Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 17/02/2022

M. Laurent Lafon appelle l'attention de Mme la ministre de la culture quant aux réalités précaires que vivent les intermittents du spectacle dans notre pays.

Depuis le 31 décembre 2021, les intermittents du spectacle ne bénéficient plus de la prolongation exceptionnelle de leurs droits. Cette « année blanche » devait laisser place à de nouvelles mesures d'accompagnement qui auraient du être présentées à l'automne dernier.

Au lendemain des victoires de la musique, de nombreux artistes et techniciens sont dans l'expectative.

Alors que les acteurs du spectacle vivant souhaitaient redresser la tête, les mesures annoncées lundi 27 décembre 2021 par le Premier ministre ont à nouveau douché tout espoir.

L'interdiction des concerts debout et l'instauration d'une jauge maximale de 2 000 personnes en intérieur et de 5 000 personnes en extérieur, et ce pour une période de trois semaines à compter du lundi 3 janvier 2022, ont contraint de nombreux organisateurs à reporter ou annuler leurs prochaines manifestations, mettant de nouveau leur trésorerie en tension.

Les annonces sur l'activité partielle, rendue possible pour les contrats à durée déterminée et donc pour les intermittents qui verraient leurs engagements annulés ou reportés pour la période allant du 27 décembre 2021 au 31 janvier 2022, n'ont quant à elles pas atteint leurs cibles. Dans les faits, vous le savez, les intermittents se sont confrontés à de grandes difficultés pour obtenir de la part de leurs employeurs un contrat signé en amont de la prestation.

Par ailleurs, l'année blanche, si elle a rempli ses objectifs, garantissant un réel filet de sécurité, n'a toutefois pas compensé entièrement la perte de revenus subie par ces professionnels. En 2020, le secteur du spectacle a perdu 500 millions d'euros de salaires et au moins autant en 2021, sans que les indemnisations de l'année blanche puissent combler ce manque.

À partir du 16 février 2022, les restrictions sanitaires seront en partie levées. Les intermittents du spectacle, pris en étau entre les vagues successives de la pandémie, la frilosité d'un secteur durement mis à l'épreuve ces dernières années et l'absence de visibilité à moyen terme, seront quant à eux durablement affectés plusieurs mois après la fin de l'année blanche.

Pour les artistes et techniciens dont l'activité dépend plus des communes, associations, comités des fêtes et entreprises que des grands théâtres parisiens, l'activité professionnelle n'est jamais tout à fait repartie à la normale.

Beaucoup ne pourront raisonnablement réaliser les 507 heures sur 12 mois nécessaires à la reconduction de leurs droits, à commencer par ceux qui avaient opté pour une reconduction avant le 31 décembre 2021.

Fin octobre 2021, une étude de l'institut Harris pour le compte de son ministère venait jeter une ombre au tableau : de nombreux Français hésitaient encore à reprendre le chemin des salles de spectacle. Nous devons regarder en face ce phénomène et, plus encore, réaffirmer ce que la culture a d'essentiel à apporter à nos vies.

On ne peut ignorer ce qu'ont pu produire ces vies parallèles enfermant chacun dans son univers, rétrécissant nos imaginaires, asséchant notre soif de partage et de savoir. À l'heure où l'on s'empresse de rattraper le temps avec ses proches, le retour vers les lieux de création, les parquets de danse et les salles de cinéma prendra du temps.

Aussi, il l'encourage à donner du temps au temps et à réfléchir à la prolongation de l'aide exceptionnelle, à compter d'une année après les dernières restrictions, ainsi qu'à toutes les mesures d'accompagnement à mettre en œuvre.

- page 827

Transmise au Ministère de la culture


La question est caduque

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