1. La progression des dépenses ordinaires

L'augmentation significative des dépenses ordinaires (+ 3,99 %) permettra au ministère de la culture de poursuivre l'effort de remise à niveau de ses effectifs afin de pouvoir faire face à l'extension de ses missions mais également de dégager des marges de manoeuvre supplémentaires pour renforcer ses moyens d'intervention.

On rappellera que ces dépenses comprennent les crédits de personnel, les moyens de fonctionnement des services du ministère de la culture et les subventions aux établissements publics.

a) Les moyens du ministère : le coût d'une administration aux missions de plus en plus étendues

Les crédits du titre III s'établissent en 2002 à 1 245,64 millions d'euros (8 170,86 millions de francs), contre 1 205,22 millions d'euros (7 905,72 millions de francs), en augmentation de 3,35 %.

• Les dépenses en personnel : un accroissement significatif des moyens humains du ministère

En 2002, si l'effort de résorption de la précarité -difficulté particulièrement sensible au ministère de la culture- sera poursuivi, le projet de loi de finances prévoit également de nombreuses créations d'emplois.

En effet, le projet de budget prévoit la création de 350 emplois, dont 200 résultent de la transformation en emplois de crédits de vacations et d'heures supplémentaires et 150 constituent des créations nettes.

On rappellera qu'en 2001, sur les 300 emplois créés, seuls 5 correspondaient à des créations nettes.

- Les mesures de réduction de la précarité

La poursuite des actions entreprises par le ministère de la culture pour réduire la précarité constitue une priorité, dont votre rapporteur ne contestera pas la légitimité.

Le ministère de la culture doit résorber les déficits accumulés au cours des exercices précédents. Cette difficulté résulte pour l'essentiel de l'insuffisance des créations d'emplois face aux besoins engendrés par ses nouvelles missions et, plus spécifiquement, par l'ouverture de nouveaux équipements culturels.

Les effectifs les plus importants de « vacataires » au sens commun du terme se trouvent dans les musées nationaux et les monuments historiques où l'extension des espaces ouverts au public résultant d'un important effort d'investissement ne s'est pas accompagné de créations d'emplois en nombre suffisant, ce qui a eu pour conséquence de « nourrir » la précarité dans des proportions qui ont détérioré le climat social au sein des services du ministère comme de ses établissements publics.

Dès 1994, le ministère de la culture a tenté d'endiguer l'accroissement du nombre d'agents non titulaires rémunérés sur crédits.

Tandis qu'ont été rappelées et précisées par voie de circulaires ministérielles les conditions de recours à ces agents, le ministère a engagé une politique de résorption de l'emploi précaire par le biais, dès 1995, des dispositions transitoires inscrites dans le nouveau statut des personnels d'accueil, de surveillance et de magasinage puis, à partir de 1998, par l'application à certains corps du ministère de la culture et de la communication de la loi du 16 décembre 1996 sur l'emploi dans la fonction publique dite loi Perben.

Le bilan de ces plans, au 31 décembre 1999, faisait apparaître un résultat décevant, comme l'avaient au demeurant laissé craindre les mouvements sociaux qu'avait connus le ministère en 1999. A cette date, étaient recensés 1 203 agents rémunérés sur crédits mais assurant des missions correspondant à des besoins permanents, dont près de 700 dans la filière accueil, surveillance et magasinage. Ces agents étaient principalement en poste dans les établissements publics administratifs suivants : Bibliothèque nationale de France, centre des monuments nationaux, musée du Louvre, musée et domaine national de Versailles mais également musée d'Orsay, service à compétence nationale. Par ailleurs, nombre de ces agents sont employés par des établissements d'enseignement à l'image des écoles d'architecture.

Afin de remédier à ce lancinant problème, le ministère de la culture a bénéficié dès la loi de finances pour 2000, de mesures significatives de transformation en emplois de crédits de vacations et de subventions aux établissements publics.

Les créations d'emplois à ce titre se sont élevées à 263 en 2000 et à 300 en 2001.

En 2002, le projet de budget prévoit la création de 200 emplois à ce titre, qui se répartissent de la manière suivante :

- 60 emplois dans la filière d'accueil, surveillance et magasinage ;

- 68 emplois dans les corps de la filière administrative ;

- 5 emplois de secrétaires de documentation ;

- 57 emplois dans la filière ouvrière et des métiers d'art ;

- et 10 emplois d'ingénieurs d'études.

Ces créations devraient principalement permettre de titulariser des personnels recrutés à titre précaire dans les grands établissements publics (BNF, musée du Louvre, musée et domaine national de Versailles, centre des monuments nationaux) mais aussi dans les musées et les services d'archives.

