Question de M. CADEC Alain (Côtes-d'Armor - Les Républicains-A) publiée le 07/10/2021

Question posée en séance publique le 06/10/2021

M. le président. La parole est à M. Alain Cadec, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Alain Cadec. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique, dont je regrette d'ailleurs l'absence.

Lors de son déplacement en Polynésie française, à la fin du mois de juillet, le Président de la République a déclaré à propos du développement des parcs éoliens : « Là où ils créent trop de tensions, dénaturent et défigurent le paysage, il faut savoir ou les adapter ou y renoncer. » Je saisis l'occasion de cette déclaration pour attirer l'attention sur le parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc.

Ce parc est d'abord un projet mal né. Sans prise en compte des particularités des fonds marins, sans étude d'impact sérieuse et sans véritable concertation avec les principaux utilisateurs – les pêcheurs – de l'espace maritime concerné, il est effectivement en passe de faire l'unanimité contre lui.

Il apparaît clairement que les travaux nécessaires à son implantation provoquent la destruction des fonds marins. Ces désordres, préjudiciables à la biodiversité, vont impacter directement les activités de la pêche côtière et, par conséquent, le gisement de coquilles Saint-Jacques de la baie.

Pardonnez-moi, mes chers collègues, mais j'en ai marre de ce masque… (M. Alain Cadec retire son masque. – Protestations sur les travées du groupe SER et au banc des ministres.)

Par ailleurs, défigurer le paysage du cap Fréhel, classé au titre des grands sites de France, en implantant 62 éoliennes de 207 mètres de haut à 15 kilomètres des côtes, serait un non-sens. Pour mémoire, la tour Montparnasse mesure 210 mètres.

Que les choses soient claires, mesdames, messieurs les ministres : les énergies renouvelables, en particulier l'éolien offshore, doivent être développées en complément de notre production nucléaire, mais pas n'importe où, pas n'importe comment et pas à n'importe quel prix !

Compte tenu des propos du Président de la République, le Gouvernement serait-il prêt à renoncer à ce projet et à réfléchir à une ambition alternative plus réaliste et plus adaptée aux caractéristiques de nos côtes ? Je pense à l'éolien flottant, qui a la particularité d'être implanté plus loin des côtes et ne nécessite pas de forages profonds.

Cerise sur le gâteau, le Conseil d'État ayant relevé des irrégularités, le parquet national financier vient de se saisir du dossier d'attribution de ce marché à Iberdrola. Sans commentaire ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Veuillez remettre votre masque, mon cher collègue. Nous avons une discipline collective et je demande à chacun de la respecter. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. le Premier ministre applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargé de la biodiversité publiée le 07/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 06/10/2021

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la biodiversité.

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité. Comme vous le savez, monsieur le sénateur Cadec, pour atteindre nos objectifs climatiques, nous avons besoin d'électrifier nos usages et, dans ce contexte, pour garantir l'approvisionnement électrique des Français, nous devons développer massivement les énergies renouvelables, dont l'éolien terrestre et maritime.

Notre pays dispose du deuxième gisement potentiel d'Europe pour l'éolien en mer. Cette source d'énergie, durable, sûre, compétitive et non émettrice de CO2, est une chance, une chance pour la Bretagne – si l'on considère le parc de Saint-Brieuc dont nous parlons ici –, pour le mix énergétique français et pour le climat.

L'idée, avec ce parc, est de produire l'équivalent de la consommation électrique de 835 000 habitants en Bretagne, alors que cette région, sur le plan de la sécurité d'approvisionnement, importe 85 % de sa consommation. En outre, le projet sera pourvoyeur d'emplois, avec des fondations qui seront fabriquées à Brest, le port de construction et le port de maintenance étant installés dans les Côtes-d'Armor.

L'impact visuel sera limité, comme vous le savez. Nous parlons de l'équivalent d'une silhouette que l'on verrait de l'autre bout d'un stade de foot. Les pêcheurs professionnels, qui se sont inquiétés du projet, ont été entendus et une concertation très large a été organisée avec toutes les parties prenantes, ce qui a, d'ailleurs, entraîné certaines adaptations. Il n'est pas question que ce projet éolien exclue les usages de la mer et les activités de pêche resteront possibles.

L'impact environnemental marin ou sur l'avifaune a également été étudié, notamment au travers de travaux menés par le CNRS. La plus grande attention est donc portée aux risques environnementaux sur toute la conduite du chantier et dans son exploitation.

Comme vous, monsieur le sénateur Cadec, nous avons été très sensibles à l'incident qui s'est produit cet été. Il s'avère que, quand nous avons caractérisé ces huiles, elles se sont révélées biodégradables, selon les normes classiques. Il n'est pourtant pas question, évidemment, de voir de tels incidents se reproduire et des travaux ont été réalisés, à cette fin, sur le navire de forage.

Près de dix ans après l'attribution de ce parc éolien, le projet a su évoluer pour tenir compte des attentes et des besoins des parties prenantes. Des études inédites ont été menées sur les impacts et les nombreux contentieux ne l'ont jamais remis en cause.

En transparence et avec la plus grande vigilance, il me semble donc nécessaire de laisser ce projet se poursuivre. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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