Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 28/07/2022

Question posée en séance publique le 27/07/2022

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre-Antoine Levi. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Monsieur le ministre, les bouleversements causés par le réchauffement climatique ont de lourdes répercussions sur nos vies. On ne compte plus les vagues caniculaires qui s'abattent sur le territoire, toujours plus précoces, toujours plus fréquentes et toujours plus intenses.

Le 25 juillet dernier, nous apprenions que la quasi-totalité des départements de France étaient concernés par des restrictions d'utilisation de l'eau : pas moins de 90 d'entre eux le sont encore aujourd'hui. Soyons clairs, la sécheresse est là.

De plus, avec la hausse massive des températures, le phénomène d'évapotranspiration des plantes augmente et le bilan hydrique des sols devient alarmant.

L'eau est un enjeu majeur pour le monde agricole. Sans mobilisation des pouvoirs publics, c'est notre agriculture tout entière qui sera menacée.

Or, face à ce fléau, nos agriculteurs se sentent abandonnés. Leur situation est déjà très difficile, et il est de notre devoir de continuer à les aider. Il nous faut absolument développer nos efforts pour capter l'eau. En effet, monsieur le ministre, le problème n'est pas tant l'eau que sa captation et sa gestion tout au long de l'année. L'agence de l'eau Adour-Garonne prévoit même que le volume de pluie annuel sera plus important d'ici à 2050 qu'il ne l'est aujourd'hui.

Des solutions existent, comme les retenues collinaires ou les barrages, mais elles sont difficiles à mettre en œuvre. Les normes bloquent et découragent toute initiative en ce sens.

Vous me répondrez sans doute que le problème vient de l'Europe. Mais alors, pourquoi l'Espagne, qui a deux fois moins de ressources en eau que la France, parvient-elle à en capter presque dix fois plus ?

Pour y arriver, il faut du volontarisme et du courage politique. Or l'État en a souvent manqué durant ces dernières années. L'abandon du barrage de Sivens en est un exemple caractéristique.

M. Philippe Folliot. C'est vrai !

M. Pierre-Antoine Levi. Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer concrètement quelles mesures le Gouvernement compte mettre en place pour aider le monde agricole à faire face aux épisodes de sécheresse ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 28/07/2022

Réponse apportée en séance publique le 27/07/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur Pierre-Antoine Levi, vous l'avez souligné, le réchauffement climatique bouleverse effectivement la réalité quotidienne, en particulier celle des agriculteurs, dont il touche les cultures et le cheptel. Vous avez parfaitement décrit la situation qui prévaut dans votre département et qui est aussi celle de l'immense majorité des départements de France, hélas.

Pour gérer la crise dans l'urgence, nous devons prendre tout d'abord des mesures de régulation de l'usage de l'eau, des mesures d'aide au coût de l'alimentation animale et des mesures de prévention des risques d'incendie qui menacent malheureusement les cultures.

Nous avons également identifié des besoins de trésorerie, car un certain nombre d'éleveurs devront acheter de l'alimentation pour leur cheptel. Nous travaillons d'ores et déjà à des solutions.

Enfin nous activerons, le cas échéant, les dispositifs classiques de gestion de crise que nous connaissons.

Toutefois, il nous faut aussi raisonner à plus long terme sur la gestion de l'eau.

Premièrement, nous soutenons l'innovation au travers du plan France Relance, qui, même s'il touche à sa fin, a permis de dégager plus de 600 millions d'euros au profit des agriculteurs, afin que ceux-ci puissent acquérir des équipements adaptés pour faire face aux exigences de la gestion de l'eau, en particulier pour l'irrigation.

Deuxièmement, nous veillons à faciliter l'accès à l'eau, conformément aux conclusions du Varenne de l'eau, qui vont au-delà du seul déploiement d'un système assurantiel. Le décret encadrant les volumes d'eau prélevables, très attendu par les professionnels, est en cours d'élaboration et sera publié dans les prochains jours – j'y travaille avec Christophe Béchu.

Troisièmement, nous développons la construction de retenues collinaires, c'est-à-dire de retenues d'eau permettant de faire face à la dérégulation pluviométrique, conséquence de la dérégulation climatique.

J'y travaille également avec mon collègue Christophe Béchu, territoire par territoire, en identifiant les projets à développer et en levant les contraintes administratives qui bloquent la situation, qu'elles relèvent de la temporalité ou qu'elles soient d'ordre juridique. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)

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