Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 17/06/2021

Question posée en séance publique le 16/06/2021

M. le président. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Stéphane Demilly. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Monsieur le ministre, lors d'une crise sanitaire, il est crucial que des enquêtes scientifiques complètes et transparentes puissent être menées. Nos concitoyens ont le droit de connaître l'origine d'une pandémie qui a durement affecté leur vie quotidienne – c'est un doux euphémisme.

En janvier dernier, l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, a mené l'enquête en Chine pour comprendre comment le virus de la covid-19 avait été transmis à l'homme.

Toutefois, il semblerait que cette organisation n'ait pu travailler librement lors de ce séjour de quatre semaines à Wuhan. Les résultats des experts sur place étaient, semble-t-il, surveillés de près, même de très près ; leurs conclusions devaient être approuvées par un groupe de travail, sous l'autorité directe du gouvernement chinois…

On le voit, on le sent, on le sait, l'information est contrôlée, filtrée et probablement censurée. Plusieurs journalistes chinois ont d'ailleurs été arrêtés lorsqu'ils ont eu l'outrecuidance de sonner l'alarme à propos du virus. Or les citoyens chinois et ceux du monde entier ont droit à la vérité sur l'origine de cette pandémie.

Ce problème de transparence est d'ailleurs d'actualité : à la suite d'un incident technique survenu avant-hier sur l'un des réacteurs nucléaires de la centrale de Taishan, dans le sud-ouest de la Chine, l'exploitant de la centrale s'est contenté laconiquement de déclarer que les indicateurs environnementaux étaient « normaux », sans autre précision. Le ministère chinois des affaires étrangères n'est guère plus loquace sur le sujet.

Pourtant, s'il est deux sujets qui mériteraient une règle basique de transparence internationale, ce sont bien le sanitaire et le nucléaire.

À défaut d'informations officielles du gouvernement chinois, avez-vous réussi, monsieur le ministre, par des canaux parallèles, à capter d'autres informations sur ces deux sujets cruciaux ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et GEST. – Mme Angèle Préville applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 16/06/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Demilly, vous avez raison en ce qui concerne le constat sanitaire.

La France, avec ses partenaires européens, a pris une initiative, lors de l'Assemblée mondiale de la santé, en mai 2020, pour demander une évaluation impartiale, indépendante, complète et transparente sur les origines de la pandémie.

Nous avions également demandé à l'OMS de formuler des recommandations, afin d'améliorer les capacités mondiales de prévention et de riposte.

À la suite de cette initiative – il n'avait pas été simple de la faire adopter par l'Assemblée mondiale de la santé, du fait des résistances que vous imaginez… –, une mission de l'OMS s'est rendue en Chine, pour essayer d'identifier l'origine de la covid-19 et de comprendre les mécanismes de transmission du virus.

Le rapport de cette première mission a été remis voilà quelques mois. C'est une étape importante pour mieux comprendre les origines du virus et pour réduire le risque de la survenue d'événements similaires à l'avenir.

Néanmoins, dans notre esprit, ce n'est qu'une première étape. Nous considérons que le travail scientifique doit se poursuivre dans la plus grande transparence et nous appelons l'ensemble des États membres, à commencer par la Chine, à la collaboration la plus étroite avec l'OMS. Cette volonté a été exprimée de nouveau lors de la dernière Assemblée mondiale de la santé, qui s'est tenue voilà quelques jours : il faut la plus grande transparence.

À cet égard, l'Union européenne a pris l'initiative, lors de la présentation du rapport, de proposer des recommandations en vue de faire toute la lumière sur l'origine du virus et sur les modalités de sa transmission à la population humaine.

Vous avez raison, monsieur le sénateur : les citoyens du monde entier ont le droit de disposer de toute l'information nécessaire. C'est aussi une nécessité si nous voulons pouvoir, demain, prévenir de nouvelles situations d'urgence sanitaire. (M. François Patriat applaudit.)

- page 4968

Page mise à jour le