Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 07/07/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur le danger que représente le scarabée japonais.
En effet, le scarabée ou hanneton japonais (Popillia japonica) est un insecte ravageur qui constitue une sérieuse menace pour des centaines d'espèces de végétaux, qu'il s'agisse des plantes alimentaires (prunier, pommier, vigne, maïs, soja, haricot, asperge....), des espèces forestières (érable plane, peuplier noir…), des plantes ornementales (rosiers…) ou des espèces sauvages (trèfle, ronce…). L'adulte se nourrit plutôt de feuilles, mais aussi de fruits et de fleurs, quand les larves préfèrent les radicelles. Cet insecte a été repéré en Italie en 2014 et en Suisse en 2017. Or, selon une alerte de l'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), publiée le 13 juin 2022, « la probabilité qu'il entre en France est haute ».
C'est pourquoi il souhaiterait savoir s'il compte inspirer son action des recommandations de l'Anses, qui préconise une surveillance accrue et, dès la première détection de l'insecte, la mise en place de différents moyens de lutte propres à l'éradiquer avant sa dissémination.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 22/09/2022

Popillia japonica, appelé communément scarabée ou hanneton japonais, est un organisme de quarantaine prioritaire (OQP) réglementé sur le territoire européen, conformément au règlement UE 2016/2031. Originaire du Nord-Est de l'Asie (Japon, Chine septentrionale et Extrême-Orient de la Russie), il a été introduit en 1916 aux Etats-Unis, où il s'est rapidement propagé et a causé de graves dégâts. En Europe, c'est sur une île des Açores qu'il est apparu pour la première fois dans les années 1970. En Europe continentale, son signalement remonte à 2014, en Italie, dans les régions de Lombardie et du Piémont. Il s'est dès lors vite propagé et a été piégé en 2017 en Suisse, à proximité de la frontière italienne. Cette espèce très polyphage s'attaque à plus de 300 espèces de plantes cultivées et sauvages. Les plantes-hôtes couramment attaquées peuvent être les cultures fruitières (Malus, Prunus, Rubus, Juglans), le fraisier (Fragaria), la vigne (Vitis), le maïs (Zea mays), le soja (Glycine max), les rosiers (Rosa), mais également les graminées (pâturages et gazons) et diverses essences forestières ou ornementales (Acer, Aesculus, Betula, Castanea, Platanus, Populus, Salix, Tilia, Ulmus). L'insecte dévore le feuillage des végétaux, et sa larve leurs racines. Popillia japonica est qualifié d'auto-stoppeur car il peut se déplacer facilement sur de grandes distances sur n'importe quel support notamment sur des moyens de transports (camions, trains, voitures, etc.). Ce petit coléoptère extrêmement dangereux pour les végétaux étend progressivement son aire de répartition : rien ne s'oppose à son établissement en France car c'est un insecte qui se déplace facilement, et les conditions de température et de précipitation lui sont favorables. L'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a été saisie le 11 mai 2021 pour optimiser la surveillance et la détection précoce de l'insecte et afin de recommander des méthodes de surveillance et la lutte en cas de foyer. Le rapport d'expertise a été rendu le 31 mai 2022 et conclut que la probabilité d'entrée, d'établissement et de dissémination de l'insecte dans le territoire français métropolitain est haute avec une incertitude faible. L'Anses insiste sur l'importance de la surveillance pour détecter le plus précocement possible l'entrée de Popillia japonica sur le territoire et d'une grande réactivité dans la mise en place de mesures d'éradication en cas de détection. Cela conditionne les chances de succès d'une stratégie d'éradication. En lien avec ces recommandations, les mesures suivantes sont prises par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire et les services chargés de la santé des végétaux : - surveillance officielle : la stratégie de surveillance officielle annuelle a pour objectif de détecter la présence de l'insecte de façon précoce, à l'aide d'examens visuels et de pièges équipés de leurres mixtes (combinaison de phéromones sexuelles et d'attractifs floraux). Les pièges sont disposés par les services de l'État selon une analyse du risque, dans des endroits stratégiques ciblés, comme le long de la frontière française avec les pays où l'insecte est présent et à proximité des points d'entrée clés, tels que les ports ou les aéroports, ainsi que des réseaux de transport. En 2022, à l'échelle nationale, la surveillance a été renforcée : 3 900 examens visuels (+ 40% par rapport à 2021) et la pose de 350 pièges (près du double de 2021) sont programmés ; - préparation à l'urgence : un projet de plan d'urgence comprenant la description des mesures d'éradication, de sensibilisation, de surveillance, afin de préparer les services de l'État à la mise en place de mesures conservatoires dans le cas d'une suspicion et à la mise en œuvre de mesures de lutte dans le cas d'une confirmation de foyer est en cours de validation. Dès le premier insecte détecté, il faut délimiter une zone infestée qui fera l'objet d'une surveillance renforcée et de l'utilisation combinée de plusieurs moyens de lutte, adaptés selon les disponibilités et les autorisations d'utilisation. Cela peut inclure la lutte biologique, des méthodes physiques, du piégeage de masse, des mesures culturales, ou en dernier recours, quand cela est possible, l'utilisation de produits phytopharmaceutiques de synthèse. Depuis l'été 2021, deux réunions trilatérales entre la Suisse, l'Allemagne et la France se sont tenues afin de coordonner les efforts de surveillance de part et d'autre des frontières et d'échanger sur les pratiques de lutte. Ces échanges seront renouvelés à l'issue de la campagne de surveillance 2022 ; - sensibilisation : Popillia japonica a été inclus en 2022 dans la campagne nationale de sensibilisation « Plantes en danger » afin que le grand public et les professionnels sachent l'identifier et le signaler aux services en charge de la santé des végétaux. Par ailleurs, la direction générale de l'alimentation est en contact fréquent avec l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), qui participe à un projet de recherche européen (commencé le 1er septembre 2020 et se finira le 31 décembre 2024) sur les moyens de lutte durables contre l'insecte (IPM Popillia, https://www.popillia.eu/) et qui développe notamment une application téléphonique sur Popillia japonica, qui permettra de relayer des signalements aux services régionaux de l'alimentation des directions régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt.

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