On rappellera que ces emplois permettront d'organiser les concours nécessaires à ces recrutements, concours organisés en application des dispositions de la loi n° 2000-2 du 3 janvier 2001 relative à la résorption de l'emploi précaire et à la modernisation du recrutement dans la fonction publique, qui succède au dispositif Perben. Le ministère de la culture a estimé à 757 le nombre des agents susceptibles de bénéficier de ce dispositif.

Au-delà de ces mesures spécifiques, votre rapporteur ne peut qu'espérer que les mesures de créations nettes d'emplois inscrites au projet de budget pour 2002 permettront de prévenir la reconstitution d'un stock d'emplois précaires.

- Les créations nettes d'emplois

Ces créations sont au nombre de 150, ce qui marque à l'évidence un effort très significatif. Elles se répartissent de la manière suivante :

- 103 emplois concernent les services déconcentrés (85 emplois de la filière surveillance, 5 emplois de la filière administrative ; 10 emplois d'architectes urbanistes, un emploi d'ingénieur des services culturels ; 2 emplois de techniciens des services culturels) ;

- 7 emplois de maîtres assistants seront créés dans les écoles d'architecture ;

- 5 emplois bénéficieront au nouvel Institut national d'histoire de l'art ;

- et 35 emplois permettront de recruter les personnels jusque là employés dans le cadre de l'association pour les fouilles archéologiques nationales (AFAN) qui assuraient, pour le compte de l'Etat, la réalisation de la carte archéologique. Il s'agit là d'une des conséquences de la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive.

• Les subventions de fonctionnement aux établissements publics

En 2002, les subventions de fonctionnement versées aux établissements publics relevant de la tutelle du ministère de la culture telles qu'elles figurent au chapitre 36-60 passent de 569,47 millions d'euros (3 735,48 millions de francs) à 583,27 millions d'euros (3 826,00 millions de francs), en progression de 2,4 % .

Si l'on excepte les mesures de transferts et de gage, le chapitre 36-60 progresse à structure constante de 11,74 millions d'euros (77,07 millions de francs), soit 2,06 %.

Les mesures nouvelles s'établissent à 9,53 millions d'euros (62,548 millions de francs). On notera, à titre d'exemple, parmi les plus significatives, celles destinées aux institutions du spectacle vivant : montée en charge du Centre national de la danse (630 000 euros soit 4,16 millions de francs) ou renforcement des marges artistiques des théâtres nationaux (76 00 euros soit 4,98 millions de francs) ainsi que celles consacrées aux musées : préparation de l'ouverture du musée du quai Branly (1,08 million d'euros soit 7 millions de francs en augmentation de 33,1) et accroissement des moyens du musée du Louvre (980 000 euros soit 6,4 millions de francs).

En 2002, les établissements publics bénéficieront de mesures de créations d'emplois. 47 emplois non budgétaires seront créés, notamment au profit de l'établissement public du musée du quai Branly (17 emplois dont 9 financés sur le budget de l'éducation nationale), du Musée du Louvre (5 emplois) et du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (10 emplois) et des écoles d'architecture ( 11 emplois). Par ailleurs, sont créés par redéploiements de crédits 1367 emplois non budgétaires, dont 1 351 au profit de l'Institut national de recherche et d'archéologie préventive, qui succède à l'AFAN (association pour les fouilles archéologiques nationales).

Ces subventions sont réparties entre 60 établissements publics, dont 22 écoles d'architecture.

En dépit de cette apparente dispersion, on relèvera que cinq établissements bénéficient de près de 60 % des subventions inscrites au chapitre 36-60 : la Bibliothèque nationale de France (94,97 millions d'euros soit 622,96 millions de francs) ; l'Opéra national de Paris (89,32 millions d'euros soit 585,90 millions de francs) ; le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (62,71 millions d'euros soit 411,35 millions de francs), la Cité des sciences et de l'industrie (45,9 millions d'euros soit 301,1 millions de francs) et le musée du Louvre (41,26 millions d'euros soit 270,65 millions de francs).

Votre rapporteur soulignera toutefois que les crédits inscrits au chapitre 36-60 ne permettent pas d'appréhender le coût réel des établissements publics pour le budget du ministère de la culture, cela pour plusieurs raisons.

En effet, certains établissements inscrits dans la nomenclature du chapitre 36-60 ne reçoivent que des subventions d'un montant très faible, voire pas de subventions, tandis qu'ils bénéficient de subventions importantes imputées sur le titre IV, qu'il s'agisse du chapitre 43-20 (interventions culturelles d'intérêt national) ou du chapitre 43-92 (commandes artistiques et achats d'oeuvres d'art). Tel est le cas notamment de la Réunion des musées nationaux.

La Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 2000 a estimé que les subventions versées sur le titre IV à divers établissements publics s'élevaient à 13 % du montant du chapitre 36-60 , ce qui représenterait si l'on applique ce pourcentage aux dotations pour 2002 un montant de 74,03 millions d'euros (485,61 millions de francs).

Au-delà de ces spécificités comptables, qui pour certaines peuvent se justifier, votre rapporteur soulignera que doivent être également prises en compte les dépenses afférentes aux rémunérations des personnels affectés dans ces établissements mais payés sur crédits du ministère. Ces dépenses représentaient pour 2000 environ 193,33 millions d'euros (1 268,16 millions de francs) et pour 2001 188,81 millions d'euros (1 238,51 millions de francs).

Au total, pour 2000, dernière année pour laquelle votre rapporteur puisse procéder à une évaluation, le coût pour le ministère de la culture des établissements publics relevant de sa tutelle est estimé à 818,22 millions d'euros (5 367,17 millions de francs), soit environ 33 % du budget.

Il s'agit là du prix à payer pour assurer le fonctionnement des grandes institutions, au fil des ans plus nombreuses, chaque investissement impliquant un alourdissement des subventions de fonctionnement.

A cet égard, on notera que deux nouveaux établissements apparaissent en 2002 dans la nomenclature du chapitre 36-60 : l'Institut national d'histoire de l'art, projet depuis longtemps annoncé, et l'Institut national de recherche et d'archéologie préventive, qui résulte de la transformation en établissement public de l'AFAN prévue par la loi relative à l'archéologie préventive. Ces deux établissements viennent s'ajouter à ceux créés en 2000, à savoir le Centre national de la danse et le musée du quai Branly.

Compte tenu de l'ampleur et de la nature des projets en cause, il y a fort à craindre que ces établissements connaîtront dans les années à venir une montée en charge, qui ne manquera pas d'accroître le poids du chapitre 36-60 au sein du budget du ministère.

Votre rapporteur regrettera une nouvelle fois que la réalisation d' équipements culturels nationaux ne fasse pas l'objet d'une estimation de leur coût de fonctionnement en régime de croisière. L'absence d'une telle pratique explique en partie au demeurant l'importance des effectifs de personnels précaires, dont souffrent ces établissements, le ministère n'ayant pas pu ou pas su accompagner son effort d'investissement d'un accroissement des dépenses ordinaires pour permettre aux nouvelles structures de fonctionner dans des conditions satisfaisantes.

L'importance des subventions versées aux établissements ne peut que justifier le souci du ministère de la culture de moderniser les conditions d'exercice de sa tutelle. En ce domaine, le développement de relations contractuelles fondées sur la définition d'objectifs précis constitue incontestablement un progrès, notamment en fournissant à l'autorité de tutelle des indicateurs lui permettant d'apprécier les résultats obtenus.

Ce processus a été engagé dès 1999, les ministres de la culture et de l'économie et des finances ayant incité plusieurs établissements publics à présenter leurs perspectives d'évolution financière et à retenir des indicateurs pertinents d'activité et de gestion, en vue d'élaborer à terme un contrat d'objectifs.

L'élaboration des contrats a dès lors été l'occasion, au cours des exercices 2000 et 2001, d'engager ou de poursuivre une réflexion stratégique dans plusieurs établissements publics, sur leurs missions et sur leurs objectifs à moyen terme. Ainsi, les contrats d'objectifs et de moyens, élaborés par les établissements en liaison avec leurs tutelles et approuvés par elles, comportent des objectifs quantitatifs et qualitatifs. Par ailleurs, votre rapporteur se félicitera que ces contrats s'accompagnent d'un renforcement du contrôle de gestion interne et le développement d'une comptabilité analytique par opération.

Au printemps 2001, deux contrats d'objectifs étaient conclus, respectivement avec l'Institut national de l'audiovisuel et le Centre national de la danse. Le processus de négociation est aujourd'hui arrivé quasiment à son terme avec le musée du Louvre, la Réunion des musées nationaux et l'ENSMIS. Un contrat est en cours de négociation avec la Bibliothèque nationale de France et le Centre national du livre. L'établissement public du parc et de la grande halle de la Villette s'est aussi engagé dans la démarche durant l'été 2001 en vue de la signature d'un contrat d'objectifs couvrant la période 2002-2004. La réflexion est en cours avec l'Opéra national de Paris, pour faire suite au contrat élaboré sur la période 1995-2000, le Centre des monuments nationaux mais également avec la Cité de la musique, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, l'établissement public du musée et du domaine national de Versailles, le musée Rodin et le conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon.

b) Des marges budgétaires renforcées en faveur des interventions dans le domaine du spectacle vivant

Les crédits du titre IV s'élèvent en 2002 à 820,64 millions d'euros (5 383,05 millions de francs), contre 781,87 millions d'euros (5 128,73 millions de francs) en 2001, soit une progression de près de 5 %.

