chiffres romains est guidé par une optique de court-terme, qui risque d'avoir des résultats désastreux sur la manière dont nous concevons la culture et l'éducation. La facilité n'est en rien pédagogique et contribue encore plus à l'affaissement de la culture générale. Elle lui demande donc ce que les pouvoirs publics envisagent pour lutter contre une démarche qui serait tout aussi problématique que le recours à l'écriture inclusive. Cette initiative constitue un mauvais signe dans l'image que le pays se donne concernant sa propre culture.

- page 1922


Réponse du Ministère de la culture publiée le 02/09/2021

Les décisions récentes d'un certain nombre de musées de substituer ponctuellement l'utilisation des chiffres romains à celle des chiffres arabes dans la notation des siècles et des rois ont pu susciter des interrogations. Ces décisions, peu nombreuses, s'inscrivent dans le cadre d'une recommandation européenne pour une information « facile à lire et à comprendre » (FALC) et poursuivent ainsi l'objectif d'une accessibilité universelle renforcée. L'enjeu est ici de se donner les moyens d'offrir à un public le plus large possible – notamment les visiteurs étrangers de culture non latine – des contenus aisément accessibles. Il s'agit d'un souci d'accessibilité et de compréhension pour tous, permettant de les accompagner, mais aussi – puisque le but reste de les informer et de les enrichir – de les inciter à lire les cartels. Il n'est donc pas question d'un bannissement des chiffres romains, encore moins d'un affaiblissement de la culture classique, mais plutôt de porter la volonté de s'adresser à tous ceux qui peuvent être gênés dans leur compréhension. À côté de cette mesure, d'autres concourent également à une meilleure appropriation des contenus, comme le travail sur la taille des caractères, l'emplacement des cartels ou la signalétique, autant de réflexions visant à offrir aux visiteurs une expérience plus facile, confortable et enrichissante.

- page 5122

Page mise à jour le