Hors les dépenses afférentes à la dotation générale de décentralisation destinée à compenser le transfert des charges de fonctionnement des bibliothèques supportées par les collectivités, à la dotation correspondant au transfert à la collectivité territoriale de Corse et aux crédits consacrés aux commandes artistiques et achats d'oeuvres d'art, les crédits d'intervention proprement dits s'établissent à 623,44 millions d'euros (4 089,50 millions de francs), contre 593,56 millions d'euros (3 893,50 millions de francs) en 2001, en progression de 5 %.

La répartition entre interventions culturelles d'intérêt national et interventions culturelles déconcentrées est désormais stable, marquant ainsi en ce domaine l'arrivée à son terme du processus de déconcentration.

Les interventions d'intérêt national s'élèvent à 194,96 millions d'euros (1 278,85 millions de francs), en progression de 3,5 % par rapport à 2001, tandis que les interventions déconcentrées représentent 428,48 millions d'euros (2 810,64 millions de francs), en augmentation de 5,7 %.

Comme lors de ses précédents avis, votre rapporteur ne pourra que déplorer l'opacité de la présentation des crédits en ce domaine et souligner les obstacles rencontrés pour exercer un contrôle sur leur emploi, ce qui est regrettable dans la mesure où ces dotations sont censées refléter les priorités de la politique culturelle conduite par le gouvernement.

Par ailleurs, aux difficultés tenant à la nomenclature budgétaire, s'ajoutent celles propres à la déconcentration qui interdit de connaître lors de l'examen du projet de budget à la fois le montant des crédits engagés au titre de l'exercice en cours, faute d'un suivi fiable des dépenses déconcentrées, et celui des dotations et de leur ventilation pour l'année à venir, les réunions d'arbitrage avec les DRAC ne s'étant pas encore tenues. A cela s'ajoute l'extrême dispersion des subventions : le domaine des enseignements artistiques, qui constitue au demeurant une des priorités du projet de budget, en est un exemple topique.

Votre rapporteur ne peut que se fier en ce domaine aux indications fournies par le ministère de la culture.

Le tableau ci-après rend compte de la progression des crédits d'intervention du titre IV pour chaque direction ou délégation du ministère de la culture.

RÉPARTITION DES DÉPENSES D'INTERVENTION DU TITRE IV (Y COMPRIS CRÉDITS D'ACQUISITION ET DOTATION GÉNÉRAL DE DÉCENTRALISATION)

en euros

(en francs)

LFI 2001 hors réserve parlementaire


PLF 2002

PLF 2002/LFI 2001 hors RP

Patrimoine et architecture

40 808 163
(267 684 002)

42 666 565
(279 874 320)

4,55 %

Spectacle vivant

345 014 794
( 2 263 148 692 )

368 236 821
(2 415 475 204 )

6,73 %

Musées

43 943 264
( 288 248 916 )

43 826 059
( 287 480 102 )

- 0,27 %

Arts plastiques

57 272 617
( 375 683 740 )

59 163 978
( 388 090 255 )

3,30 %

Livre et lecture

166 165 698
( 1 089 975 528 )

175 939 298
( 1 154 086 141 )

5,88 %

Archives

2 857 985
( 18 747 153 )

2 896 135
( 18 997 400 )

1,33 %

Développement et action territoriale

72 665 248
( 476 652 781 )

78 476 451
( 514 771 774 )

8,00 %

Langue française

1 768 057
( 11 597 694 )

1 874 771
( 12 297 692 )

6,04 %

Affaires internationales

7 182 229
( 47 112 334 )

7 319 433
( 48 012 333 )

1,91 %

Centre national de la cinématographie

33 503 913
( 219 771 263 )

35 800 647
( 234 836 850 )

6,86 %

Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou

4 296 276
( 28 181 723 )

4 296 276
( 28 181 723 )

-

Total

775 478 244
( 5 086 803 825 )

820 496 434
( 5 382 103 794 )

5,81 %

S'agissant des dépenses d'intervention proprement dites, c'est-à-dire hors acquisitions et hors dotation générale de décentralisation, les mesures nouvelles représentent un montant total de 37,87 millions d'euros (248,4 millions de francs).

Les actions qui bénéficient en priorité des mesures nouvelles sont :

- le spectacle vivant, pour 25 millions d'euros (160 millions de francs) ;

- et l'éducation artistique, pour 7,47 millions d'euros (49 millions de francs).

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page